Innovi : à fond l’innovation !

Fondatrice et PDG d’Innovi, Alexandra Frégonèse s’est forgée un caractère d’acier au fil des épreuves traversées dans sa vie et carrière professionnelle. Dépositaire d’un premier brevet international sur les signes cliniques du vieillissement à seulement 23 ans, et sans sortir des grandes écoles, cette Lot-et-Garonnaise d’origine s’est battue en croyant en son étoile. Expliquant avoir eu 2 grands professeurs, la passion et la vie pour forger son expérience, elle n’a pas hésité à tout vendre pour développer ce premier brevet avant de résister aux offres de rachat mirobolantes proposées par les plus grands groupes de cosmétiques : « J’ai fini par accepter un contrat d’exclusivité me garantissant l’achat d’un volume annuel fixe sans avoir à vendre mon brevet. Je me suis ensuite rendue compte que j’étais mono-produit et mono-client. Une bonne occasion de se remettre en cause et de repartir sur un nouveau brevet pour mieux rebondir. Aujourd’hui, Innovi a déposé 25 brevets et nous en avons d’autres dans nos tiroirs », explique Alexandra Frégonèse.

INNOVATION TIRÉE

Lancée depuis son propre garage passée ensuite par la pépinière d’entreprises de l’Agropole, puis à Boé avant de s’établir définitivement à Layrac, l’aventure du laboratoire Innovi est le fruit d’un travail acharné et d’un positionnement stratégique sur le marché de la recherche. En effet, alors qu’en France les laboratoires de recherches académiques sont légion, c’est-à-dire financés par l’État pour de l’innovation dite poussée, Innovi propose de l’innovation tirée, répondant à la demande de clients extérieurs : « Les chercheurs aiment l’innovation poussée car c’est un projet auquel on croit et qu’on défend jusqu’au bout mais avec un taux de transformation assez faible, par méconnaissance du marché, dû à un écart entre ce qu’attend le marché et ce qu’on est capable de faire. Nous, notre moteur est de résoudre le plus de demandes possibles pour des partenaires qui connaissent le marché et qui savent ce qu’ils veulent pour leurs clients. Nous cherchons des solutions concrètes à des problématiques dans différents domaines », souligne la présidente d’Innovi.

Aujourd’hui, Innovi a déposé 25 brevets et nous en avons d’autres dans nos tiroirs

DÉVELOPPEMENT DES BIOMATÉRIAUX

Organisés en différents pôles (nutrition des plantes, alimentation et nutrition humaines, compléments alimentaires, hygiène et beauté, matériaux biosourcés), Innovi travaille sur des solutions autour des enjeux environnementaux et sanitaires planétaires de demain. « On s’intéresse beaucoup à l’environnement, mais notre gros combat concerne les biomatériaux pour sortir des matériaux pétro-sourcés. Les solutions existent déjà ! », clame la dirigeante qui a travaillé, avec ses équipes, à l’élaboration de films thermoplastiques biosourcés biodégradables ou compostables (destinés à emballer des produits secs, frais ou humides) et des granulés biosourcés biodégradables ou compostables destinés à l’industrie de l’injection plastique et de l’extrusion soufflage. Si de telles alternatives sont fonctionnelles, elles se heurtent toutefois à un obstacle de taille : la non-adaptabilité des systèmes actuels à un tel changement que ce soit dans la fonction des machines ou dans la formation des salariés. « C’est toute la chaîne de production qu’il faudrait changer, mais l’industrie n’est pas encore prête. Il va donc falloir en passer par de la réglementation, à l’image de la prochaine loi sur le tri des déchets qui entrera en vigueur au 1er janvier 2024 », souligne la PDG d’Innovi dont l’autre combat concerne l’alimentation.

UNE MEILLEURE ALIMENTATION POUR UNE MEILLEURE SANTÉ

Reprenant la célèbre formule d’Hippocrate : « Que l’alimentation soit ta première médecine et l’aliment ton médicament », Alexandra Frégonèse a pris conscience depuis longtemps du rôle majeur de l’alimentation dans notre santé au quotidien. Ainsi, Innovi conçoit et fabrique des produits alimentaires équilibrés (sauces, crème de fromages, marinades…) sans compromis sur la saveur et le goût « pour que l’alimentation fonctionnelle reste un plaisir ». Le laboratoire lot-et-garonnais intervient aussi dans le développement de solutions de compléments alimentaires pour compléter l’alimentation et stimuler les fonctions physiologiques. Avec la phycocyanine (puissant anti-oxydant naturel recommandé pour la stimulation du système immunitaire), la curcumine (puissant anti-inflammatoire naturel destiné à soulager les inflammations, protéger les tissus notamment cérébral et cardiaque et interagir favorablement dans le métabolisme des glucides et des triglycérides) ou la spiruline (ce produit exclusif est un concentré de micronutriments sous forme liquide pour une meilleure biodisponiblité, une meilleure assimilation et une qualité nutritionnelle préservée), Innovi a développé là aussi des solutions innovantes.

Notre gros combat concerne les biomatériaux pour sortir des matériaux pétrosourcés

© D. R.

DES PASSERELLES ENTRE LES ATELIERS

Impliqué dans ces enjeux de santé publique, Innovi peut s’appuyer sur sa polyvalence pour développer ses recherches en créant des passerelles entre ses différents pôles de recherches. Particulièrement investi dans la nutrition des plantes, via la recherche de produits de biocontrôle et de biostimulants à base de substances à nature identique qui utilisent des mécanismes naturels pour lutter contre les ennemis des cultures, le laboratoire a par exemple découvert les bienfaits d’un additif sur les plantes vivantes alors qu’il était préalablement testé pour réaliser des actifs à destination des produits cosmétiques : « Lors d’une opération d’extraction végétale, nous avons utilisé cet additif alimentaire pour ne pas maltraiter la matière organique (feuilles, tiges…) de la plante. Quand nous avons vu les résultats, nous l’avons testé sur la plante vivante, avec cette curiosité qui reste notre moteur en tant que chercheur, avec succès », résume la tonique dirigeante.

Ce laboratoire sera notamment adossé à un laboratoire de biochimie, de culture cellulaire, d’histologie et de microbiologie

UN CENTRE DE RECHERCHE POUR LUTTER CONTRE ALZHEIMER

Dans la grande histoire des laboratoires Innovi, l’année 2023 sera une des dates importantes à retenir avec l’ouverture imminente d’un centre de recherches destiné à mesurer l’impact de l’alimentation sur les signes cliniques de la maladie d’Alzheimer. Ce laboratoire sera notamment adossé à un laboratoire de biochimie, de culture cellulaire, d’histologie et de microbiologie : « Entre la déclaration de la maladie et les premiers symptômes, il se passe 15 ans. En modifiant structurellement l’alimentation, on pourrait passer de 15 à 25 ans ! », complète Alexandra Frégonèse qui a déjà recruté la dizaine de chercheurs qui viendront étoffer un effectif de 30 salariés. Entrant de plein pied dans ce nouveau défi de taille, la dirigeante peut également s’appuyer sur le soutien du groupe Anjac, qui dispose de 14 sites de productions en France, devenu actionnaire majoritaire d’Innovi depuis 2018. Alors que l’activité se concentre désormais sur le marché national, quand y a 3 ans l’essentiel du CA était à l’export, la pétillante chercheuse-entrepreneuse vient d’investir dans un hectare de foncier supplémentaire autour du site de Layrac…pour un prochain défi !