Internet – Les 10 ans du .eus

L’extension d’un nom de domaine d’un site internet est constituée des lettres suivant le point final du nom de ce site. En France, les extensions les plus courantes sont le .com et le .fr mais depuis la création des premiers sites Internet, les extensions se sont multipliées. Dans le monde, il existe aujourd’hui 1 800 extensions de noms de domaine possibles selon Arnaud Franquinet, PDG de la société Gandi. Se partageant le marché français de l’hébergement de sites web et de l’enregistrement de leur nom de domaine avec son concurrent OVH, Arnaud Franquinet observe la croissance de ces extensions avec intérêt.

Promotion de la langue basque

Que cela soit pour identifier un territoire ou un secteur d’activité, les autorités de régulation de l’Internet agréent chaque année de nouvelles extensions. En 2014 l’extension de domaine géographique .eus comme Euskadi (qui désigne le Pays basque en langue basque) a ainsi été créée. « L’identité basque devait avoir la place dont elle avait besoin sur internet », expliquait Iñaki Goirizelaia lors de la célébration des 10 ans de cette extension régionale utilisée aujourd’hui par 14 833 sites Internet. Ancien président de l’université du Pays basque, il est l’un des protagonistes du lancement de la fondation PuntuEUS qui a mené campagne pour cette extension régionale en faveur de l’euskara, la langue basque.

Josu WALIÑO, directeur de PuntuEUS © D. R.

Une extension sous conditions

Basée au Pays basque espagnol et soutenue par le Gouvernement d’Euskadi (Communauté autonome basque), la fondation PuntuEUS se présente comme l’entité responsable du contrôle, de l’administration et de la gestion de cette extension. « Pour obtenir un nom de domaine en .eus, le site doit avoir du contenu en basque, assurer des communications dans cette langue, ou bien traiter et promouvoir la culture basque au sens large », explique Lorea Arakistain de la fondation PuntuEUS. Pour la création de l’extension .eus, la fondation a dû demander l’autorisation de l’ICANN, une organisation californienne en charge de la coordination internationale du système d’attribution des noms de domaine d’internet.

« Le domaine .eus ne fait pas référence à une zone géographique spécifique mais à une communauté culturelle et linguistique »

Plusieurs opérateurs et autorités

L’ICANN s’appuie sur des opérateurs à qui elle délègue la gestion des extensions. Ainsi l’Afnic, association française pour le nommage internet, gère les noms de domaines en .fr mais également le .paris, le .alsace ou le .tf pour les terres australes et antarctiques françaises. Mais la fonction de bureau d’enregistrement est occupée par des opérateurs comme Gandi qui commercialisent les noms de domaine et les extensions régionales sans oublier des services associés comme l’hébergement des sites. Gandi héberge ainsi 2,5 millions de noms de domaine et réalise 45 % de son chiffre d’affaires (65 millions d’euros) en France.

Outil marketing

Selon Arnaud Franquinet, trois facteurs expliquent le succès des nouvelles extensions de noms de domaines : « la rareté des noms en .com qui en plus ne sont pas différenciants, la relocalisation de l’économie qui incite les gens à rechercher de la proximité et une identité territoriale, la sécurité offerte par une extension peu étendue qui l’épargne de la cybermalveillance ». Comme quasiment tous les noms de domaines utilisant des mots courts associés à un .com sont utilisés, les extensions spécifiques offrent l’opportunité d’exploiter différemment ces mots courts et efficaces, d’identifier un secteur d’activité inspirant confiance comme le .gouv.fr des sites officiels français, de bénéficier d’un moyen de communication comme le .alsace fort utile pour distinguer les vins de cette région.

Communauté culturelle

« Le domaine .eus ne fait pas référence à une zone géographique spécifique mais à une communauté culturelle et linguistique. L’épicentre de cette communauté se trouve au Pays basque mais le domaine .eus offre la possibilité de s’enregistrer dans le monde entier », précise Josu Waliño, directeur de la fondation PuntuEUS. Celle-ci fournit une kyrielle d’outils permettant aux locuteurs basques d’employer l’euskara avec par exemple une application de traduction de leur site en langue basque. Près de 15 000 sites utilisent aujourd’hui l’extension .eus et 75 % d’entre-deux publient du contenu en basque. Mais avec seulement quelques centaines de sites domiciliés au Pays basque français, la fondation PuntuEUS a encore du travail.