La Vie Economique : Quelle est la feuille de route de votre mandat ?
Nicolas Durand : Je souhaite axer sur l’innovation afin d’aider les entreprises à accompagner leur transition digitale et les aider sur certains sujets comme l’intelligence artificielle ou la RSE. Nous venons de créer une vice-présidence dédiée à ces transitions, ce qui va permettre de sensibiliser nos 1 500 adhérents en Haute-Garonne. Nous allons aussi développer de nouveaux services.
LVE : Lesquels ?
N. D. : Nous allons mettre en place une plateforme d’assistance juridique pour les chefs d’entreprise. Ils auront accès à un moteur de recherche pour obtenir des premières réponses, mais aussi il y a aura la possibilité de contacter des avocats et d’obtenir un entretien en visio. Mais cet outil sera plus large car il sera aussi possible de recouvrir des créances et de générer des documents officiels. En fait, ce sera un véritable assistant personnel qui pourra répondre à des problématiques diverses.
LVE : L’augmentation du nombre d’adhérents est aussi une priorité ?
N. D. : Nous voulons évidemment conquérir de nouveaux chefs d’entreprises, notamment en axant sur les territoires. Lors du précédent mandat, j’étais en charge de la création des antennes territoriales. Il y en a quatre aujourd’hui : Nord Toulousain, Comminges, Muret-Volvestre et Lauragais. Le maillage est bon mais on veut encore améliorer notre organisation. Les élus locaux sont en demande car dans certains territoires, si vous enlevez des entreprises, il n’y a plus rien. Donc il s’agit de maintenir un lien social. Et les clubs locaux qui existent déjà voient aussi ces antennes d’un bon œil car nous rajoutons notre savoir-faire en matière de mandats. Nous sommes complémentaires.
LVE : Les mandats, justement, sont un autre axe de votre présidence ?
N. D. : Oui, la CPME 31 dispose de 250 mandats qui sont de différentes natures : économiques (CCI, chambre des métiers …), sociaux (URSAFF, CPAM, CAF …), juridictionnels (tribunal de commerce, prud’hommes …). Il faut les faire connaître et les défendre car ces mandats permettent d’agir concrètement pour la défense de tous les entrepreneurs. S’il n’y avait pas de chefs d’entreprises dans certaines structures, on pourrait imaginer un changement d’orientation de certaines décisions. Ce travail de lobbying est important.
LVE : D’autant plus dans cette période où les faillites d’entreprises sont de plus en plus nombreuses ?
N. D. : Oui, même si localement la dynamique est globalement meilleure que sur le reste de la région grâce à l’aéronautique. Mais les chiffres sont trompeurs. Si on connaît une légère croissance de l’emploi, on observe des pics de défaillances dans de nombreux secteurs comme le bâtiment, le commerce, la restauration, la communication … L’instabilité gouvernementale et budgétaire n’a pas aidé. Aujourd’hui, les entrepreneurs manquent de visibilité pour accélérer les investissements. La situation n’est pas propice à la sérénité.
LVE : Quel accompagnement proposez-vous aux chefs d’entreprises en difficulté ?
N. D. : On agit à plusieurs niveaux. Déjà, il y a la prévention, la communication sur les dispositifs existants. Ensuite, on est à la disposition des adhérents qui connaissent des difficultés. On s’adapte à leurs problématiques avec notre Groupe action soutien (GAS). Ils ont la chance de pouvoir faire appel à une expertise de haut niveau pour se sortir de là. On agit discrètement et rapidement, on maîtrise ces situations. On a une relation de confiance avec nos adhérents qui ont fait le choix de venir auprès de nous. Toutefois, notre offre ne se substitue pas à ce que font d’autres organismes comme le tribunal de commerce avec qui nous sommes en lien.
LVE : Ces situations de défaillances ont-elles des conséquences sur la santé des entrepreneurs ?
N. D. : Il y a un vrai sujet autour de la santé mentale des chefs d’entreprises. Nous avons une plateforme qui s’appelle Soutien Pro, en collaboration avec la Mutuelle du Rempart. On agit sur trois volets : la cohabitation vie professionnelle et personnelle, les aidants familiaux et les accidents de vie. On met à disposition un numéro vert gratuit et anonyme pour consulter un psychologue ou être orienté. On reçoit une dizaine d’appels par mois, ce n’est pas anodin. On parle beaucoup de la santé des salariés au travail mais l’entrepreneur doit aussi prendre soin de lui.
La CPME 31 en chiffres
1 500 adhérents
Taille moyenne des entreprises : 10 salariés
250 mandats
4 antennes territoriales