L’IA au service du recrutement : efficacité et vigilance
Le recrutement est un domaine où l’IA s’impose rapidement. La rédaction d’offres personnalisées, l’analyse automatisée des CV, le tri intelligent des candidatures et l’assistance par chatbot permettent aux recruteurs de gérer un volume massif de postulants tout en améliorant la pertinence des sélections. L’IA peut repérer des profils intéressants en fonction de critères précis, suggérant des candidats en adéquation avec les besoins de l’entreprise. Mais derrière cette efficacité, des approximations existent. L’IA peine encore à analyser le savoir-être des candidats, une composante essentielle dans l’adéquation à une culture d’entreprise. Les CV rédigés avec des emojis ou enrichis de graphismes posent également problème, car ils sont souvent mal interprétés par les outils d’analyse trop primitifs (ie. ChatGPT, Mistral, Gemini, etc.). Il est donc crucial de concevoir des outils d’IA capables de prendre en compte ces subtilités et d’intégrer le contrôle humain.
L’IA peut repérer des profils intéressants en fonction de critères précis
Marque employeur et IA : créativité et personnalisation
Les entreprises doivent se démarquer pour attirer les talents. L’IA permet cela en facilitant la personnalisation des communications RH grâce à la génération de contenus et l’analyse des tendances sur les réseaux sociaux. Les doubles numériques offrent des moyens inédits pour capter l’attention des candidats et créer des stratégies de communication engageantes. Ces outils dynamisent les interactions et renforcent l’impact des messages. Cependant une IA bien employée doit compléter une approche humaine, assurant une communication contextualisée et personnalisée. Il est fondamental que la culture de l’entreprise soit perceptible dans chaque échange, c’est le job des Assistants Personnalisés d’IA, aussi appelés Agents d’IA.

©Jean-Philippe PECH
GPEC et IA : anticipation et opportunités de carrières
L’IA offre des capacités inédites pour la gestion des talents. Grâce à l’analyse des compétences et des besoins futurs, elle permet d’anticiper l’évolution des métiers et de proposer des parcours personnalisés. Elle peut suggérer des formations adaptées, identifier des opportunités de mobilité interne et optimiser la gestion des effectifs, tout cela dans le contexte unique de l’entreprise. Mais ici encore, une approche équilibrée est nécessaire. L’évolution d’une carrière ne peut être réduite à des suggestions de l’IA (qui, rappelons-le, est avant tout un tout un outil basé sur la probabilité, cœur des systèmes d’IA). Ces algorithmes analysent des tendances et des corrélations sans être en mesure d’appréhender pleinement le savoir-être, la motivation ou l’évolution personnelle d’un individu.
L’IA ne peut pas encore interpréter la singularité d’un parcours ni la richesse des interactions humaines qui façonnent les décisions de carrière. Pour répondre à ces enjeux, il est essentiel de développer des outils capables d’intégrer ces dimensions qualitatives et de garantir une approche où l’humain conserve un rôle central dans l’orientation professionnelle. Chaque collaborateur a des aspirations et un parcours unique. L’IA doit donc être un outil d’aide à la décision pour les managers et professionnels RH, permettant de mieux accompagner les collaborateurs sans déshumaniser la démarche (lors de l’entretien individuel de développement, par exemple, où l’IA permet de projeter des scénarios d’évolutions de carrières).
L’IA ne remplace pas l’humain, elle l’assiste pour l’augmenter

©Jean-Philippe PECH
L’IA en RH : outil stratégique
Si l’IA s’impose comme un levier majeur dans les ressources humaines, elle ne saurait remplacer l’intelligence émotionnelle et la prise de décision humaine (même si, depuis fin 2024, l’IA vocale de ChatGPT est capable d’analyser les émotions de votre voix). C’est un facilitateur, permettant d’améliorer les processus sans remplacer l’expertise des professionnels RH. Les décisions d’embauche, la gestion des carrières ou l’accompagnement des collaborateurs restent des enjeux humains.
L’objectif est donc de développer une approche hybride où la technologie vient renforcer et non supplanter les pratiques existantes. Il est nécessaire d’établir une gouvernance claire sur l’usage de l’IA, assurer la transparence des solutions et sensibiliser les équipes à ces évolutions, sans négliger l’évolution des pratiques existantes.
Appliquer l’IA aux RH : une démarche pragmatique
Pour intégrer l’IA dans les RH de manière efficace, outre le choix de l’outil d’IA, il convient de suivre quelques principes clés :
– Définir des objectifs précis : l’IA doit répondre à un besoin spécifique et mesurable, intégré sur un ou plusieurs axes du parcours du collaborateur (attractivité, recrutement, intégration, engagement & développement, fidélisation, départ).
– Garantir la transparence et l’éthique : les hallucinations de l’IA doivent être identifiés et assumés (via quelques principes juridiques) et les décisions assistées par IA doivent toujours être validées par un humain.
– Former les équipes RH : il est crucial que les professionnels s’approprient ces outils pour éviter une dépendance à la technologie. La réglementation européenne (IA Act) encadre l’utilisation des systèmes d’IA en garantissant leur transparence, leur éthique et leur conformité au droit du travail, en imposant notamment une supervision humaine et des obligations d’explicabilité des décisions prises par les IA.
– Évaluer en continu l’impact des solutions IA : il est crucial de mesurer régulièrement leur efficacité et d’adapter la quantité et la qualité des données utiles à une contextualisation pertinente.

©Jean-Philippe PECH
Conclusion : une opportunité à saisir avec discernement
L’IA est un formidable levier d’amélioration pour les ressources humaines, mais son intégration doit être réfléchie et encadrée. L’IA ne remplace pas l’humain, elle l’assiste pour l’augmenter. Pour tirer pleinement parti de ces technologies, les entreprises doivent adopter une approche stratégique et éthique, garantissant que ces outils servent bien les objectifs humains et organisationnels.
Notre société vit en accéléré l’évolution des compétences et des attentes des collaborateurs où la séduction (confiance et d’engagement mutuel) est au cœur du parcours du collaborateur, l’IA représente donc une aide précieuse pour anticiper les mutations du travail. Mais elle ne remplacera jamais l’écoute, le discernement et l’intelligence relationnelle qui sont le fondement des RH ; Un équilibre subtil entre technologie maitrisée et l’humain est la clé d’une transformation réussie.
Les entreprises doivent adopter une approche stratégique et éthique, garantissant que ces outils servent bien les objectifs humains et organisationnels
20 à 30 % des entreprises
Selon Gartner, seules 20 à 30 % des entreprises réussissent à intégrer durablement l’IA. Au-delà de l’effet « wow », il s’agit donc d’une transformation nécessitant un vrai pragmatisme des choix opérationnels et humains.