Couverture du journal du 01/05/2025 Le nouveau magazine

Lannemezan met le cap sur l’hydrogène

Le maire de Lannemezan, Bernard Plano, qui se définit comme « chef de projet de son territoire », a fait de la réindustrialisation de sa commune son cheval de bataille. Il mise fortement sur les énergies renouvelables, un moyen pour lui de se soustraire aux risques de délocalisation.

Bernard Plano, Maire de Lannemezan (65) © Lilian Cazabet - La Vie Economique

La Vie Economique : En début d’année, le groupe Qair et Airbus ont annoncé un protocole d’accord pour la construction d’une unité de production d’électro-carburants pour l’aviation, dits e-SAF, à Lannemezan. Pouvez-vous nous en dire plus sur ce projet ?

Bernard Plano : « Sur 14 hectares d’anciens terrains, qui appartenaient à Pechiney où étaient stockées des terres fluorées, (NDLR, l’industriel français de l’aluminium qui a fermé son usine de Lannemezan en 2008), un acteur espagnol voulait installer des panneaux photovoltaïques. Mais, nous avions en tête un projet avec une plus forte valeur ajoutée. Le groupe espagnol DH2 Energy nous a alors proposé un électrolyseur de 10 MW pour produire de l’hydrogène. Cette idée a continué d’évoluer et, en 2019, j’ai rencontré au détour d’un salon, Qair, un groupe montpelliérain qui développe des projets d’énergies renouvelables. Venant du photovoltaïque, ce groupe était en évolution stratégique et se tournait vers l’hydrogène. Hylann, la contraction d’hydrogène et de Lannemezan, est né en 2020 du partenariat entre Qair et DH2 Energy autour de la mise au point d’un électrolyseur de 70 MW. »

LVE : Pourquoi êtes-vous allé vers les carburants pour l’aviation ?

B. P. : « Avec de l’hydrogène injecté dans le gaz, on vient décarboner la combustion et proposer de la mobilité plus verte. L’idée est donc de produire du carburant et d’utiliser le carbone de façon vertueuse. Pour le kérosène de synthèse, ou e-SAF, nous avons été en contact avec Airbus et l’idée s’est avérée bonne. Nous lançons donc la construction d’une usine d’e-SAF sur 24 hectares pouvant produire 70 000 tonnes de kérosène de synthèse à partir de 40 000 tonnes d’hydrogène. C’est un gros projet avec un investissement conséquent et des emplois à la clé. Nous comptons poser la première pierre début 2026. La construction se fera sur trois ans avec une livraison de la première goutte en 2029. 200 emplois sont à la clé. »

« Je voulais recréer 800 emplois, ce qui est aujourd’hui un objectif attein…