Sic transit gloria mundi ! Les hommes se succèdent et les idées ne se renouvellent pas ou trop peu. Si, dans les années 60, on comptait 4 cotisants pour 1 retraité, on comprend bien qu’en 2020, avec un nombre de retraités de 16,9 millions, pour une population de cotisants de 28,2 millions d’âmes, le modèle n’est plus soutenable. Les conditions qui ont vu naître en France notre modèle de répartition étaient le contexte de l’après-guerre caractérisé par une situation démographique, une idéologie politique, des conditions de marché et un environnement réglementaire qui lui étaient propres.
Dans les systèmes de répartition, les cotisations de l ’ année financent les retraites en cours. La répartition ne fonctionne qu’avec un équilibre soutenable entre le nombre de cotisants et celui des bénéficiaires. Face à une augmentation du nombre des retraités, il convient donc de trouver des solutions démographiques, économiques et culturelles. Les leviers disponibles dans le cadre d’un système de répartition pure sont alors l’augmentation du nombre de cotisants par une politique nataliste, par une politique d’immigration ou par un allongement de la durée de cotisation, par une activité accrue de la population active, par une pression croissante à la productivité ou encore l’augmentation de la cotisation par tête.
SOLUTIONS DÉMOGRAPHIQUES ?
L’économiste Emmanuelle Auriol de Toulouse School of Economics a dans cette veine souligné tout l’enjeu de recourir à une immigration économique choisie et l’enjeu de travailler à l’attractivité de la France en tant que terre d’entrepreneurs et terre d’emplois. D’aucuns à l’ins- tar de l’économiste Antoine Bozio et du conseil d’orientation des retraites font reposer l’avenir des retraites sur des hypothèses de croissance et de financement de l’État, mais concèdent que les scenarii proposés parient sur un appauvrissement relatif des retraités et conduisent à un déficit croissant du système de retraite.
QUESTION DE REDISTRIBUTION
Les arguments en fonction de la répartition se veulent sociaux, ceux qui n’auront pas ou peu épargné mais cotisé toute leur vie pourront ainsi bénéficier d’une sécurité collective et d’un espoir pour leur avenir. Ils se veulent aussi économiques puisque la redistribution des richesses des cotisants vers les retraités devait permettre davantage de consommation, en gardant en tête que ceux qui ont les plus faibles revenus n’ont pas toujours une propension à consommer plus élevée. Cet argument trouve une limite objective dans la répartition de la richesse en France où les seniors restent dotés, et largement, des plus gros patrimoines.
POURQUOI TANT DE NON-ACTIFS ?
La consolidation du système de retraite par répartition doit prendre en compte, dans une logique spatio-temporelle, tous les actifs du moment qui peuvent raisonnablement s’interroger, compte tenu de la pyramide des âges…