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Hautes-Pyrénées : Cauterets, le nouveau souffle

L'emblématique station de ski familiale va se lancer dans de grands travaux à partir de 2025 avec un projet d’investissement à 20 millions d’euros. Au programme, des pistes revues, un restaurant panoramique et une nouvelle zone dédiée aux piétons.

Cauterets

© Lilian Cazabet - La Vie Economique

Du cœur de Cauterets pointe la télécabine du Lys, passage obligé pour accéder depuis le village de 900 âmes au domaine skiable du Cirque du Lys à 1 850 mètres d’altitude. Un grand plan d’investissement, dont les premiers travaux démarreront en 2025, a été enclenché par la station de Cauterets qui entend se parer de ses meilleurs atouts pour les années à venir. « Nous ne lançons pas de si gros travaux tous les 5 à 10 ans car l’endettement de ces projets et leurs remboursements se calculent sur 20 ans. Nous engageons donc plutôt ce type de gros projets tous les 15 à 25 ans », annonce d’emblée Dorian Noyer, directeur général du tourisme pour Cauterets. Les derniers gros investissements remontent à 2005 avec la mise en place de la télécabine et d’un télésiège débrayable. Depuis un tapis et de la restauration ont aussi été ajoutés en 2017 et en 2015.

Projet d’ampleur

« Les projets de 2005 avaient été un bol d’air pour la station, nous sortons de ces gros investissements et reprenons de la capacité d’emprunt, à hauteur, à peu près, de 2 millions d’euros par an », continue Dorian Noyer. Estimé à 20 millions d’euros, seuls 10 % de ce programme reposent sur le tout ski. Il passera par la mise en place d’une télécabine à la place du télésiège du Grand Barbat, la création d’un restaurant à vue panoramique sur la vallée doublée d’un espace orienté vers le cheminement piéton. « C’est un projet d’ampleur qui va commencer début mai 2025 pour une restitution fin novembre, puis, se poursuivre sur 2026 et 2027. Le premier livrable est validé et d’ici mi-février, nous aurons quelque chose de chiffré. Mais, il y a encore des arbitrages à faire dans le futur », ajoute Dorian Noyer.

La base du projet est de 2o millions d’euros, cela fait 3 ans que nous travaillons dessus

Dorian Noyer, directeur gnral du tourisme de Cauterets

Dorian Noyer, directeur gnral du tourisme de Cauterets © Lilian Cazabet – La Vie Economique

Déjà 3 ans de travail

Pour ces investissements, les dirigeants de la station se sont dans un premier temps appuyés sur les prévisions d’enneigements de l’étude Climsnow, qui sont favorables à Cauterets sur les 20 à 30 prochaines années. « Nous sommes un petit domaine en cirque où la neige naturelle se déverse et se bloque. Nous comptons 4 à 5 % de neige de culture et 20 enneigeurs dont nous nous servons surtout pour conforter notre espace débutant », explique dans le détail le directeur général du tourisme. « Si tout n’est pas défini, la base du projet est de 20 millions d’euros, cela fait 3 ans que nous travaillons dessus. Nous avons mené des benchmarks avec d’autres stations, échangé avec les collectivités et les politiques locaux. C’est un projet d’entreprise où nous déterminons où nous en sommes et comment nous nous structurons. Ce masterplan conditionne notre vision et notre position pour l’avenir », souligne Dorian Noyer. Fin février, le projet deviendra déjà concret avec le lancement des marchés, le travail débutera aussi avec les agences de l’État, dont l’ABF, les directions régionales de l’environnement, de l’aménagement et du logement (DREAL), ou encore, l’Agence de l’eau. L’étude d’impact sera rendue cet été.

Nouvelle télécabine

Les travaux envisagés vont passer par un adoucissement des pistes bleues et une grosse partie ira vers la diversification avec des remontées mécaniques accessibles aux piétons, aux vététistes, parapentistes et autres amateurs de grands paysages. Le Cirque du Lys enregistre 60 000 piétons l’hiver et 30 000 l’été avec un accès en remontées mécaniques sur 5 mois l’hiver et 2 mois l’été. Le remplacement du télésiège Grand Barbat sur le front de neige fait donc partie du plan. Celui-ci fête ses 32 ans ; devanture de la station, il peut amener vers la partie haute à 2 300 mètres d’altitude et les randonnées vers le lac et le refuge de l’Ilhéou. « Avec un bureau d’études, nous avons planché sur les télésièges débrayables ou un mix entre télécabine et télésiège avec une gare intermédiaire. Nous avons finalement tranché en faveur d’un appareil unique, avec des télécabines de 8 à 10 places sur un même axe », explique Dorian Noyer. Côté pistes, des poches de travaux vont être réalisées pour élargir et faire que ce soit plus simple. Pour Dorian Noyer, ce n’est pas la plus grande diversification opérée par Cauterets : « Elle s’est plutôt faite en 1964 quand le village qui était une station thermale a ouvert sa station de ski. La fréquentation de Cauterets ne comprend que 20 % de skieurs. Sur les 25 000 lits que nous comptons, dont la moitié est commercialisée, 750 000 nuitées sont réalisées entre mai et novembre contre 600 000 en hiver. »

C’est un projet d’ampleur qui va commencer début mai 2o25 pour une restitution fin novembre, puis, se poursuivre sur 2o26 et 2o27

Cauterets

© Lilian Cazabet – La Vie Economique

Un restaurant panoramique

Pour répondre aux besoins des visiteurs de la station, qu’ils soient skieurs ou piétons, le projet comprend la création d’un nouveau restaurant, en lieu et place du Yeti Crok, actuelle salle de pique-nique. « Nous voulons y installer un restaurant avec une signature architecturale forte, un concours pour désigner le cabinet d’architecture en charge du projet sera organisé. Le restaurant aura une vue panoramique tournée vers la vallée et si possible zéro émission grâce à la géothermie », pointe Dorian Noyer. Cette partie du projet est estimée à 1 million d’euros. Autour du restaurant, un espace pour les piétons devrait être totalement réaménagé pour les sortir de la zone front de neige et leur donner accès à un espace de détente sans skieur. « C’est une forte proposition de pouvoir manger à cette altitude, ce n’est pas courant et la vue est à couper le souffle. Nous voulons faire monter plus de piétons, avec une progression de 7 à 8 % de plus par an », continue le directeur général. C’est un axe fort du projet, quand la vue est aujourd’hui tournée vers le cirque qui peut être austère en l’absence de soleil sur les crêtes, les équipes de Cauterets souhaitent la faire pivoter vers la vallée en créant une passerelle d’accès piéton. L’actuel restaurant du Lys, qui jouxte la gare de la télécabine, ne sera lui non plus pas en reste et devrait être agrandi en gagnant de la place sur l’ancienne gare de téléphérique. Sa capacité devrait être doublée avec 100 places assises supplémentaires.

La restauration, enjeu central

Cauterets a repris la main sur les restaurants de la station depuis 2015. Sur les 180 salariés embauchés en saison hivernale, 35 sont uniquement dédiés à la partie restauration. « Nous enregistrons jusqu’à 900 couverts. Cela représente 35 000 repas par an. Pendant les dernières vacances nous avons écoulé 150 kg de frites et 900 fûts de bières », commente Dorian Noyer. L’enjeu est crucial pour le directeur général du tourisme : « Nous le voyons dans les commentaires que nous recevons, ce que les visiteurs retiennent c’est la nourriture, nous sommes attendus sur ce service. » La station possède le label « HaPy saveurs ». Les plats proposés sont issus de produits sourcés en circuits courts et biologiques lorsque cela est possible. À 1 850 mètres d’altitude, ce sont les mêmes télécabines qui transportent les skieurs, qui charrient chaque jour jusqu’à 3 tonnes de victuailles. La cuisine centrale au cœur du bâtiment du Cirque du Lys démarre dès octobre avec la confection de premières préparations.

Des vacances de Noël satisfaisantes

Si la restauration se porte bien, la station a aussi enregistré un excellent mois de décembre. « Nous avons fini fin décembre à +35 % et à +20 % par rapport à nos meilleures années, ce sont les chiffres de fin janvier habituellement en termes de fréquentation. Nous avons enregistré notre record sur décembre, c’est notre meilleur mois jamais relevé », se réjouit Dorian Noyer. À la fin des vacances, 100 000 personnes avaient été transportées sur le domaine contre 75 000 habituellement.

Nous avons enregistré notre record sur décembre, c’est notre meilleur mois jamais relevé

Initiatives durables

Cauterets soigne aussi ses services, un nouveau chalet d’accueil a été installé pour répondre aux besoins de ses skieurs. La station milite également pour réduire sa production de déchets, un challenge avec ses restaurants situés à 1 850 mètres d’altitude. « Tout transite par les télécabines, nous descendons jusqu’à 15 conteneurs », commente Dorian Noyer. Alors la station a investi 45 000 euros l’an dernier dans un composteur qui lui permet de transformer les déchets organiques de ses restaurants, comme les restes et les épluchures, en compost en 24 à 48 heures. Une machine pour palettiser les cartons a été aussi ajoutée à l’arsenal de la station et le restaurant du Lys n’utilise plus d’emballages contenant du plastique. Avec des investissements forts, Cauterets prépare un avenir où la restauration et l’accès aux usagers piétons devraient tenir une place sur le domaine du Lys.

Nous voulons faire monter plus de piétons, avec une progression de 7 à 8 % de plus par an

Cauterets fête ses 60 ans en 2024

De nombreuses festivités sont organisées sur les prochains mois pour les 60 ans du domaine skiable du Lys. Le 15 février aura lieu un show extérieur pour l’anniversaire de la station avec un concert gratuit en plein air prévu. Le 21 avril un rendez-vous freestyle spécial 60 ans est programmé, il aura pour objectif de rassembler les meilleurs snowboarders français pour l’un des derniers événements de l’hiver.