Couverture du journal du 03/09/2024 Le nouveau magazine

Darkness Factory, l’artisan chic et rock

Art décoratif, aménagement intérieur et menuiserie fusionnent dans l’atelier de Christophe Arnswald, près de Périgueux : il conçoit et matérialise des univers hors normes pour professionnels et particuliers.

Atelier Darkness Factory

Christophe ARNSWALD, dirigeant de Darkness Factory © SBT - La Vie Économique

En créant Darkness Factory en 2021, à Trélissac, Christophe Arnswald a conjugué deux parcours de vie : son expérience de menuisier-aménageur et son inspiration d’artiste, talents réunis sous le statut d’artisan d’art — on le retrouve sur la route des métiers d’art de Dordogne. Le vaste atelier qu’il a patiemment aménagé au plus profond d’un parking, sorte de grotte qu’il a personnalisée, est idéal pour lâcher la bride de l’imagination. De la rencontre entre cet espace et l’univers de Christophe Arnswald a jailli l’idée lumineuse du nom Darkness Factory, avec « une empreinte un peu rock et underground, évolution du gothique vers un côté sobre et chic » et une prédisposition pour le bois. Les Compagnons du Devoir, auprès desquels il a fait son apprentissage, lui ont appris la rigueur, le travail manuel traditionnel et les qualités esthétiques qu’il résume en une progression « force et beauté, vers la sagesse ». « Avant d’entreprendre un Tour de France, à 21 ans, j’ai eu l’opportunité de reprendre une société d’aménagement intérieur, à Fréjus. Certaines cuisines que nous installions valaient le prix d’une maison. » Il réalise aussi des stands d’exception pour des clients comme Paco Rabanne, lors de salons sur la Côte d’Azur. De chantiers enchaînés en gestion d’équipes, il n’arrive plus à innover autant qu’il le voudrait.

Autonomie et indépendance

Il s’offre désormais le luxe de travailler en solo et sans limites pour « rendre les choses uniques et belles : on peut trouver des solutions à tout, le résultat fait oublier qu’on n’a pas utilisé du marbre mais détourné certains éléments pour leur donner une seconde vie ». Il aime compléter sa maîtrise du bois, combine les supports. « J’adapte des matériaux pour la création attendue et non l’inverse. » L’artisan d’art ne s’impose aucune limite pour répondre aux demandes les plus insolites, charge à lui de trouver les solutions techniques pour gagner le pari et « arriver à un résultat abordable ».

Tous les lieux sont à portée de sa créativité, du cabinet médical à l’open space, avec une affection particulière pour les répliques de décors de cinéma qui collent bien aux bars et restaurants, vitrines publiques pour son travail : au Watson’s Pub, à Périgueux, avec un mur de bois travaillé pour un aspect brique et métal ; au Petit Caviste, qui dispose de magasins dans d’autres villes. « Une grosse pression à chaque fois car j’ai carte blanche et le client attend beaucoup. »

Atelier Darkness Factory

Une œuvre plus personnelle de l’artiste © Sophie Dupuy – Darkness Factory

Clientèle de professionnels et de particuliers

Il vient de terminer une cave à vin pour un ex-commercial du Bergeracois, en y intégrant une représentation du château de Monbazillac. Une autre cave, conçue en nid d’abeille, est ornée de fleurs de lys sur les portes et sur les verres, une télécommande anime un éclairage coloré car « la mise en lumière est essentielle pour valoriser les reliefs ». Il vient de livrer l’aménagement d’un atelier de perruques, à la fois adapté au confort de travail de l’artisane et agréable à l’œil du visiteur.

Parmi les demandes originales de particuliers, un lit bateau-pirate commandé pour un enfant, avec des cordages, des poulies, des lampes… magique ! « Ma spécialité est bien repérée et on vient vers moi avec des idées originales. L’objectif est de toujours rester dans l’univers du client, je suis comblé quand il trouve le résultat plus beau que ce qu’il imaginait. » Autant de prouesses visuelles mises en valeur et partagées sur les réseaux.

Difficile de chiffrer le travail à la mesure du temps passé depuis la conception et avec l’augmentation du prix des matières premières. Le créateur s’attache à choisir des prestataires locaux, Périgord Bois (Champcevinel) ou Decourt (Javerlhac) pour le cuir. Béton, acier, peinture, résine sont au menu de sa curiosité et il expérimente des produits avec des partenaires comme Renaulac (Boulazac) : une formation époxy s’est déroulée dans l’atelier pour 20 stagiaires de toute la France.

Atelier Darkness Factory

Cave à vin, création Darkness Factory Trélissac © Darkness Factory

Vers un lieu d’exposition

Christophe Arnswald manie la tablette et la palette graphique connectées à un graveur laser pour sortir des créations sur supports bois, verre, métal, liège, plastique, cuir… Issu d’une famille d’artistes, il aimerait montrer toutes ses facettes créatives, ses œuvres plus personnelles, et créer un collectif pour exposer d’autres talents dans cet antre hors du commun. En attendant, il se concentre sur la métamorphose d’un lieu périgourdin qui devrait attirer l’attention cet hiver.

Atelier Darkness Factory

Ambiance bar création Darkness Factory © Darkness Factory