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Concours général agricole – Les médailles de l’excellence française

Mobilisant des milliers d’amateurs et de professionnels, le Concours général agricole se déroule toute l’année. Pour Olivier Alleman, commissaire général de cette institution et aussi adjoint au maire de Bayonne, c’est l’excellence française qui sera à nouveau valorisée lors de ce concours qui se tiendra au sein du salon de l'agriculture du 25 février au 5 mars prochain.

Concours général agricole

Médailles 2023 ©CGA

Olivier Alleman à Bayonne ©Patxi Beltzaiz

La Vie Economique : Les prix d’excellence 2023 ont été attribués le 23 janvier dernier. Quelle est la spécificité de cette distinction ?

Olivier Alleman : « Un prix d’excellence est attribué dans chacune des 35 catégories de produits et vins du Concours général agricole à celles et ceux qui ont obtenu trois médailles d’or successives lors des précédents concours. C’est un défi de plus pour les participants, ce qui permet de tirer tout le monde vers le haut. C’est l’idée même de la création du concours en 1870. Comme c’est difficile de garder un niveau d’excellence dans la durée, c’est vraiment l’excellence française avec les champions des champions. A noter qu’avec l’annulation de l’édition 2021, le prix d’excellence 2023 est établi sur 4 ans. »

LVE : Le Concours général agricole récompense combien de produits ?

O.A. : « Les produits et les vins se partagent en 35 catégories et se divisent en plus de 450 sous-catégories. On dénombre par exemple 112 catégories de fromages comprenant des appellations spécifiques. Ce n’est pas un podium or, argent et bronze dans chacune des catégories mais c’est la note qui décide de la médaille. De 12 à 14, c’est une médaille de bronze, de 14 à 16, une médaille d’argent, au-dessus de 16 c’est une médaille d’or. »

« Tirer tout le monde vers le haut est l’idée du concours »

LVE : Comment contrôler ensuite que chaque médaillé soit authentique ?

O.A. : « Nous avons un partenariat avec Bureau Veritas qui vérifie dans les épiceries ou les supermarchés qu’il n’y ai pas d’usurpations de la médaille. Si cela arrive, par délégation du ministre, j’ai un pouvoir d’amende jusqu’à 18 000 euros et ensuite ce sont les agents de la DGCCRF qui vont contrôler. Le Concours général agricole est le seul concours au monde organisé par un ministère. »

LVE : Qu’est-ce qui motive les agriculteurs et producteurs à participer à ce concours ?

O.A. : « Être reconnu comme quelqu’un qui fait tout pour améliorer la qualité de son produit. C’est la promotion d’un métier, de pratiques culturales souvent respectueuses de l’environnement, de la recherche de l’excellence d’un produit. Ensuite c’est la valorisation économique des filières. Les ventes peuvent progresser jusqu’à 40 % pour les produits d’excellence. Enfin, il y a une fierté encore plus remarquable dans le cadre de la souveraineté alimentaire dont nous avons besoin. »

« Grâce au concours, les ventes peuvent progresser jusqu’à 40 % pour les produits d’excellence »

LVE : Ce défi de souveraineté alimentaire et de traçabilité confère-t-il plus de responsabilité aux agriculteurs ?

O.A. : « La pandémie a rebattu les cartes de notre relation à notre alimentation. En grande majorité, on cherchait le prix le plus bas. Dorénavant on recherche le mieux manger et le consommateur est attentif aux circuits courts. Se pose ensuite la question du revenu de l’agriculteur qui pourrait se dire que cette quête d’excellence n’est peut-être pas accessible à tous les consommateurs. C’est peut-être vrai pour certains produits mais je peux vous assurer que beaucoup de produits restent à des prix accessibles. »

LVE : Quelles sont les nouvelles catégories de produits cette année ?

O.A. : « Dans les catégories de viande et charcuterie chaude, nous avons créé une catégorie de viande AOC Limousine. C’est l’une des vaches emblématiques de notre pays. Nous travaillons sur plus de nouveautés pour 2024 avec la choucroute, l’escargot et la baguette. Nous travaillons avec des professionnels car à chaque fois nous nous appuyons sur un cahier des charges défini par l’Institut national des appellations d’origine. »

LVE : Une médaille du Concours général agricole est-elle un argument de vente à l’export ?

O.A. : « Essentiellement sur les vins, les champagnes et certains spiritueux mais peu sur les produits. La consommation nationale suffit à écouler tous les stocks de nos producteurs médaillés. »

LVE : Le Concours général agricole est aussi un événement populaire avec des jurés. Combien sont-ils ?

O.A. : « Pour toutes les dégustations, il y a plus de 8 000 jurés partagés entre consommateurs et professionnels de la catégorie. Plus de 1 200 jurés sont formés chaque année. Sur certains produits nous réalisons des présélections par département pour ne garder que la quintessence à Paris. »

LVE : Depuis 2015, les pratiques agroécologiques sont récompensées. De quoi s’agit-il ?

O.A. : « C’est le dernier-né des concours du Concours général agricole. L’idée est de promouvoir les agriculteurs qui font l’effort de faire évoluer leur système de production vers des pratiques plus durables. Ainsi on remet de la biodiversité dans les champs, des haies et des arbres pour recréer un écosystème durable. C’est le plus long des concours car il s’étend sur 3 ans afin de vérifier que la transformation agroécologique soit efficace. La nature a besoin de ce temps pour se régénérer et nous pour l’évaluer avec des jurés qui visitent les parcelles tous les 6 mois. »

LVE : La compétition des territoires de France a-t-elle encore du sens avec les grandes régions ?

O.A. : « C’est plutôt une compétition intrarégionale. On voit bien que l’on est davantage dans une échelle départementale que régionale. Mais lors des 10 jours du salon de l’agriculture il y a la même convivialité de faire goûter les produits médaillés. Et c’est la plus belle vitrine de France pendant 10 jours. »

 C’est la plus belle vitrine de France pendant 10 jours

LVE : Une remarque sur le Pays basque ou les Pyrénées-Atlantiques ?

O.A. : « Nous avons de très bons postulants sur les vins avec par exemple la Cave de Crouseilles en Madiran, la charcuterie avec les sous-catégories Kintoa ou Jambon de Bayonne ou le piment d’Espelette qui est une catégorie à part entière. Il y a aussi les élevages avec bon nombre de fermes du Pays basque qui arborent cette plaque en fonte du Concours général agricole. Tous les animaux que l’on voit au salon de l’agriculture sont tous finalistes de leur espèce et de leur race. »

LVE : Un coup de cœur à exprimer ?

O.A. : « Ce qui me plaît à chaque fois, c’est l’engouement des consommateurs au salon de l’agriculture quand on dévoile le palmarès. »

 

Olivier Alleman ©Patxi Beltzaiz

Bio express
Olivier Alleman

Natif de Bayonne et fort d’un diplôme d’ingénieur agronome obtenu en 1999, Olivier Alleman s’est réorienté vers l’animation et le journalisme en 2007. Après avoir travaillé pour des médias audiovisuels nationaux puis comme conseiller du ministre de l’agriculture et de l’alimentation, il est nommé commissaire général du Concours général agricole en 2020. Olivier Alleman est également adjoint au maire de Bayonne et conseiller départemental des Pyrénées-Atlantiques.

 

Le concours 2022 en chiffres

1 concours des animaux avec 1428 éleveurs participants
1 concours des pratiques agroécologiques avec 335 agriculteurs candidats
1 concours produits & vins avec 3 425 producteurs
1 concours Jeunes 780 étudiants de l’enseignement agricole et hôtelier
1 Prix d’excellence pour 35 producteurs
3 594 vins médaillés
1 662 produits médaillés
526 bovins récompensés
389 ovins récompensés
36 porcins récompensés
108 équidés récompensés
321 chiens récompensés
45 félins récompensés
81% des lauréats du concours sont des entreprises familiales de petite taille.
83% des lauréats du concours ont moins de 10 salariés.
6 774 jurés pour le concours produits & vins

35 Prix d’excellences 2023

En préambule du Concours général agricole, le Prix d’excellence distingue chaque année le meilleur des 35 catégories de produits et de vins. Il faut avoir obtenu trois médailles d’or successives lors des éditions précédentes du Concours général agricole pour être éligible au Prix d’excellence. Son palmarès 2023 a été dévoilé le 23 janvier dernier en présence de Marc Fesneau, ministre de l’agriculture et de la souveraineté alimentaire, de Jean-Luc Poulain, président du Salon de l’Agriculture et d’Olivier Alleman. Pour la Nouvelle-Aquitaine la Distillerie Merlet et Fils de Saint-Sauvant (17) en catégorie apéritifs, la Ferme de Gagnet de Mézin (47) en catégorie mistelles de vin et le Château Grimon de Saint-Philippe-d’Aiguille (33) en catégorie Vins de Bordeaux ont été distingués. Tous ces produits et vins sont à retrouver sur le site Internet du Concours général agricole. Beaucoup plus qu’un site web, c’est une véritable application avec un moteur de recherche efficace permettant d’identifier chaque produit médaillé et offrant aussi une géolocalisation des producteurs.