Couverture du journal du 07/05/2024 Le nouveau magazine

Sazos – Chalet Mina, un nouveau souffle

A 820 m d’altitude, dans le village de Sazos (dans l’aire de Luz Saint-Sauveur), Béatrice et Dominique Gal ont ouvert une maison d’hôtes mais aussi un salon de thé et une épicerie : c’est un véritable défi qui fait revivre le lieu.

Sazos

Béatrice et Dominique Gal font revivre le village du Pays Toy © D.R

Les hameaux qui meurent le font sans bruit et même celui des larmes ne les accompagne pas, il reste trop peu d’âmes pour les pleurer. Niché sur les hauteurs de Luz-Saint-Sauveur, Sazos est de ceux-là. Le village est fidèle à ceux du Pays Toy, en pleine nature, entouré de beautés majestueuses et de sites d’exception comme le col du Tourmalet ou le Pont d’Espagne… Et moins de 140 personnes y vivent de nos jours. Au fil des murs de pierres, on pourrait le croire abandonné. Une terrasse d’où surgissent les rires et un accent étonnement américain prouvent le contraire : la vie, grâce au Chalet Mina, y est bel et bien revenue.

Un commerce indéfinissable

Venue il y a 20 ans dans les Hautes-Pyrénées pour des raisons de santé et à la recherche d’air pur, la famille Gal a d’abord eu un coup de foudre pour Argelès-Gazost où Béatrice a longtemps tenu un magasin d’accessoires et de mode. Avec ses étages et son allure noble, la maison de Sazos n’a pu elle que séduire Dominique, artisan dans le bâtiment. Après de nombreux travaux de rénovation, ils en ont fait il y a deux ans un lieu atypique par ses multiples facettes. L’activité principale est celle de maison d’hôtes mais il serait bien réducteur de ne retenir que celle-là. Salon de thé, restaurant à midi, planches le soir, épicerie avec produits régionaux, le couple s’est même laissé la liberté d’y proposer un espace de décoration. Unique commerce du village devenu un lieu de vie central, il a amené avec lui des touristes du monde entier, attirés par le cirque de Gavarnie et le Pic du Midi, mondialement connus : « Nous avons beaucoup d’Américains, des Australiens, des Belges, des Espagnols, des Hollandais…On est en moyen haut-de-gamme et c’est une classification qui ne court pas les rues ici » s’amuse Béatrice Gal qui a fixé un tarif de 125 € la nuit, petit-déjeuner compris. Une qualité similaire aux 3 étoiles, vivement encouragée par l’Office du Tourisme local.

Salon de thé, restaurant à midi, planches le soir, épicerie… L’unique commerce du village devenu un lieu de vie central

Chambre ours ou marmotte !

A quelques pas de l’église romane du XIIe siècle dont le clocher semble rivaliser avec les sommets ambiants, les deux chambres d’hôtes s’ouvrent sur ce tableau enchanteur tous les matins. Ours ou marmotte, les clients ont le choix, si le bon goût mène la danse, pour trouver le thème conducteur, il a suffi laisser les Pyrénées guider l’inspiration. Particulièrement spacieuses avec 30 m², elles sont un mariage entre les symboles du territoire et le confort moderne. Mais le principal défi pour Béatrice et Dominique Gal a été de se faire connaitre : « Au début nous avions un vrai problème de visibilité donc forcément nous sommes passés par Booking ». Une année première emplie à 46 % et une seconde à 80 %, les touristes ont vite succombé au charme de ce village fidèle au patrimoine du Pays Toy. Et le Chalet Mina en rassemble tous les symboles, qu’ils soient gourmands, animaliers ou culturels : isards, écureuils, brebis, confitures, haricots tarbais, petits vins du pays et gâteaux maison, chaque pièce de ce commerce étonnant est une ode aux Pyrénées.

Une redynamisation de Sazos

Avec 240 m², la bâtisse qui date de 1780 permettait toutes les envies et ce refus de n’avoir qu’une seule activité ne date pas d’aujourd’hui : « Il y a plus 50 ans, c’était déjà un café de village, une épicerie et une quincaillerie », explique Béatrice Gal. J’ai retrouvé de très vieilles photos avec une enseigne en métal donc il y a très longtemps que ce lieu existe ». Le wifi a désormais remplacé la ligne fixe et aux touristes se mêlent les habitants du village : « A Sazos, il y a une ville haute et une ville basse, ceux d’en bas on ne les voit jamais. Mais ceux du quartier oui ! C’est long de créer des liens. Côté clientèle, on a beaucoup de randonneurs avec le GR10 à proximité et des vacanciers du camping d’à côté », confie Béatrice. La redynamisation du village est pourtant bien lancée et le vendredi, c’est encore à la terrasse du Chalet Mina que la camionnette d’épicerie mobile attend ses clients.

De nouvelles animations

Si le mois n’est pas terminé, une première tendance se dégage chez professionnels du tourisme du département : l’affluence n’est pas au rendez-vous et à Sazos, on partage ce constat : « Cette année est particulière, il y a moins de monde mais c’est général. Il faut dire que le temps n’a pas aidé, ici, en étant en altitude, c’est encore plus flagrant ». Un ciel de juillet gris et capricieux qui n’est pas synonyme de morosité, le Chalet de Mina s’est lancé dans des animations pour booster l’été : « On fait des Escape Game tous les mercredis, avec les Pyrénées en fil conducteur d’un jeu de piste. Cette saison, on essaye également les concerts, le premier s’est rempli très vite avec 60 couverts réservés ». Le prochain rendez-vous est le 11 août, du jazz latino à savourer sur la place, peu importe la météo, le soleil sera évidemment dans tous les cœurs… presque aussi nombreux qu’ils l’étaient il y a plus de 50 ans.