Couverture du journal du 20/04/2024 Le nouveau magazine

Lola Campagne : distributeur de bons goûts

La jeune chef à domicile innove en zone rurale et propose désormais, à Osmets, ses plats et desserts dans un distributeur automatique. Créations qui ont très vite trouvés leurs adeptes, avant de passer à table, on passe dorénavant aux casiers.

Lola Campagne, cheffe à domicile basée à Osmets révolutionne les plats à emporter en milieu rural.

Lola Campagne, cheffe à domicile basée à Osmets révolutionne les plats à emporter en milieu rural © Lilian Cazabet / La Vie Economique.

A quelques kilomètres de Tarbes, lorsque l’envie de cuisiner est proche de zéro, inutile de songer à se faire livrer un petit plat. Aucun célèbre coursier ne franchit cette frontière invisible, à peine dessinée par les champs de tournesols, si les Coteaux sont réputés pour leurs points de vue sublimes sur la ville, ils n’en ont que les pizzerias en commun. Une option que Lola Campagne vient de faire voler en éclats, non seulement cette jeune chef à domicile a décidé d’élargir le partage de ses créations aux particuliers mais elle le fait par un biais tout à fait inédit en zone rurale : avant de passer à table, il faut passer par les casiers. Depuis le début de l’été, ils sont 21 à être disposés dans un abri et chacun d’eux contient un plat ou un dessert préparé avec le talent de cette artiste de la gastronomie. Un distributeur automatique aussi banal qu’inédit puisqu’il se trouve à Osmets, village où les habitants se comptent par centaines.

2 À 3 REAPPROVIONNEMENTS PAR JOUR

Le défi était osé et le résultat remarquable. Le concept a déjà trouvé ses adeptes et, en quelques semaines, il s’est inscrit dans les habitudes des gourmands : « Je vais réapprovisionner les casiers deux à trois fois par jour. Je ne m’attendais pas à ce que ça marche aussi bien et surtout aussi vite ». Lola Campagne suit les ventes via une application qui lui signifie lorsque les casiers sont vides, un système qui a motivé son choix d’installer le distributeur à Osmets, où elle réside : « Ça induit pas mal d’allers-retours, là je ne suis qu’à quelques centaines de mètres, le côté pratique est évident. Ça manquait, le premier supermarché est à 10 km. On a des distributeurs de pains ou de pizzas mais le soir ou à midi c’est pratique ».

Lola Campagne

© Lilian Cazabet / La Vie Economique.

UN RAYON DE 15 À 20 KM

D’après les premiers retours, elle est même en mesure de situer la provenance de ses clients : « Il y a ceux du village mais aussi ceux des communes alentours, situées dans un rayon de 15 à 20 kilomètres, l’air de rien ça fait du monde ! J’ai des clients de Rabastens-de-Bigorre, les Tarbais qui travaillent à Tri-sur-Baïse ou au contraire, ceux de Tri-sur-Baïse qui travaillent à Tarbes… Et beaucoup d’infirmières libérales ». Des salariés ravis de trouver un bao de bœuf mariné, des lasagnes végétariennes, des verrines cheesecake ou un tiramisu mais également les produits phares de son épicerie fine : granola au miel, myrtilles ou chocolat, fromage à tartiner ou caramel beurre salé à la fève de Tonka. Des petits délices que de nombreuses boutiques tarbaises distribuent par ailleurs et qui font partie de sa signature, désormais connue. Sur le long terme, les propositions du distributeur automatiques sont susceptibles d’évoluer car la chef envisage d’y inclure des plateaux apéritifs lors de la Coupe du Monde de rugby et y ajouter des entremets, notamment le week-end.

PASSION CUISINE

Lola Campagne a choisi le système du Casier Français, spécialiste de ces outils de vente à emporter qui favorisent le circuit court : « C’est un investissement qui s’élève entre 25 000 et 30 000 €, ça reste un budget mais j’avais vraiment envie de me diversifier. Ça fait six ans que je suis installée comme traiteur à domicile. ». Passionnée de cuisine et vraie touche à tout, la chef de 31 ans, originaire du Tarn-et-Garonne, a d’abord suivi des études d’art qui l’ont menée à Bayonne. Une voie qu’elle quitte pour passer un titre professionnel de cuisine et après de nombreux stages dans les étoilés, un traiteur, en brasserie et même en collectivité, elle opte pour le statut de chef et traiteur à domicile : « Je me sers de ce qu’il y a sur place, dans la salle des fêtes ou chez les gens, je n’amène ni le matériel ni la vaisselle. Je fais tous les petits événementiels, les baptêmes, les communions, les mariages… ça marche de plus en plus ».

Lola Campagne

© Lilian Cazabet / La Vie Economique.

L’ARTISTE DU WEDDING CAKE

Le bouche-à-oreille et les réseaux sociaux lui ont assuré une solide clientèle, très connue pour ses gâteaux personnalisés, Lola Campagne développe les « wedding cake » (gâteaux de mariage) depuis 3 ans et sa spécialité composée d’un tombé de macarons est presque devenue sa carte de visite : « Je l’agrémente avec des fleurs, même si je fais de la pâtisserie classique et des mignardises, c’est vrai que les cake design fonctionnent très bien ». En fonction de ce que veulent les clients, Lola Campagne leur compose des menus sur-mesure, avec un seul impératif : des produits locaux qui suivent les saisons. Aucun défi ne l’effraie, des grosses prestations à 218 convives aux mariages de 80 personnes uniquement végans et végétariens, elle les relève tous sans tomber dans la facilité. Seule aux fourneaux, Lola Campagne travaille à l’instinct et elle qui avoue « détester la routine », démontre que les zones rurales regorgent décidément de dynamisme… Au point que ce sont désormais les urbains qui sont obligés d’aller à Osmets pour se régaler.