La poussée des demandes de biens dépasse l’offre, surtout dans l’agglomération périgourdine. Et la pénurie entraîne une flambée des prix. Hors représentation de l’ordre qu’il préside, l’analyse professionnelle et personnelle de Sylvain Fercoq, président de la Chambre des Notaires de Dordogne, sur la situation actuelle porte forcément sur la crise sanitaire exceptionnelle que nous traversons, en réaction aux confinements successifs : « Tout est en train de bouger autour de nous, le prix des matériaux, l’inflation, la reprise économique… Du jamais vu ! La situation fait que tout se vend et s’achète. Et tout le monde a du mal à recruter, du maçon au notaire : les artisans sont retenus un an avant et nos études sont aussi débordées. On n’arrive pas à recruter sur le marché pour renforcer les équipes… »
C’est pourquoi, avec le directeur de l’institut juridique de Périgueux, Sébastien Martin (LVE n° 2470), ils œuvrent ensemble pour essayer de créer une licence de droit notarial, en lien avec le Conseil régional et le doyen de la faculté de Bordeaux. « Nous avons grand besoin de former et recruter des techniciens : l’idée de la structure à mettre en place est bien avancée, reste à savoir dans quels délais. »
DES ACQUÉREURS « À DOMICILE » OU VENUS DE LOIN
Après l’euphorie, il s’attend à ce que la tension retombe. « Les agences commencent à manquer de produits. Mais un ralentissement du nombre ne signifie pas une baisse de valeur, c’est l’effet de la pénurie… » Les constructeurs manquent également de terrains à bâtir, le PLUi de l’agglomération périgourdine ayant notamment réduit de moitié le nombre de CU. Le représentant des notaires de Dordogne espère un retour à l’équilibre, entre le trop d’activité d’aujourd’hui et le trop peu que le marché a pu connaître. « Dans l’économie générale, tout le monde travaille et s’enrichit : c’est un cercle vertueux favorable et on aimerait que cela dure, même si tout le monde est débordé. »
L’analyse des affaires en cours réalisée par la Chambre fait apparaître 20 à 25 % de transactions supplémentaires. Cela concerne des affaires intra-Dordogne comme des acquéreurs venus d’autres horizons, pour l’achat d’une résidence secondaire ou en préparation de la retraite. « Pour ce qui me concerne, dans le nord-Dordogne, peu de schémas de changements de vie promus par la crise sanitaire, ni de placement d’économie ou d’investissement locatif. Les situations sont très diverses. Des produits en vente depuis trois ans ont trouvé acquéreur, des maisons fermées s’ouvrent : c’est bon pour l’économie locale, il y a davantage de monde dans les espaces ruraux. »
Il arrive que certains « amoureux soudains » de la Dordogne fassent machine arrière
Cet état des lieux est confirmé par l’assistante d’une étude située dans la vallée de la Dordogne, qui n’a jamais eu autant de travail en 30 ans d’activité : les transactions se bousculent depuis plus d’un an, parfois à des prix injustifiés, et les délais de signature s’allongent malgré les efforts.
Il arrive que certains « amoureux soudains » de la Dordogne fassent machine arrière, réalisant l’éloignement au cœur de la morte saison. Et des biens se revendent. Le choix dépend donc de ce que l’on va en faire : y habiter, le louer, y installer une activité professionnelle… le critère transport importe de plus en plus, prix des carburants oblige. « L’image de la ferme à rénover fait rêver, mais il faut tenir compte des distances et des travaux », rappelle Sylvain Fercoq, « surtout quand on ne connaît pas bien la Dordogne. Et tout comme il importe de consulter son banquier avant de se lancer dans un projet, contacter un notaire permet de bien connaître les critères. »