Couverture du journal du 07/05/2024 Le nouveau magazine

Dordogne – L’envol programmé d’Airplum

Repris en avril 2023 par trois anciens salariés de l’industrie textile, le fabricant de chaussons Sodopac, à Augignac, s’est fixé pour objectif de muscler les ventes de pantoufles commercialisées sous sa propre marque Airplum.

Airplum, Hervé Accart, Frédéric Guiral de Haas, Sodopac

Hervé Accart et Frédéric Guiral de Haas, dirigeants de Sodopac © Loïc Mazalrey

La Société Dogneton Pantoufle et article chaussant (Sodopac) installée depuis 1947 à Augignac, en Périgord vert, a fêté ses 76 ans avec de nouveaux invités à sa table. Propriété des époux Belle-Clôt depuis 2015, l’entreprise spécialisée dans la fabrication de chaussons 100 % français a été cédée, en avril 2023, à trois associés, Frédéric Guiral de Haas, Hervé Accart et Xavier Paulin. Le trio n’était pas le seul à vouloir reprendre la manufacture augignacoise, mais de tous les candidats, c’est celui qui avait le plus d’atouts dans son jeu. Sylvain et Hélène Belle-Clôt cherchaient un ou des repreneurs attachés au territoire ? Frédéric Guiral de Haas, le fer de lance du rachat de la PME, réside dans le sud de la Charente, à moins de 20 kilomètres du site de production.

REPRENEURS EXPÉRIMENTÉS

Les anciens propriétaires voulaient un ou des repreneurs expérimentés ? Expert-comptable de formation, le nouveau dirigeant de Sodopac a travaillé pendant dix ans comme responsable Asie de la marque Aigle, à Hong Kong, avant de rejoindre le spécialiste de l’équipement de montagne Jack Wolfskin, à Shanghai en Chine. Deux expériences positives qui l’ont amené à se lancer lui-même dans l’entrepreneuriat en organisant la relance, en Chine, de la marque de vêtements de sports d’hiver Nivose.

© Loïc Mazalrey

« Mes deux associés ne sont pas en reste », tempère Frédéric Guiral de Haas, avant tout soucieux de mettre en avant le pedigree de ses deux complices. Xavier Paulin est un spécialiste de la vente de textiles à l’export incontournable dans sa profession et Hervé Accart est un expert-comptable reconnu pour son sérieux. »

L’UN DES DERNIERS FLEURONS DE L’INDUSTRIE DE LA CHAUSSURE

Avec Fargeot, à Thiviers, l’entreprise Sodopac est l’une des rares PME de Dordogne à avoir survécu aux coups de boutoir de la concurrence internationale dopée par les délocalisations d’usines orchestrées par les fabricants de chaussure eux-mêmes. Dans la Vallée de l’Isle, le géant Marbot-Bata a dû fermer définitivement ses portes en 2010, laissant sur le carreau 73 salariés spécialisés dans la fabrication des rangers de l’armée française. Un coup dur sans commune mesure avec le traumatisme laissé dans la vallée de l’Isle par les vagues de licenciements massifs de 1983 et 1986, qui ont condamné au chômage de nombreux Périgourdins, mais un coup dur quand même. Dans les années 1970, Marbot-Bata employait à elle seule plus de 2 000 ouvriers dans ses ateliers.

GARANTIES FINANCIÈRES SOLIDES

Les cédants attendaient des garanties financières solides de la part de leurs partenaires en affaire ? L’attelage Guiral de Haas/ Paulin/Accart a réussi à obtenir la confiance du Crédit agricole et, surtout, de Naco, le fonds d’investissement public de la Région Nouvelle-Aquitaine. « Cela a été déterminant pour notre projet », confesse Frédéric Guiral de Haas. Aux commandes de la PME depuis deux mois, les nouveaux dirigeants prennent encore leurs marques. Mais leurs ambitions pour Sodopac sont d’ores et déjà bien réelles. « Nous voulons à la fois produire des chaussons pour les grandes surfaces tout en nous donnant les moyens de développer notre propre marque, Airplum, auprès des consommateurs », glisse Frédéric Guiral de Haas, auquel incombe, entre autres, la direction de la stratégie digitale et marketing de la société.

LE MADE IN FRANCE À PRIX MODÉRÉ

Pour consolider ses liens commerciaux existants avec la grande distribution, l’entreprise va continuer à appliquer la recette qui a fait son succès, c’est-à-dire fabriquer du made in France à un coût de revient suffisamment maîtrisé pour ne pas avoir à craindre la concurrence internationale.

Nous fabriquons des chaussons qui seront vendus en grande surface entre 16 et 30 euros

« Nous fabriquons des chaussons qui seront vendus en grande sur- face entre 16 et 30 euros, autrement dit à un prix qui reste très raisonnable pour le consommateur », annonce le nouveau directeur des activités marketing et digital de la PME.

© Loïc Mazalrey

L’usine d’Augignac, d’où sortent en moyenne chaque année 600 000 paires de chaussons, est pourtant loin d’être entièrement automatisée. Depuis cinq ans, 50 salariés travaillent à temps plein pour la société. « Le modèle productif repose à la fois sur la présence d’un outil technique de pointe et sur le savoir-faire des ouvriers et des couturières, qui travaillent pour la plupart de longue date dans la maison. Certains y sont depuis trente, voire parfois quarante ans », glisse Frédéric Guiral de Haas. « On entend souvent dire que le coût du travail est trop élevé en France pour pouvoir y maintenir des usines, mais c’est clairement l’inverse chez nous. »

L’usine d’Augignac, d’où sortent en moyenne chaque année 600 000 paires de chaussons, est pourtant loin d’être entièrement automatisée

L’entreprise mise autant sur l’authenticité de ses produits que sur leur singularité. « Nos prédécesseurs ont mis au point et breveté la fabrication d’une semelle en polyuréthane unique en son genre par son moelleux et sa tenue. Ce procédé permet d’obtenir des chaussons à la fois très légers et solides en même temps. » « L’idée, c’est d’être malin et de concevoir des images et des slogans qui impriment durablement dans les têtes », affirme celui qui pilote la stratégie marketing de Sodopac dans l’objectif d’atteindre les 10 millions d’euros de chiffres d’affaires dans les années à venir. ■