C’est une nouvelle dimension que s’apprête à prendre Cler Verts, le spécialiste de la collecte, du recyclage et de la valorisation des déchets. L’entreprise implantée à Bélesta-en-Lauragais réalise de lourds investissements qui devraient lui permettre à terme de recycler près de 200 000 tonnes de déchets. Créée en 2003, elle compostait 3 000 t de déchets verts pour un chiffre d’affaires de 260 000 euros en 2005. Elle valorise aujourd’hui 120 000 t (50 000 t de déchets verts, 50 000 t de bois et 20 000 t de biodéchets) et a généré 15 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2023. « 100 % des déchets qui rentrent chez nous sont recyclés : en engrais, en compost, combustible biomasse, matériaux pour l’industrie de fabrication de panneaux en particules de bois, électricité et gaz, alimentation animale… », affirme le PDG Jean-Luc Da Lozzo.
Une unité d’ensachage
Pour poursuivre sa croissance, l’entreprise, qui a levé 10 millions d’euros fin 2021, s’appuie sur deux axes de développement. Le premier : renforcer l’activité du site historique de Bélesta-en-Lauragais et valoriser encore mieux les ressources. Dans cette optique, Cler Verts vient d’aménager un nouveau hangar (investissement : 3,6 millions d’euros), équipé d’une unité d’ensachage de compost. « Nous lançons notre propre ligne de produits de jardinage – terreau, compost, paillage, support de culture… – sous la marque Terre d’antan. Les produits seront commercialisés en jardinerie ». Cler Verts espère produire 600 000 sacs de terreau par an, soit 3 500 des 14 000 t de compost fabriquées chaque année ; le reste étant vendu en vrac aux professionnels.
Du biochar et de l’alimentation animale
Le nouveau bâtiment va par ailleurs être équipé, dans les prochaines semaines, d’une unité de production de biochar. Objectif : produire 450 t par an, soit 2 500 t de bois transformés. « Dans un premier temps, nous allons utiliser le biochar pour enrichir nos propres terreaux, à la place de la tourbe, précise Jean-Luc Da Lozzo. Le biochar est un élément très poreux, éponge à micro-organismes qui retient l’eau et le carbone : 1 tonne de biochar séquestre 3 tonnes de CO2 ». Enfin, un sécheur, alimenté en chaleur par l’unité de biochar va permettre de produire de l’alimentation animale à partir de coproduits agricoles. L’outil sera dimensionné pour transformer 4 000 t de matières par an en 700 t d’alimentation animale à destination du monde agricole.
©Adrien Nowak – La Vie Economique
13 millions investis sur le site Valo Verte dans le Tarn
Le deuxième axe de développement de Cler Verts consiste en la construction de nouveaux équipements de traitement des déchets. Sur le site Cler Verts de Montans (Tarn) acquis fin 2021 via le rachat de la société Valo Verte spécialisée dans le compost et la méthanisation, une nouvelle unité de méthanisation et une unité de conditionnement sont prévues, pour un coût total de 13 millions d’euros. « Nous avons obtenu le permis de construire fin juin », se félicite le dirigeant.
« Nous lançons notre propre ligne de produits de jardinage – terreau, compost, paillage… – sous la marque Terre d’antan »
Des unités de déconditionnement
La construction de quatre autres unités de déconditionnement est prévue dans les prochains mois. « Ces unités permettent de trier les déchets et de séparer ce qui est compostable ou valorisable en biogaz de ce qui ne l’est pas », explique Jean-Luc Da Lozzo. La construction de tels sites à proximité des lieux où sont produits les déchets permet de limiter grandement le transport de déchets par camion.
Ainsi, des unités de déconditionnement seront construites sur les sites appartenant à Cler Verts de Poitou Biodéchets dans la Vienne (investissement : 4 millions d’euros) et de Pyrénées Biodéchets dans les Hautes-Pyrénées (4 M€), mais également à Toulouse, dans le quartier de Saint-Martin-du-Touch (4,50 M€). « Le site sera dimensionné pour traiter 14 000 tonnes de déchets par an ». Les travaux devraient démarrer début 2025.
De nouveaux méthaniseurs en projet
Cler Verts a par ailleurs remporté cet été l’appel d’offres lancé par la SPL Oekomed pour construire dans l’Hérault une unité de déconditionnement à Saint-Thibery et un méthaniseur à Montblanc.
« On recherche également un site plus au nord de Toulouse pour y implanter un méthaniseur, une unité de compostage et une unité de production biochar. On espère une mise en service en 2028 », ajoute Jean-Luc Da Lozzo.
Fort de tous ces projets, le dirigeant vise un chiffre d’affaires de 40 millions d’euros à l’horizon 2028 et devrait passer d’un effectif de 65 personnes aujourd’hui à « plus de 100 ».
