Bigflo et Oli : Toulouse, « la ville de rêve* »

Après la tournée des stades au printemps qui les a fait passer par Lyon, Lille, et – évidemment – Toulouse, et un été à sillonner la France des festivals, ils enflammeront une nouvelle fois la Ville rose le 31 août prochain. Les deux frères toulousains Bigflo et Oli se produiront sur la scène du MEETT – parc des expos de Toulouse Métropole implanté à Aussonne – dans le cadre du Rose Festival. Un événement cher à leur cœur, puisqu’ils en sont à l’origine, en partenariat avec la société de production toulousaine Bleu Citron, et le groupe La Dépêche. « Avoir un grand festival à Toulouse, c’était pour nous un rêve d’ado », confie à La Vie Économique Florian Ordonez, alias Bigflo, l’aîné des deux artistes. « Avec Oli (Olivio Ordonez, NDLR), on se disait toujours « Celui qui va lancer ça, il va cartonner ! » Il y avait une vraie demande, car les festivals les plus proches – Pause Guitare à Montauban, le Festival de Carcassonne ou Garorock à Marmande – restent quand même à plus d’une heure de route de Toulouse. »

À l’initiative du Rose festival

« La première fois que Bigflo et Oli ont évoqué l’idée de créer un festival à Toulouse c’était en 2012 », se souvient Samuel Capus, directeur associé de la société de production Bleu Citron qui travaille avec les deux frères depuis leurs débuts. « Nous les avions invités au Week-end des Curiosités (festival toulousain de musiques actuelles destiné à faire connaître les talents de demain, NDLR), et ils nous ont parlé de cette envie-là. » Six ans plus tard, le duo et Bleu Citron décident d’organiser leur premier festival à Fenouillet, au nord de Toulouse. Mais le projet tombe à l’eau. « On avait tout confirmé, on devait avoir DJ Snake et SCH, mais on a dû tout laisser tomber car sur le terrain que l’on avait choisi, des ragondins avaient creusé des tas de cavités dans le sol ! Il aurait fallu forer tous les 30 cm et renforcer les sols pour installer les scènes. C’était financièrement impossible ! », raconte Samuel Capus, souriant aujourd’hui de la mésaventure.

« Notre objectif n’était pas de réussir pour partir, c’était de mettre Toulouse sur la carte »

© OdieuxBoby

Pari gagnant

Après une mise en pause du projet, prolongée par la crise sanitaire, le premier Rose Festival est finalement organisé les 2 et 3 septembre 2022 au MEETT, avec à l’affiche Bigflo et Oli bien entendu, mais également Damso, Ben Mazué ou encore IAM. Le succès est immédiat. L’année suivante, le festival, prolongé d’un soir, attire 91 000 personnes venues écouter Angèle, La Femme, M, Disiz, Gazo et autres. Cette année, le festival s’étendra sur quatre jours et devrait attirer près de 120 000 personnes. « Quand on voit qu’on a lancé le festival de zéro, que dès la première année on a reçu 30 000 personnes par soir, et prolongé le festival d’un soir chaque année, on est fiers », lance Bigflo.

Car Bigflo et Oli ne sont pas seulement les têtes d’affiche du Rose Festival, ils en sont également les têtes pensantes et les bras armés. « On met les mains dans le cambouis, sourit Florian. On a un tiers des parts du festival (à travers leur société Golden Child, NDLR), comme Bleu Citron et le Groupe La Dépêche. On s’occupe de la programmation, la déco, la DA (direction artistique, NDLR)… » Fiers de leur ville, Bigflo et Oli ont d’ailleurs choisi un nom – le Rose Festival – et une charte graphique – des briques roses – mettant en avant Toulouse.

« Revendiquer sa ville d’origine, c’est un truc qui se fait beaucoup dans le hip-hop. Il y a un côté un peu chevaleresque : tu dis ton nom et l’endroit d’où tu viens ; le lieu que tu représentes »

Ambassadeurs toulousains

Les deux frères ont toujours eu à cœur d’utiliser leur notoriété au service de la Ville rose. « Notre objectif n’était pas de réussir pour partir, c’était de mettre Toulouse sur la carte », résume l’artiste qui a porté la flamme olympique avec son frère dans les rues de Toulouse le 17 mai dernier. « Revendiquer sa ville d’origine, c’est un truc qui se fait beaucoup dans le hip-hop. Il y a un côté un peu chevaleresque : tu dis ton nom et l’endroit d’où tu viens ; le lieu que tu représentes. » Une posture que saluent les élus de la région. « Bigflo et Oli sont depuis leurs débuts de véritables ambassadeurs de la Ville rose, qui les a vus se réaliser, et plus largement de toute l’Occitanie », se félicite la présidente de la Région Occitanie, Carole Delga, quand le maire de Toulouse, Jean-Luc Moudenc, souligne « la fidélité viscérale » de Bigflo et Oli à l’égard de la ville dans laquelle ils ont grandi. « Ils ont d’ailleurs mis Toulouse à l’honneur à l’occasion de leurs deux concerts en juin dernier au Stadium », rappelle l’édile. Avion de 5 mètres – référence à l’activité aéronautique de Toulouse – survolant le public, hommage à Claude Nougaro, « quart d’heure toulousain » où ont été invités sur scène des artistes locaux mais également les joueurs du Stade Toulousain Antoine Dupont et Romain Ntamack : devant 64 000 personnes, les deux frères ont multiplié les hommages à la Ville rose.

Les deux frères sont à la tête de France Maté, société de création et distribution de boissons commercialisées sous la marque Matécito

Chefs d’entreprise

Plus que des artistes, Bigflo et Oli sont également des acteurs de la vie économique toulousaine en tant que chefs d’entreprise. « Avec Oli, on est vraiment des entrepreneurs », assume l’aîné. Les deux frères sont ainsi parties prenantes de diverses sociétés, immatriculées à Toulouse, où ils résident toujours. Parmi elles, Golden Child, fondée en 2013, spécialisée dans la production et l’édition musicale ou encore la Clef, entreprise de prestation de service de transport et sécurité lancée en 2022. Les deux frères sont également à la tête de France Maté, société de création et distribution de boissons à base de Maté, commercialisées sous la marque Matécito. Un clin d’œil à leur père argentin, le maté étant largement consommé en Amérique latine. Imaginée et développée par les deux frères qui ont validé chaque étape de la recette et assuré la direction artistique du produit, Matécito est une boisson fraîche issue d’un an de R&D. « Matécito n’est pas fabriquée à partir d’extraits de plante, qui sont plus faciles à travailler. Nous avons utilisé une infusion pure de la plante et il a fallu développer un procédé pour éviter une boisson amère et clivante », explique-t-on chez France Maté. Fabriquée dans le Sud-Ouest de la France, Matécito est distribuée depuis septembre 2022 dans plus de 250 points de vente à travers l’Hexagone, incluant des établissements CHR, des épiceries, et quelques points de grande distribution.

Matécito est distribuée dans plus de 250 points de vente © Adrien Nowak – La Vie Economique

Une marque de prêt-à-porter

Les deux artistes et Malick Seck ont lancé en 2017 leur marque de prêt-à-porter, Visionnaire. D’abord disponibles uniquement en lignes, les vêtements au style urbain et aux imprimés colorés fabriqués au Portugal ont été vendus dans différents pop-up stores, à Paris, Toulouse ou au Canada. La marque a collaboré avec l’enseigne de prêt-à-porter Célio (plus de 35 000 pièces vendues), Le Coq Sportif (14 000 paires de chaussures vendues dans les points de vente Courir) et même avec le TéFéCé.

Début 2023, les joueurs du club de football toulousain ont joué contre le PSG équipés d’un maillot dessiné par la marque toulousaine. Une fierté pour Bigflo et Oli, qui soutiennent le club violet depuis leur enfance. « Le TéFéCé est notre club de cœur, déclarait Florian Ordonez à l’occasion de la sortie du maillot. Quand nous étions petits, nous sommes allés voir notre premier match de foot au Stadium avec notre père, c’était contre Châteauroux. » Aujourd’hui, Oli est président de la fondation Toulouse Football Cœur, le fonds de dotation du TéFéCé, qui accompagne chaque mois une association locale œuvrant pour un projet d’intérêt général, dans les domaines de la santé et de la précarité

Leur marque de vêtements Visionnaire a collaboré avec l’enseigne de prêt-à-porter Célio

Une boutique à Toulouse

En 2022, la marque Visionnaire a ouvert son concept store, de 138 m², à Toulouse, 23 rue des Puits-Clos, avec un espace boutique et une partie café. « Cette boutique, elle est grande, elle est top. On a créé ce qu’on aurait aimé avoir à Toulouse quand on était plus jeunes », confie Bigflo. Un pop-up store est même ouvert pour l’été à l’aéroport de Toulouse-Blagnac.

Les artistes chefs d’entreprise auraient pu, grâce à leur notoriété, créer du business à Paris, ou ailleurs, mais fidèles à Toulouse, ils entreprennent là où ils vivent. « On aime créer des projets ici pour une raison assez terre à terre : on a envie de les montrer à nos potes et à notre famille qui est ici ! Et aussi en faire profiter les Toulousains. » Et pour ceux qui n’auraient pas saisi le message, Bigflo et Oli le rappellent sans équivoque dans leur chanson Ici c’est Toulouse, issue de leur dernier album, Les autres c’est nous. « J’ai rencontré ce type, il m’a dit « pourquoi maintenant qu’t’es connu, maintenant qu’t’as d’la thune, bah tu te barres pas ? » Pff ! J’lui ai dit « Ta gueule va, vas-y ferme-la. T’es pas de Toulouse, tu comprendras pas ».»

La boutique de leur marque Visionnaire à Toulouse © Adrien Nowak – La Vie Economique

* Référence au titre du troisième album de Bigflo et Oli, « La Vie de rêve » (2018)