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Femmes et Entrepreneuriat : Les patronnes sans fards

Pour sensibiliser les jeunes à l’entrepreneuriat, l’association 100 000 Entrepreneurs, le réseau Femmes chefs d’Entreprises et la CCI des Hautes-Pyrénées ont organisé mardi dernier une rencontre animée avec trois patronnes emblématiques du département et les élèves des classes d’esthétique et de mode.

Nola Brau-Nogué, Carole Blanchard et Gwenaëlle Rialland. entrepreneuriat

Nola Brau-Nogué, Carole Blanchard et Gwenaëlle Rialland. ©DR

Elles évoluent dans des secteurs bien éloignés de l’esthétique et de la mode mais pour toutes les élèves des classes de première engagées dans ces cursus, elles seront désormais les visages de la réussite au féminin. Dans les salles de la CCI, les questions sont timides mais les yeux attentifs, il faut dire que les témoignages de ces chefs d’entreprises sont aussi captivants que personnels. Durant toute la matinée, elles ont discuté sans faux-semblants de la réalité de l’entrepreneuriat. Le rendez-vous s’inscrit dans le cadre des Semaines de Sensibilisation des jeunes et s’il mobilise partout en France 1 900 entrepreneures, à Tarbes il a réuni Carole Blanchard, patronne d’Intermarché d’Orleix et représentante de « Femmes chef d’entreprises 65 », Gwenaëlle Rialland, directrice de l’institut Anaten et Nola Brau-Nogué qui est la tête de la résidence touristique « Villa Bonvouloir » à Bagnères-de-Bigorre mais aussi présidente de la commission « création, reprise et transmission d’entreprise » à la CCI des Hautes-Pyrénées.

Démystifier l’image du patron

Partageant leurs parcours, leurs difficultés, leurs conseils, ces trois décideuses ont changé la perception de ces jeunes… « Et c’est bien le but de la rencontre », comme l’explique Philippe Ergaud, représentant local de l’association organisatrice 100 000 Entrepreneurs : « Nous ne sommes pas là pour prêcher la bonne image mais plutôt pour démystifier celle du patron. Les jeunes ont parfois des idées reçues et des a priori qui les empêchent de se projeter eux-mêmes dans l’entrepreneuriat ». Un rendez-vous auquel la CCI a tenu à participer « pour la deuxième fois » et dont le conseiller André Binh souligne « la vraie utilité » : « Il y a un manque de culture d’entreprise qui peut parfois limiter les projets personnels, ouvrir de nouvelles perspectives est primordial et c’était une évidence que nous soutenions cette démarche ».

Les jeunes ont parfois des idées reçues qui les empêchent de se projeter eux-mêmes dans l’entrepreneuriat 

Gwenaëlle Rialland lors des échanges avec les classes de première mode et esthétique entrepreneuriat

Gwenaëlle Rialland lors des échanges avec les classes de première mode et esthétique ©HH

Des échanges carte sur table

Loin d’un cours magistral, les échanges basés sur le franc parler ont en effet mis en lumières certaines idées reçues. Comment s’engager dans une création d’entreprise lorsqu’on n’est pas certaine de vouloir exercer la même activité toute sa vie ? La question a fait sourire Carole Blanchard, qui était chef de pub et de communication dans une agence avant de se lancer dans la grande distribution : « Il faut voir ça comme une étape, une entreprise c’est comme un bien matériel qu’on peut revendre. On est dans un monde qui change et qui bouge, ne soyez pas effrayées de changer aussi. Au contraire, c’est enrichissant et c’est devenu bien rare de faire pendant 40 ans le même métier ». « Et si on n’arrive pas à avoir de clients ? », objecte une élève. Là encore, s’appuyant sur les différentes réalités d’une création ou d’une reprise, Carole Blanchard ne cache aucune facette de l’entrepreneuriat : « Les débuts peuvent être difficiles, pendant 3 à 5 ans, il faut beaucoup travailler et avoir de l’énergie. Une fois que la clientèle est fidélisée, on peut souffler ».

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Des retours très positifs de la part des jeunes ©HH

Des chefs d’entreprise complémentaires

Les élèves ont ainsi pu découvrir trois personnalités aux approches complémentaires mais aussi bénéficier des conseils précieux comme ceux de Gwenaëlle Rialland : « Internet c’est magnifique mais ils ont développé des choses pour que vous restiez coincées dessus. C’est du temps perdu, votre attention est précieuse, elle va servir à vous construire ». Alors que toutes hochent la tête, se reconnaissant dans ces paroles, la directrice poursuit, insufflant une vraie motivation : « Enrichissez votre vie. Il y a parmi vous des gens exceptionnels, montrez aux gens que vous avez envie de sortir du lot… et travaillez votre élocution ! Prenez la parole, pour tout, il faut savoir présenter les choses. Vous avez votre place du moment que vous avez un projet. ».

Bilan positif

Autant de phrases qui, tous l’espèrent, seront des petites graines qui ne demandent qu’à germer dans l’esprit de ces jeunes : « Les aider, c’est apporter une lumière d’espoir, il faut des échanges comme cela, oser dire les choses, qu’ils puissent s’exprimer sans jugement », souligne Nola Brau-Nogué qui terminera le bilan en soulignant l’importance de « multiplier les expériences » : « La curiosité professionnelle n’est pas un défaut ! ». Toutes les élèves ont d’ailleurs pu écrire de façon anonyme ce que ces rencontres leur avaient apporté : « Confiance en soi », « nous pouvons ouvrir notre entreprise à partir de rien », « il n’y a pas d’âge pour commencer », « même si on est jeunes on peut réussir »… Les messages sont visiblement passés.