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France 2030 : « Aller plus vite, plus fort »

Emmanuel Macron s’est déplacé à Toulouse le 11 décembre pour les 2 ans de France 2030. Ce plan de 54 milliards d’euros pour réindustrialiser le pays bénéficie à plusieurs milliers de lauréats qui font rayonner l’excellence française. Mais il faut encore accélérer estime le chef de l’Etat.

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Le Président de la République à Toulouse pour les 2 ans de France 2030 © Rémi Benoît - Pool Presse

« Je suis venu vous dire deux mots : merci et encore ! » Devant un parterre de lauréats du plan France 2030, Emmanuel Macron a joué le rôle du maître d’école qui encourage. « Je sais que ces 2 ans d’effort ont demandé des sacrifices, d’où mes remerciements. Mais je tiens à vous prévenir. Nous ne sommes pas encore arrivés ! Ça va beaucoup plus vite ailleurs ! » Référence à la Chine et aux Etats-Unis dont les gouvernements subventionnent l’industrie de manière massive.

France 2030 permet d’ouvrir une période de croissance faste que j’appelle les 30 vertueuses

25 milliards d’euros déjà engagés

En deux ans, plus de 25 milliards d’euros ont déjà été investis (dont 1,2 milliard pour 470 projets en Occitanie). « France 2030 ce n’est pas claquer de l’argent » prévient Bruno Bonnell, secrétaire général pour l’investissement, en charge de France 2030. « Notre but, c’est d’investir dans l’avenir de notre pays. L’innovation française va permettre de lancer 30 ans de croissance soutenue et surtout respectueuse de l’environnement. J’appelle ça les 30 vertueuses ! »

 

Les lauréats présents ont tous confié que les crédits débloqués par France 2030 ont été déterminants dans la réussite de leur projet. « Lever des fonds par des acteurs privés est souvent compliqué car les investisseurs recherchent un rendement maximum sans risque » explique Jean-Christophe Lambert, le cofondateur d’Ascendance Flight Technologies. « Or notre projet prévoit une commercialisation en 2027 donc sans un plan étatique, on ne pourrait pas être compétitifs face aux américains qui ont des fonds d’investissement 30 fois plus gros. »

Simplifier et accélérer

Pour être à la hauteur des concurrents étrangers, Emmanuel Macron a promis une réforme sur la simplification administrative et la réduction des procédures. « Il y a un coût caché de la lenteur. On ne peut pas avoir des procédures deux fois plus longues que nos concurrents américains ou asiatiques. On doit écraser les délais, aller plus vite. » Une promesse qui a été bien accueillie par les entrepreneurs présents. « On le voit actuellement sur la construction de l’usine pour fabriquer notre avion » confirme Jean-Christophe Lambert. « Il nous reste peu de temps avant 2027 donc si on est bloqué par des étapes administratives longues, ça va nous freiner. »

Je veux que les Zuckerberg et les Musk de demain soient dans cette salle

Emmanuel Macron veut également accélérer à partir de 2024 sur de nombreux sujets technologiques. La question de l’énergie est au cœur de ses préoccupations. « On doit avoir en tête trois éléments : sobriété, renouvelable et nucléaire. C’est la stratégie française. » Le chef de l’Etat vante les SMR, petits réacteurs nucléaires modulaires et évoque la piste de l’hydrogène naturel appelé aussi hydrogène blanc. Une première autorisation de recherche du sous-sol a été donnée dans les Pyrénées-Atlantiques. « La France est l’un des pays qui a le plus de réserves d’hydrogène naturel au monde. On ne peut pas laisser dormir cette ressource. » La question de l’hydrogène est nécessairement débattue au sein de l’usine d’Airbus où le président de la République tient son discours. « Nous avons aujourd’hui des avions qui fonctionnent avec des carburants polluants et qu’on importe. Demain, nous aurons des avions fonctionnant avec de l’hydrogène bas carbone produit localement. » Une transition qui répond au triptyque formulé par le chef de l’Etat : souveraineté, plein emploi et décarbonation.

Message européen sur le spatial

A 6 mois des élections européennes, Emmanuel Macron a aussi profité de ce discours pour évoquer la question spatiale. Les récentes tensions entre la France, l’Allemagne et l’Italie sur l’avenir du secteur n’ont pas été éludées. « Il n’y aura pas de souveraineté européenne sur le spatial sans unité. Nos partenaires d’hier veulent être nos adversaires de demain. Face aux chinois, aux indiens, nous devrons être unis et nous allons consolider autour de nous ! »

La concurrence pour l’avenir de l’espace est forte, notamment sur la question de l’après ISS. « Les stations internationales de demain sont un enjeu crucial. Si les vaisseaux cargos qui les ravitaillent sont uniquement chinois ou américains, on aura tout perdu » plaide Emmanuel Macron. En préambule de son discours, il avait fortement applaudi l’entreprise franco-allemande The Exploration Company pour sa capsule spatiale réutilisable qui a levé 65 millions d’euros en deux ans.

« Nous voulons que les Mark Zuckerberg et les Elon Musk de demain soient dans cette salle » tonne le chef de l’Etat. « Cette petite start-up nommée Airbus, qui était loin derrière les américains il y a 50 ans et qui les dépasse aujourd’hui le montre ! » Le président termine son discours en demandant également au secteur privé de se mobiliser pour aider l’innovation française. « Prenez des risques ! On peut se tromper, l’erreur permet d’avancer. Mais on n’a pas le droit de ne pas tenter ! »