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Hautes-Pyrénées : une reprise économique en demi-teinte

Réalisée auprès d’un panel de 1 400 chefs d’entreprise, l’enquête de la Banque de France souligne une bonne résilience en Occitanie. Les Hautes-Pyrénées se distinguent par une reprise d’activité fortement différenciée avec de belles progressions pour les entreprises ouvertes à l’international et une reprise moins rapide dans le secteur de Lourdes.

L’aéronautique est un des secteurs qui a retrouvé son activité d’avant crise économique

L’aéronautique est un des secteurs qui a retrouvé son activité d’avant crise © Hermance HITTE

Dans cette période marquée par les incertitudes, les prévisions de chiffre d’affaires formulées en début d’année par les 1 400 chefs d’entreprises d’Occitanie sont révisées à la hausse pour l’exercice 2022 dans le secteur marchand avec + 11 % et avec + 8 % dans celui de l’industrie. Le BTP l’abaisse lui à + 2 %. Une tendance régionale qu’on retrouve dans les Hautes-Pyrénées qui comptent des sous-traitants de l’aéronautique mais se démarquent par une activité économique partiellement dépendante du tourisme. La reprise d’activité est donc très fortement différenciée avec des belles progressions dans certains secteurs et des rattrapages moins rapides pour d’autres.

Lourdes atteint avec peine 2/3 de son activité d’avant crise

Avec une baisse de fréquentation et nuitées déjà relevée par un premier bilan post estival du Comité Régional du Tourisme et des Loisirs, l’activité des hôtels et restaurants du secteur de Lourdes peinera à atteindre en 2022 les deux tiers de son niveau d’avant crise. Les groupes et les touristes étrangers étant moins nombreux à se rendre dans la cité mariale, la problématique relève de la spécificité locale du tourisme cultuel et c’est d’ailleurs cette absence de reprise significative qui fait des Hautes-Pyrénées le département où la progression de l’emploi salarié est la plus faible avec 1,1 % par rapport à la situation pré-Covid. Les progressions pour les entre- prises ouvertes à l’international sont par contre indé- niables, notamment dans le secteur ferroviaire, médical ou encore l’ingénierie. Enfin, la hausse généralisée des matières premières et matériaux contraint les entreprises à revaloriser leurs tarifs et ajuster leurs niveaux de marge.

Economie Hautes-Pyrénées économique

Le tourisme cultuel à Lourdes à 2/3 de sa fréquentation d’avant crise ©DR

Les PGE remboursés à 28,5 % en juillet

Les mesures de soutien public et bancaire tels que les Prêts Garantis par l’État (PGE), les moratoires fiscaux, sociaux et bancaires, les fonds de solidarité ou encore l’activité partielle ont permis de soutenir la trésorerie des entreprises. Certaines mesures ont par ailleurs été prolongées dans le plan de sortie de crise. Les PGE ont été accordés à 2 316 entreprises pour un montant de 287 millions d’euros avec, encore une fois pour Lourdes, une deuxième vague de demandes de PGE ou de compléments. Les TPE du département représentent 83 % des entreprises bénéficiaires de ce prêt pour 43 % des montants accordés. Au 31 juillet, sur les 259 millions d’eu- ros, 28,5 % étaient déjà remboursés. En comparaison, 24,8 % l’étaient au niveau national. Le capital restant dû par les entreprises du secteur de l’hôtellerie et de la restauration approche les 84 % alors que la proportion est de 71,5 % pour tous les secteurs confondus, ce qui peut induire des plans d’amortissements plus longs.

Les entreprises ouvertes à l’international affichent une activité en nette progression

Des défaillances d’entreprises en deçà des chiffres nationaux

L’encours des crédits bancaires mobilisés dans le département ressort en progression globale de 5,3 % à un an d’intervalle avec des hausses significatives dans l’agriculture, la construction, les activités immobilières, l’information et la communication ainsi que le commerce. Au 31 décembre 2019, il était de 36,1 %. Si durant ces trois dernières années les dépôts bancaires ont augmenté de 15 %, les crédits l’ont fait de 35 % : la dette nette de la trésorerie active du département a donc augmenté, à la différence des observations régionales.

Lourdes atteint avec peine 2/3 de son activité d’avant crise

Les défaillances d’entreprises enregistrées par le tribunal de commerce de Tarbes sont en progression cumulée de près de 40 % sur les huit premiers mois de 2022 alors qu’au niveau national elles le sont de 50 %. Cette évolution concerne tous les secteurs excepté l’agriculture. La période d’inflexion de la courbe pourrait se situer à l’automne lorsque les entreprises bénéficiant d’une seconde année de pause dans le remboursement des PGE devront commencer à décaisser leurs premières échéances ou assumer de manière pérenne des remboursements plus réguliers.

Moins de dossiers de surendettement

Fin juin, une augmentation globale de 13 % des dépôts bancaires et des livrets était relevée sur les deux dernières années, représentant une accumulation de 400 M d’euros supplémentaires. Un constat retrouvé partout ailleurs et dû à une épargne forcée durant les périodes de confinement mais aussi d’une crainte de l’avenir qui ralentit le rythme de consommation. Les encours de découverts bancaires sont néanmoins en très légère progression de 1,4 % par rapport à juin 2021, traduisant quelques difficultés de trésorerie dans les ménages du 65. Les dossiers de surendettement des ménages sont eux en diminution sur ces 8 premiers mois avec 7,2 % de moins pour la même période l’an passé. Si l’on s’en réfère à 2019, cette diminution est de 21,5%.