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Cauterets : Gare au saloon

Datant de 1898, l’ancienne gare du village a été classée aux Monuments historiques tant son architecture est incroyable. Du chalet montagnard au saloon du Far-West, il n’y avait qu’un pas que Cauterets a franchi.

Cauterets

La gare de Cauterets fait partie du patrimoine atypique des Hautes-Pyrénées. © Shutterstock

Du haut de ses 950 mètres d’altitude, Cauterets possède un singulier charme suranné. Survolés par le ballet hypnotique de ses remontées mécaniques, ses bâtiments d’exception qu’on imagine aisément bordant les plages de Deauville lui confèrent une ambiance unique. Eté comme hiver, les amoureux d’air pur et d’architecture se côtoient dans ses rues où les grands hôtels et les façades monumentales du XIXe siècle rappellent sa période d’or liée au thermalisme. Partout l’élégance de la pierre est de mise, pourtant entre l’Esplanade des œufs et le ruisseau c’est un tout autre voyage dans le temps qui attend les visiteurs : tout de bois vêtue, une gare incroyable se profile. Billet direct et sans escale menant au cœur du Far-West, le bâtiment est digne des plus beaux westerns. Long d’une cinquantaine de mètres, rien ne le sépare d’un saloon même si l’envie était de le construire dans un style de chalet de montagne. Datant de 1898, cette gare inattendue au cœur des Pyrénées est un fabuleux vestige qui témoigne de l’activité intense de Cauterets à cette époque, le transport des curistes et des touristes était déjà au centre des préoccupations. Si le Tout-Paris se pressait au village pour y « prendre ses eaux », notre imagination contemporaine y verrait plutôt des cow-boys et du bourbon.

Un bijou de la Maison Carde

Son corps central à un étage présente deux pavillons aux extrémités et une galerie sur la façade ouest, l’ensemble est d’un brun chaud qui tranche avec le bleu du ciel et les montagnes environnantes. L’horloge est à l’heure, elle n’a pas arrêté le temps même si elle trône sur une marquise qui, elle, est bien hors du temps. L’histoire de la gare est aussi originale que ses lignes, réalisée par la Maison Carde de Bordeaux pour abriter le Pavillon de Norvège lors de l’exposition universelle de 1889, elle a été démontée et envoyée en pièces détachée à Cauterets. Un mois et demi plus tard, elle accueillait les voyageurs qui s’arrêtaient à Pierrefitte-Nestalas, 11 kilomètres plus bas, un dernier tronçon vers les sommets fait en tramway électrique. Une épopée qui ne devine pas tant elle fait partie du patrimoine des Hautes-Pyrénées. Fermée depuis 1949, elle a été classée aux Monuments Historiques en 1981 et est aujourd’hui la plus fabuleuse des gares routières que l’on puisse concevoir.