Le chiffre est édifiant et à lui seul il illustre le besoin de solutions concrètes : en 2024, 860 mesures de placements ont été prononcées dans les Hautes-Pyrénées. Autant d’enfants éloignés de leur foyer parental pour de multiples raisons et dont le nouveau quotidien peut se dérouler en MECS, maison d’enfants à caractère social, ou au sein d’une famille. Une option qui est souvent la plus bénéfique, ne serait-ce que sur le plan humain, mais qui se confronte à une réalité que les travailleurs sociaux, à l’instar du personnel de santé, connaissent bien : les départs en retraite vont drastiquement déséquilibrer l’offre et la demande, qui explose. À ce jour, 236 assistants familiaux sont employés par le Département et afin de continuer à assurer « un accueil de qualité » une grande campagne de recrutement est lancée comme l’explique Michel Pélieu, son président : « L’objectif est de recruter une cinquantaine de personnes. C’est un métier gratifiant, humainement et socialement, mais méconnu ». Le contexte est alarmant, aucun des professionnels ne le nie, et les Hautes-Pyrénées sont le reflet de la situation générale qui voit les mesures de placements frôler de tristes records : « Effectivement il y a urgence, c’est exponentiel, il faut trouver des solutions. L’accueil familial reste privilégié pour ces enfants qui sont en rupture », précise Isabelle Lafourcade, vice-présidente en charge des services de la solidarité départementale.
Des sourires, des pleurs et de la reconnaissance
Métier qui s’insère dans un dispositif de la protection de l’enfance, à ne pas confondre avec celui d’assistant maternel, il consiste en l’accueil de mineur ou de jeune majeur de moins de 21 ans et peut concerner jusqu’à trois enfants. C’est le cas de Christelle qui a vu sa famille s’agrandir avec l’arrivée d’un bébé de 5 mois, d’un autre de 22 mois et d’un dernier de 4 ans. Des petits invités qui portent à sept le nombre d’assiettes sur la table et de tendresse à partager parce qu’une fois la sécurité assurée, il s’agit bien de ça, aussi : « Cela fait 4 ans que je fais ce métier et j’ai eu 8 enfants placés. Il faut de l’empathie, de la bienveillance, un vrai sens de l’observation, une capacité de se remettre en question… Ne pas oublier que le but c’est qu’ils repartent, en allant bien. C’est là qu’on réussit notre mission ». Une mission à part où les qualités humaines servent de bagages, même si 60 heures de formation précèdent le premier jour d’accueil. Elles sont ensuite complétées par 260 heures et une équipe pluridisciplinaire accompagne l’assistant familial qui peut s’y référer même en cas d’urgence : « On essaye de les accompagner au mieux parce que c’est 365 jours sur 365, le jour et la nuit. C’est de l’abnégation et du don de soi, c’est un métier aussi exigeant qu’extraordinaire » souligne Isabelle Lafourcade. Des parcours souvent déchirants avec lesquels il faut composer : « Selon l’âge et le profil, on fait en sorte de protéger l’intérêt supérieur de l’enfant et de lui donner le parcours qui correspond le mieux à son besoin », précise Nathalie Assibat, directrice générale adjointe à la solidarité départementale. Si Christelle résume sa profession en mettant en avant « des sourires, des pleurs et de la reconnaissance », Isabelle Lafourcade souhaite que le métier sorte de l’ombre mais en révèle également la lumière : « On voit de très belles histoires qui se terminent parfois avec des adoptions, c’est dire à quel point le lien peut être fort ».
Pourquoi pas vous ?
L’assistant familial accueille à son domicile un ou plusieurs enfants vulnérables et temporairement séparés de leurs parents. Ce métier s’exerce chez soi avec un recrutement immédiat après l’obtention de l’agrément. CDI à temps plein, il est source d’avantages fiscaux et les frais liés à l’enfant tels que les vêtements, les loisirs et les repas sont pris en charge par le Département. La formation de 15 jours est prise en charge à 100 %. Les personnes intéressées par les possibilités qu’offre la profession peuvent désormais s’inscrire à une réunion d’information via le site https://www.hautespyrenees.fr/assistant-familial-pourquoi-pas-vous/ ou au 05 62 56 74 42.