Couverture du journal du 20/04/2024 Le nouveau magazine

Blind Pigs Distillers : des spiritueux à l’accent béarnais

À Artigueloutan, la distillerie béarnaise des Blind Pigs Distillers, confortée par le succès de son pastis, vient de dévoiler son dernier produit : un gin. Une nouvelle étape pour la jeune entreprise déjà bien identifiée des consommateurs du Sud-Ouest

Blind Pigs Distillers

© Cyril Garrabos

D’abord un pastis, aujourd’hui un gin, demain peut-être un whisky… : les Blind Pigs Distillers ont de la suite dans les idées et l’audace suffisante pour les concrétiser. Mais le joli succès de cette distillerie artisanale, dont le « petit jaune » bien nommé Noustanis s’est confortablement installé dans les rayons des supermarchés des Pyrénées-Atlantiques et des départements limitrophes, n’est pas uniquement le fruit d’une certaine hardiesse. Franck Gisquet, Thomas Maurin et Florian Meresse, associés également à François Sapin, tous les quatre géologues, dédient leur temps libre à cette aventure entrepreneuriale intense et passionnante. Depuis leur distillerie artisanale entourée de champs de maïs, entre les alambics cuivrés et l’embouteilleuse, ils évoquent ce projet mûri ensemble, né de leur amitié et d’une passion commune pour le whisky.

Blind Pigs Distillers

© Cyril Garrabos

Un pastis « pour commencer »

En 2020, à la sortie du confinement, les quadragénaires se réunissent autour d’une table et décident de concrétiser cette idée jusqu’alors seulement effleurée : ils vont fabriquer leur propre whisky. Mais les quatre amis ne sont pas tête brûlée : tout au contraire, ils l’ont bien vissée sur les épaules et ne veulent rien laisser au hasard. Ils se forment au Centre International Des Spiritueux (CIDS) à Ségonzac (Charente), mènent leur étude de marché et leur étude technique, montent un prévisionnel financier « pour savoir si ce rêve peut devenir une réalité économique » et réfléchissent à leur premier produit. Qui ne sera finalement pas un whisky. « Avant de pouvoir vendre un whisky sous l’appellation, il faut en produire pendant trois ans. Cela signifie beaucoup d’argent dépensé, mais aucune rentrée durant ce laps de temps », resitue Thomas Maurin. « Nous devions créer un produit que nous pourrions commercialiser plus vite. » Plutôt que de se lancer d’emblée sur un gin, facile à produire mais dont le marché est encombré, les Blind Pigs Distillers décident de se tourner vers le pastis.

Des produits accessibles

« Le pastis est produit à 2 millions de litres par an et consommé à 2 millions de litres par an. En gros, il n’y a pas de problème de consommation en France  !  », continue Thomas Maurin. « Par ailleurs, le monde des pastis artisanaux est relativement restreint. C’était le produit parfait pour commencer. » Se pose alors la question-clé du positionnement de leur pastis : « Notre philosophie, c’est de créer des spiritueux à des prix accessibles. La seule manière d’y parvenir est de faire du volume : ce qui implique que l’on puisse produire ce dernier, le vendre et le faire distribuer. Pour sortir de cette problématique, nous avons choisi de vendre le Noustanis en grande surface plutôt qu’en cave. C’était un pari, à contre-courant de ce que font les petites distilleries ».

1250 bouteilles vendues le premier mois

Côté recette, les quatre entrepreneurs sont aidés par un ingénieur agronome spécialiste de l’analyse sensorielle qui d’après un cahier des charges et suite à la dégustation d’un comité de sélection, crée le Noustanis. Côté locaux, grâce au soutien de l’agglomération et à leur force de persuasion, ils dénichent un local pour installer leur distillerie : une perle rare de 700 m2 , ancien bâtiment de TotalEnergies. Suivie à hauteur de 230 000 euros par les banques et moyennant 150 000 euros de fonds propres supplémentaires, l’équipe est enfin chez elle, équipée et prête. La production est lancée à la fin du printemps 2022, la première bouteille vendue le 3 juillet suivant. « Le premier mois, nous avions vendu 1 250 bouteilles alors que nous comptions seulement cinq points de vente », évoque Florian Meresse, qui cite Leclerc Université, la Forge Moderne ou encore la Bergerie du Tilh, revendeurs fidèles encore aujourd’hui. Un an plus tard, l’entreprise, dont la croissance été multipliée par 3, a écoulé 12 000 bouteilles de Noustanis. L’objectif serait, à court terme, d’atteindre les 15 à 20 000 bouteilles ven[1]dues par an pour atteindre l’équilibre, et à long terme, les 50 à 100 000 bouteilles.

A l’écoute des investisseurs

En attendant, et forte de ce succès, la distillerie béarnaise vient tout juste de mettre sur le marché leur dernier né : un gin, nommé le Drip Gin, qui contient pas moins de 9 ingrédients. Un nouveau produit qui, lui, est uniquement distribué en caves comme la Cave du Palais à Pau, ou auprès de bars à cocktail, à l’instar du Snug, à Pau également. Pour l’heure, la liste est relativement restreinte mais a vocation à s’allonger. Muscler leurs réseaux de distribution, développer une boutique en ligne mais également le marketing… : les Blind Pigs Distillers ont plusieurs axes de développement à travailler. Avec cette idée, toujours, de produire un jour ce fameux whisky. Un doux rêve qui pourrait devenir réalité, d’autant plus rapidement si des investisseurs s’avéraient séduits.