Couverture du journal du 20/04/2024 Le nouveau magazine

Hautes-Pyrénées – Gauberti en toute liberté

L’artiste a créé l’événement culturel en installant une galerie éphémère au centre-ville de Tarbes. Prévue pour deux mois, son succès est tel qu’elle est prolongée jusqu’à la fin février. Maître de l’inox poli et des illusions d’optique, le sculpteur ouvre un monde envoûtant.

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Le succès de la galerie éphémère de Philippe Gauberti est tel qu'elle est prolongée jusqu'à fin février ©DR

D’une courbe langoureuse qui vient comme une vague emporter la matière, sous ses doigts le métal se fond amoureusement et fait naître un rappel alangui d’une odalisque sans entraves. Odalibre est pourtant son nom, les chaînes, Philippe Gauberti se plaît à les rompre, lui qui choisit le nom de ses œuvres comme autant d’aveux. Envol-Emoi… Si les murs qui vivent dans les crânes semblent parfois des prisons, la création offre ici l’évasion ultime, à coups de rouges écarlates, de bleus francs ou de blancs virginaux, les chemins apparaissent infinis et on suit l’artiste, sur chacun d’eux. Installé au cœur du centre-ville, dans le cocon du magasin éphémère de la rue Maréchal-Foch, Philippe Gauberti n’aurait dû exposer ses sculptures que jusqu’à la fin du mois de décembre. C’était sans compter leur pouvoir hypnotique qui happe les passants sans vergogne. La galerie est reconduite jusqu’au 28 février et son succès ne laisse personne de marbre, ça tombe bien, ici c’est l’inox qui mène la danse et, devenu miroir, les émotions s’y reflètent en toute liberté.

LES CERTITUDES BOUSCULÉES

Tarbais d’adoption, le Niçois a rejoint les Hautes- Pyrénées depuis maintenant dix ans. De la côte, il a gardé les teintes solaires et franches. De la vie… des péripéties, des changements de carrière, une accomplie dans le milieu des affaires et un amour farouche pour l’art. Immuable. Il le conduira dans l’atelier d’un maitre-artisan où il apprendra pendant 4 ans à dompter les métaux, réchauffer ces matières froides jusqu’à les rendre aussi lumineuses qu’un feu ardent. Le même qui soulève tant de questions, que regarde-t-on, que voit-on vraiment dans ces œuvres ? Un pas sur le côté suffit pour amener une réponse nouvelle, antagoniste, ce qu’on croyait béant est un cercle qu’un autre pas s’amuse à transformer en cube.

SORTIR DU CADRE

Philippe Gauberti ne perd pas ses visiteurs, il les guide au contraire vers l’ouverture d’esprit, et comme il le dit lui-même à propos de sa série Illuptik : « Méfiez- vous des certitudes ». Remarqué dans les salons internationaux d’art contemporain, sélectionné à la 13e Biennale de Florence, il poursuit sa carrière comme les installations urbaines et monumentales dont il a doté le Plazza à Toulouse ou le tribunal de Carcassonne : en sortant du cadre et en se libérant de ce qui n’est au fond que carcan.

 

Jusqu’au 28 février, galerie éphémère rue Foch – Tarbes