La Vie Économique : Quelle est la réalité des taxis en Dordogne ?
Sandra Segonzac : Il y a de grandes disparités entre les entreprises et les secteurs, car il y a deux activités principales : le taxi médical, plus difficile en zone urbaine car les distances sont plus faibles, et la rentabilité moindre ; et le taxi touristique, avec des zones très importantes comme Sarlat, Domme, La Roque-Gageac.
Paul Durin : En Dordogne, la particularité, ce sont les distances. On exerce dans le troisième plus grand département de France, il y a des besoins importants pour un bon maillage territorial, le besoin de transport est important.
LVE : Justement, de nombreux élèves ont été diplômés de la formation taxi en 2024…
S. S. : Il y a un vrai besoin de main-d’œuvre : les entreprises cherchent à recruter, elles ont besoin de personnes qui sont titulaires de la carte professionnelle dans le département.
P. D. : Il y a eu deux promotions, et 32 élèves diplômés. Et il y a un cycle aussi permanent avec la transmission d’activité. Et, il y a un engouement pour l’image du taxi, avec des signes extérieurs de réussite, qui sont basés sur des clichés.
LVE : Quelle est la situation économique des taxis en Dordogne aujourd’hui ?
S. S. : Il y a de grandes disparités de rentabilité d’entreprise, et des disparités entre les taxis qui sont des artisans, et ceux qui ont des salariés. Un artisan, s’il attend un patient lors de ses soins pour un transport sanitaire, n’a pas de coût. L’important est de faire le moins de distance à vide possible. Pour ceux qui ont des salariés, c’est différent, il faut chercher ce qui est le plus rentable entre faire attendre les salariés, qui pendant ce temps sont payés, ou faire d’autres trajets. Ce qui est sûr, c’est que le transport sanitaire est indispensable pour les taxis, pour certains, c’est 100 % du chiffre d’affaires. Dans mon entreprise, c’est 84 %. En ruralité, s’il n’y a pas le transport médical, il n’y a aucun autre débouché en termes de transports. Entre les auxiliaires de vie, les plateformes de covoiturage, les transports solidaires, les bus à un euro, les transports intra urbains… Forcément, il y a une part de chiffre d’affaires en moins pour nous.
LVE : Quelles sont vos actions ?
P. D. : Nous avons signé cet été une convention avec Initiative Périgord, qui peut octroyer des prêts d’honneurs à des porteurs de projet. Désormais, le STD abonde au financement avec un ajout de 12,5 % à la somme octroyée. Nous avons déjà financé trois personnes. En plus de ce financement, on peut aider à payer la formation pour des personnes qui ont un projet professionnel. Si les organismes d’aide ne prennent pas tout en charge, on a une bourse de 500 euros. Nous faisons aussi du mécénat. En 2024, nous avons donné pour 500 euros d’objets (jouets, lecteurs DVD, console…) au service pédiatrique de Pellegrin, et on a refait la même chose pour 1 500 euros pour le service pédiatrie de l’hôpital de Périgueux.
LVE : Quels sont les enjeux des taxis aujourd’hui ?
P. D. : Les vrais enjeux sur les 18 mois voire les deux ans à venir, c’est la convention qui va être signée avec le ministère de la Santé pour les cinq prochaines années. Charge ensuite à chaque département de négocier avec la CPAM l’application locale. Avec Sandra, nous siégeons tous les deux à la commission exécutive de la FNTI, ça permet d’influer sur les négociations. L’autre inquiétude, c’est l’évolution du parc automobile. Le plus rentable pour nous, ce sont les moteurs diesel. Avec la transition vers la fin des voitures thermiques, il faut trouver des solutions de transition. Le problème, c’est qu’avec l’électrique se posent des problèmes d’autonomie, de vitesses de recharge, de prix, de bornes… On ne va pas avoir d’autres choix que de trouver des véhicules moins adaptés, ou plus onéreux. Sur le plus court terme, nous faisons aussi face à une hausse de nos coûts de fonctionnement avec la hausse des prix du carburant et l’inflation, alors que nos tarifs, qui sont conventionnés et réglementés, ne changent pas.
Chiffres clefs
350 licences enregistrées pour 200 entreprises
Le syndicat compte 247 autorisations de stationnement pour 120 entreprises dans ses adhérents
Le syndicat est né en 2013 de la fusion de la FTI24 et de la FNAT24
Deux coprésidents pour deux activités
Paul Durin est président du STD24 depuis six ans. Il est à la tête de la SAS Taxi Durin depuis 20 ans à Bergerac. Seul dans son entreprise, il est artisan. Sandra Segonzac a pris la coprésidence du syndicat avec Paul Durin il y a deux ans, elle a sa carte professionnelle depuis 1998. Elle a fondé une SARL avec son époux en 2014 à Montpon-Ménestérol, leur entreprise compte trois véhicules.