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Besse et Aupy Technologies, et ça repart !

Placé en liquidation judiciaire après les violents orages qui ont anéanti son outil de travail en juin 2022, l’équipementier de Ribérac a été repris en mars 2023 par Kevin Viaud, un ingénieur parisien de 38 ans reconverti dans le conseil aux industriels. Les premiers résultats sont prometteurs.

Besse et Aupy Technologies

© Loïc Mazalrey

Nouveau nom, nouveau logo. L’ entreprise Besse et Aupy, rebaptisée de puis mars 2023 Besse et Aupy Technologies, est de retour après une pause forcée de dix mois. Placée en liquidation judiciaire en octobre 2022, quatre mois à peine après les violents orages qui ont anéanti son outil de travail en juin, la société spécialisée dans l’équipement de véhicules de remorquage a trouvé un repreneur en la personne de Kevin Viaud, un ingénieur parisien de 38 ans reconverti dans le conseil aux industriels.

« Je cherchais une entreprise au sein de laquelle je pourrais développer les solutions que j’apporte à mes clients dans le cadre de mon activité de consultant et je suis tombé sur l’annonce légale qui faisait état du placement en liquidation judiciaire de Besse et Aupy », explique le nouveau propriétaire de l’entreprise basée à Ribérac. « Il ne m’a pas fallu très longtemps pour me projeter à la tête de la société. La marque Besse et Aupy était forte et son potentiel de développement certain. »

Kevin Viaud, DG de Besse et Aupy Technologies

Kevin Viaud, DG de Besse et Aupy Technologies © Loïc Mazalrey

LE BÂTIMENT A ÉTÉ RACHETÉ 40 000 EUROS

Depuis Paris, où il passait encore tout son temps, l’ancien ingénieur passé par EADS Sogerma services, Bombardier ou encore Safran, s’est rapproché de la Communauté de communes du Périgord Ribéracois (CCPR), alors candidate au rachat des bâtiments de Besse et Aupy (ou de ce qu’il pouvait en rester après les intempéries de juin 2022).

« L’intercommunalité a acquis le site pour 40 000 euros et pris l’engagement de le réhabiliter pour la somme d’un million d’euros », raconte celui qui a su pour sa part convaincre le tribunal de commerce de Périgueux de lui céder l’ancien fleuron industriel. Les travaux de réfection ont démarré en juin 2023, mais sont encore loin d ’être terminés.

Nous allons d’abord réaffirmer notre vocation d’équipementier auprès des entreprises de dépannage, des administrations (Sdis, police) et des associations

« Compte-tenu de l’ampleur des dégâts, il faudra probablement encore plusieurs mois avant de pouvoir intégrer les bâtiments », concède le patron de Besse et Aupy Technologies qui a trouvé momentanément la parade pour relancer l’activité. « Nous avons créé un atelier de chaudronnerie, une cabine de peinture et une cabine de grenaillage en extérieur », détaille celui qui a laissé parler son expérience pour gérer la situation. « J’ai appliqué à l’entreprise les conseils que je dis- pensais et que je dispense encore dans le cadre de mon travail de consultant pour les industriels », confie Kevin Viaud, dont les efforts d’imagination n’ont pas tardé à produire leurs effets. Alors que beaucoup la disaient condamnée à disparaître sous peu du paysage industriel périgourdin, Besse et Aupy Technologies a réussi à honorer sa première commande en juillet 2023, moins de deux mois après la reprise de son activité. « C’était une dépanneuse faite sur mesure pour la société Depann’ express implantée en Charente », précise Kevin Viaud.

UNE ÉQUIPE DE SALARIÉS COMPÉTENTS

Le jeune chef d’entreprise garde la tête froide. S’il a pu relever ce premier pari avec autant d’aisance, c’est parce qu’il a pu s’appuyer sur une équipe de 13 personnes, com- posée de 5 cadres (commercial, achat, production, bureau d’études, qualité et service après-vente) et de 8 métalliers (chaudronniers, peintres et équipementiers). « Tous sont des anciens salariés de Besse et Aupy », note Kevin Viaud, qui se défend d’avoir « repris » le personnel de l’entreprise liquidée. « Je considère qu’ils ont été recrutés en raison de leur savoir-faire, de leur expertise, et surtout de leur motivation. Les huit métalliers savent que demain, ils seront appelés à former les futures recrues de l’entreprise. »

Nous nous positionnerons sur le marché de la sous-traitance (ferroviaire, défense, aéronautique)

Besse et Aupy Technologies

© Loïc Mazalrey

Car le dirigeant ne manque pas d’ambitions pour la PME ribéracoise dont il veut diversifier l’activité en s’appuyant sur les compétences de ses équipes. « Nous allons d’abord réaffirmer notre vocation d’équipementier auprès des entreprises de dépannage, des administrations (Sdis, police) et des associations pour lesquelles Besse et Aupy avait l’habitude de travailler », confirme le jeune ingénieur, qui entend au passage valoriser correctement le savoir-faire de la marque. « Dans un deuxième temps, qui pourrait arriver très vite, nous nous positionnerons sur le marché de la sous-traitance : le ferroviaire, la défense ou encore l’aéronautique qui ont d’importants besoins en la matière. Or l’entreprise a le bon profil pour répondre à certaines commandes, qu’il s’agisse de pièces chaudronnées ou à peindre », veut croire Kevin Viaud, convaincu que le nouvel essor de Besse et Aupy Technologies dépendra de sa capacité à s’ouvrir à de nouveaux marchés.

BESSE ET AUPY EN RÉSUMÉ

L’histoire de Besse et Aupy est tout sauf un long fleuve tranquille. Fondée en 1974, la PME a connu son âge d’or pendant dans les années 1980. De ses ateliers sortaient chaque année 250 engins de relevage entièrement équipés, dont certains étaient même exportés en Belgique. Placée en redressement judiciaire en 2014, la société a été rachetée par le leader du dépannage en Dordogne, Philippe Verdier et son associé, le concessionnaire automobile Christophe Deluc, qui s’est retiré de l’affaire en 2020. Besse et Aupy employait 31 salariés au moment où Philippe Verdier a déposé le bilan.