Couverture du journal du 20/04/2024 Le nouveau magazine

La Tour des Vents, une nouvelle dimension

Dordogne - Le domaine de la Tour des Vents a pris du volume ces dernières années : après Le Bistrot de Malfourat, créé en appui de la table étoilée, des hébergements de rêve ouvrent ce mois de mai pour fixer la clientèle sur la colline de Monbazillac. Moments magiques, à quelques minutes de Bergerac, avec vue panoramique sur le vignoble.

Tour des Vents

Jean-Pierre Forloubeix dans la salle du Bistrot de Malfourat. Au fond, le limonaire, une pièce rare qui a fait les beaux jours de Malfourat à l’époque où on y dansait… Un instrument à contempler autant qu’à écouter © Loïc Mazalrey

 » En 40 ans, nous nous sommes toujours vouvoyés e t dit Monsieur », assure Jean-Pierre Forloubeix, fidèle compagnon d’affaires de Bernard Giraudel, « seigneur » du Vieux Logis, à Trémolat, ce lieu mythique où séjourna l’écrivain Henry Miller, ou encore Claude Chabrol lors du tournage du Boucher. Cet expert-comptable, qui fut conseil d’Hélène Darroze, des Relais & Châteaux et de nombreux étoilés, assure la coordination et la gestion du petit empire gastronomique bâti avec « le marchand de bonheur » disparu en 2019 : parfait équilibre entre le gestionnaire et le débonnaire.

UN INVESTISSEMENT À LA HAUSSE

Le président de la holding BMG, qui regroupe les activités de la SAS pour Malfourat et de la SA pour Le Vieux Logis, reste le gardien de la mémoire et s’emploie à finaliser l’aventure qu’ils avaient lancée en Bergeracois, sur le modèle de la combinaison gagnante gastro-bistrot de Trémolat, en associant les deux destinations étoilées. Cette année, Jean-Pierre Forloubeix ajoute une indispensable activité hôtelière à La Tour des Vents et son Bistrot de Malfourat, le dernier cap fixé pour le site de Monbazillac. Un investissement de 600 000 euros, autofinancé pour moitié… avec un coût de chantier 30 % plus élevé que le devis initial, prix des matériaux oblige.

PARACHEVER L’ŒUVRE D’UNE VIE

« Ici, nous ne sommes ni à Monbazillac, ni à Bergerac : c’est chez nous », confie celui à qui ce coin de colline doit une belle valeur ajoutée. C’est avec sa fille, Valérie Bramery, que Jean-Pierre Forloubeix transforme l’établissement repris en 2015 à la chef étoilée Marie Rougier. Les murs aveugles de la grande salle de Malfourat ont laissé place à des baies largement ouvertes sur le vignoble et la vallée.

L’adresse est un incontournable des déjeuners de travail et de groupes, à quelques kilomètres du centre de Bergerac.

Tour des Vents

© Loïc Mazalrey

Bernard Giraudel est décédé avant d’avoir vu la fin de ces travaux, mais ce qu’il avait prévu est bien advenu : l’adresse est un incontournable des déjeuners de travail et de groupes, à quelques kilomètres du centre de Bergerac.

ORIENTATION ŒNOTOURISTIQUE

L’absence d’hébergement restait un obstacle, aussi bien pour le restaurant gastronomique que pour les réceptions organisées à Malfourat. Les autorisations ont été longues à obtenir, le chantier difficile, mais trois lodges se dressent désormais en face de l’établissement, avec vue sur l’autre versant du coteau, des vignobles en pente douce avec un faux air de Toscane. Ces chalets en bois sont conçus et réalisés par l’entreprise Nid perché® de Rémi Becherel (Beaumontois-en-Périgord), bien connue pour ses cabanes perchées dans les arbres. « Nous avons imaginé ce lieu pour vivre dans la nature avec un niveau de confort exigeant. Chaque loge- ment est équipé d’un spa en terrasse. Nous proposons des vélos mais aussi des balades en quad ou trottinettes électriques, avec Les randos de Nico, à Ribagnac. » (lire notre dernier numéro). Des viticulteurs ont adhéré au projet pour des visites, qui pourront aussi se faire chez des conserveurs à la ferme ou des artisans d’art. « L’intégration à l’environnement local est essentielle. » Et les anciennes idées de Bernard Giraudel ont encore de beaux jours pour séduire les clients, avec des paniers pique-nique réfrigérés qualité luxe pour la balade.

HÉBERGEMENT DU PERSONNEL

Autre chantier mené à bien ce printemps, dans une maison acquise à proximité et entière- ment remaniée : la réalisation de quatre chambres et suites avec spa privatif, une salle de fitness, ainsi qu’une salle ouverte à la location pour accueillir une quarantaine de personnes (séminaires, réunions d’associations ou de famille). Et, dans une partie de ce bâtiment avec entrée distincte, des logements ont été aménagés à destination du personnel, attention bienvenue dans un contexte de recherche active de saisonniers.

« Chaque logement est équipé d’un spa en terrasse. »

Une action concertée avec des propriétaires privés alentours permet de compléter l’offre à destination de la clientèle avec une vingtaine de chambres.

Tour des Vents

Les terrasses des nouveaux lodges sont ouvertes sur une partie du vignoble moins connue que la vallée de la Dordogne © Loïc Mazalrey

VIOLON DANS LES VIGNES

Au pied de la Tour, le plus ancien bâtiment de la région (1457) qu’une association se mobilise pour restaurer, le temps semble suspendu. Passé et idées neuves s’épousent pour faire vivre l’ensemble, à l’orée de la saison. Les dirigeants imaginent des marchés paysans et aimeraient décorer le château d’eau avec une fresque, s’ils trouvent un street-artiste au prochain festival de Bergerac.

Tour des Vents

© Loïc Mazalrey

Avec deux gammes et deux équipes de cuisine, sous l’impulsion de chefs très investis, l’offre répond à des demandes en évolution. Le gastronomique va proposer des soirées à thème avec des auteurs, des vignerons, des trufficulteurs pour un partage autour de ces centres d’intérêt. Et cet été, il est question d’installer le chef étoilé Damien Fagette et son équipe dans la proche prairie pour un barbecue haut de gamme, à prix adapté. Deux soirs par semaine, sur la terrasse, les clients se régaleront avec un « violon dans les vignes », tandis que le bistrot devrait créer, de son côté, des soirées jazz et formules repas-spectacle à prix abordable. À Malfourat, la cuisine évolue vers une offre authentique et traditionnelle plébiscitée par la clientèle. Depuis le 1er mai, un semainier de menu est adressé à un fichier d’entreprises. Sur ce créneau d’affaires, un tarif préférentiel est aussi proposé aux structures locales pour promouvoir la toute récente offre hôtelière.

MONBAZILLAC ET TRÉMOLAT À L’UNISSON

92 salariés travaillent à l’année dans les deux sites du groupe, à Trémolat et Monbazillac, 114 en saison. Avec une préoccupation de recrutement de plus en plus vive. Et le souci de la transmission. L’an prochain, Jean-Pierre Forloubeix cèdera ses titres du Vieux Logis à ses cadres, s’ils souhaitent s’en saisir, dans le sillage de ce que souhaitait Bernard Giraudel. En effet, celui-ci avait anticipé sa succession en s’appuyant sur la loi Dutreil : il comptait parmi les sept premières entreprises françaises agréées. Quatre cadres de Trémolat avaient reçu 45 % des parts, aux côtés d’associés également impliqués à Malfourat.

Des logements ont été aménagés à destination du personnel, attention bienvenue dans un contexte de recherche active de saisonniers.

Le site bergeracois, désormais parfaitement et élégamment calibré, attire déjà des convoitises, vents porteurs venus de la proche côte Atlantique. L’énergique capitaine tient la barre stratégique et travaille encore plus que de raison. Il fixe résolument la magnifique ligne d’horizon, avec le soutien de sa fille Valérie qui dirige l’équipage au quotidien et de son petit-fils, qui rejoint l’aventure familiale et développe la communication digitale. Voir loin, toujours. ■

Tour des Vents

Le maître des lieux a choisi des photos de Loïc Mazalrey (pour La Vie économique en Dordogne) pour orner les murs du tout récent gîte © Loïc Mazalrey