Couverture du journal du 07/05/2024 Le nouveau magazine

La guinguette a le vent en poupe

Elles sont près d’une cinquantaine en Haute-Garonne, les guinguettes d’été se sont multipliées depuis plusieurs années. Focus sur l’une des pionnières : la guinguette « Chez Jojo et Paulette » située à Verfeil, au bord du lac du Laragou, ouverte en 2016.

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La guinguette est ouverte jusqu'à la fin du mois de septembre © Chez Jojo et Paulette

Le calme bucolique de cette guinguette en bord de lac se mérite. Il faut emprunter des routes tortueuses et, lorsque l’affluence est forte, se préparer à croiser une voiture sur un chemin où l’on peine à rouler seul. Ces quelques obstacles franchis, c’est la sérénité qui vous attend. Chez Jojo et Paulette, on a voulu développer cet esprit « après-midi entre copains à la campagne ». Pauline la propriétaire des lieux rembobine le film : « Je venais tout le temps ici quand j’étais plus jeune. Je suis originaire de Montastruc donc mes premières booms, on venait les faire au Laragou. »

Pourtant, la jeune femme de 33 ans n’imaginait pas revenir s’installer sur ses terres d’enfance. « J’étais guide accompagnatrice, je passais beaucoup de temps à l’étranger. Quand j’ai rencontré Jonathan, on a décidé de se lancer. On a acheté une caravane et un ami de mes parents m’a proposé ce terrain en bord de lac. » Le cadre est idyllique et le bouche à oreille va faire le reste. « On a un petit réseau avec nos proches, mais je ne pensais pas que ça marcherait aussi bien. On n’est pas des businessmen, on n’a fait aucune publicité … et pourtant, on s’est vite retrouvé dépassés ! »

 

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Pauline (à droite) en plein atelier fleurs © Chez Jojo et Paulette

Vaisselle jusqu’à 4h du matin

La mairie de Verfeil a fait confiance au couple qui démarre la fleur au fusil. « On a posé la caravane, une tireuse à bières. On a monté une terrasse en palettes en quelques jours qui n’était même pas droite, les verres se cassaient la figure » rigole Pauline. Mais le cadre et les plats de Jonathan suffisent à compenser ces petits défauts. « On faisait 20-30 couverts chaque soir. A l’époque, on n’avait ni eau ni électricité sur le terrain. Je ramenais toute la vaisselle à la maison, j’en avais jusqu’à 4h du matin. J’ai même dit à Jonathan que je n’allais pas tenir, qu’on devait arrêter ! »

D’année en année, la guinguette prend du galon. Exit la caravane des débuts, place à des constructions solides. Le terrain est acheté à l’ami des parents et une décoration bric-à-brac s’accumule, à l’image de cette Renault 4 dont le capot sert de pot de fleurs au fond du jardin. « Ça me vient de mon père et de ma mère qui étaient brocanteurs », détaille Pauline. Aujourd’hui, les parents ont repris la seconde guinguette montée par la fille au lac de Bidot à Fonsorbes. « Ils ont même récupéré la caravane des débuts ! Ils se font une deuxième jeunesse ! »

Guinguette, un mot dévoyé

Il faut dire que la guinguette fait recette dans le département. On en recense près d’une cinquantaine. Bien que le concept ne colle pas toujours à la définition que s’en fait Pauline. « La guinguette est revenue à la mode avec le rétro, le vintage. Mais quand on s’est lancé, les gens voyaient ça comme un truc de vieux. Pour moi, la guinguette c’est un état d’esprit. Tu es au bord de l’eau, avec de la musique, tu peux jouer à la pétanque … Il faut surtout que ce soit populaire, avec des prix abordables. »

Avec le rétro et le vintage, la guinguette est revenue à la mode

Malgré l’inflation, la patronne n’a pas augmenté ses prix. « On s’en sort peut-être un peu moins bien mais je voulais qu’on garde la même qualité. Le dimanche par exemple, c’est poulet rôti à 10€ par personne. » Résultat, les demandes de réservation se multiplient et la guinguette joue tous les soirs à guichets fermés. Un constat qui s’est confirmé avec la pandémie de Covid-19. « Au déconfinement, les gens ont eu envie de sortir, d’être à l’air libre. Et ici, vu l’espace qu’on a, la distanciation sociale n’était pas un problème. On s’en est mieux sorti que de nombreux restaurants du centre-ville qui n’avaient pas de terrasse. » Et l’été, nombreux sont ceux qui veulent fuir la canicule pour se mettre au vert. « On accueille des gens de Toulouse, mais aussi de l’Ariège, du Tarn, de l’Aveyron, du Gers … »

Jojo est parti, Paulette est restée

Le succès de la guinguette verfeilloise ne se dément pas. « Ça m’a coûté tous mes étés avec mes potes ou la famille, nuance Pauline. On vit guinguette H24 et c’est parfois difficile. » De Jojo et Paulette, il ne reste d’ailleurs que cette dernière aujourd’hui. « Jonathan est reparti vers les Hautes-Pyrénées et moi j’ai gardé le bébé, sourit-elle. Mais son âme est bien présente ici ! » Un départ qui a contraint Pauline à retrouver un cuistot. « Je me suis demandé s’il fallait tout arrêter, mais tout s’est fait naturellement. Et finalement, même moi je ne suis pas irremplaçable. » La jeune femme ne compte toutefois pas quitter son petit coin de paradis, qu’elle refermera fin septembre, jusqu’aux beaux jours de 2024. Avant la clôture, vous pourrez profiter des « Transat Electronik » le 3 septembre avec au programme concerts et stands de créateurs locaux.