Comme un symbole, c’est au sein du bâtiment de Césame (voir encadré) que nous rencontrons Maud Caruhel. L’ancienne usine a vocation à devenir un nouveau tiers-lieu dédié à l’économie sociale et solidaire (ESS) ainsi qu’aux industries culturelles et créatives en Marmandais. L’adjointe marmandaise et vice-présidente régionale est à l’aise pour nous parler d’ESS. Au-delà de son mandat, on ressent rapidement que son parcours professionnel (voir encadré) a forgé son expérience dans ce domaine encore émergent de l’économie : « C’est une économie dont la lucrativité est partielle ; tous les bénéfices sont systématiquement réinvestis dans le projet de la structure. Ce n’est pas une économie parallèle mais une façon d’entreprendre autrement. Trop de gens en ont encore une vision caricaturale ! »
Lot-et-Garonne : un département en pointe
Loin de ces clichés, le Lot-et-Garonne a affirmé sa volonté de faire de l’ESS une véritable filière économique en se dotant d’une feuille de route sur la période 2021-2027. Dans le même temps, le président de la Région Nouvelle-Aquitaine, Alain Rousset, a consacré son attention en la matière en nommant une vice-présidente dédiée en la personne de Maud : « Le président a l’image d’un élu porté sur l’industrie mais il a soutenu l’insertion par l’activité économique, dans plusieurs de ces mandats, et plus largement l’ESS. Il nous a donné un service et un budget à part entière. Nous ne sommes que deux régions dans ce cas avec l’Île-de-France », explique-t-elle. Au titre des projets phares, on pourra citer Ikos, d’un montant de 16 millions d’euros, qui a vocation à rassembler plusieurs structures de l’économie circulaire en un même lieu à Bordeaux. D’autres projets émergent sur les territoires de Nouvelle-Aquitaine : « On retrouve une ligne directrice autour du réemploi, de l’écoconstruction et de la transition écologique », souligne Maud Caruhel. Cela peut aller d’un lieu où ateliers partagés, incubateur, espaces de formation sont accueillis et animés par Cyclab à Bressuire, jusqu’à un tiers-lieu nourricier autour de l’agroécologie comme Les Petits Grains à Sainte-Colombe-en-Bruilhois.
« Trop de gens ont une vision caricaturale de l’ESS »
Le forum mondial à Bordeaux en 2025
Forte de cet engagement en faveur de l’ESS, la Région Nouvelle-Aquitaine s’est récemment positionnée, avec trois autres collectivités, la Mairie de Bordeaux, Bordeaux Métropole et le Conseil départemental de la Gironde, pour accueillir le secrétariat du GSEF (Global Social Economy Forum). L’objectif étant de fédérer et faire entendre la voix des gouvernements investis dans l’ESS, et de montrer à voir en organisant tous les deux ans le forum international de l’ESS. En 2023, il a eu lieu à Dakar, en 2025, c’est Bordeaux qui accueillera le Forum du 19 au 21 octobre 2025. Cet événement international sera organisé conjointement par la Région, le Département de la Gironde, la Métropole bordelaise et la Mairie de Bordeaux. Plus de 5 000 participants provenant de 70 pays sont attendus pour l’occasion. Du pain sur la planche en perspective pour Maud Caruhel, et les services, qui ont l’intention de proposer pour l’occasion des visites de sites en dehors de la Métropole. Si l’ESS fait encore l’objet de débat politique, elle est clairement en train d’acquérir ses lettres de noblesse sur notre territoire.
« Ce n’est pas une économie parallèle mais une façon d’entreprendre autrement »
L’ESS en chiffres
220 500 salariés en Nouvelle-Aquitaine
22 000 établissements dans la région
220 tiers-lieux néo-aquitains
14 % de l’emploi salarié en moyenne, 17 % en milieu rural
14 000 salariés en Lot-et-Garonne
L’ESS en Lot-et-Garonne : l’exemple de Césame
Spécialiste de la cuisine haut de gamme à Marmande, Césa a compté jusqu’à 220 salariés. La liquidation définitive a eu lieu en 2009. Le site de 4 hectares pour 15 000 m2 de bâtiment a été racheté par la mairie en 2016. La nouvelle municipalité décide en 2020 de faire de Césame un lieu dédié à l’économie sociale et solidaire, inauguré le 20 décembre 2023. Un appel à manifestation d’intérêt est en cours pour trouver un gestionnaire capable d’aménager, de louer et d’animer un espace d’environ 700 mètres carrés de bureaux pour démarrer. Sur ce site, sont déjà présents un campus des formations industrielles, géré par la CFP, la RapRockSchool, les Compagnons Bâtisseurs et Hydrogène Vallée.