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Legal Tech : Lawxer monte à Paris

Basée à Bidart, la start-up Lawxer intègre l’incubateur du Barreau de Paris pour y développer son application d’analyse de contrats. Utilisant l’intelligence artificielle, c’est un outil au service des avocats et des directions juridiques mais également une réponse à l’inflation législative.

Maison des Avocats de Paris Lawxer

Maison des Avocats de Paris © D.R.

« Lawxer propose une analyse rapide des contrats pour en évaluer les risques juridiques via un Juriscore. Nous fournissons ensuite des suggestions pour améliorer chaque clause du contrat », résume François Gorriez, avocat installé sur la Côte basque. Avec Serge Liatko, en charge du développement informatique de l’application, ce spécialiste du droit des nouvelles technologies travaille sur le projet Lawxer depuis deux ans. Depuis septembre dernier, les deux associés se sont installés au sein de l’incubateur de l’ESTIA du technopôle Izarbel de Bidart pour y développer leur société. En novembre, la Communauté Pays Basque leur a accordé une bourse d’incubation de 15 000 euros.

François Gorriez, Lawxer

François Gorriez © D.R.

Un Juriscore pour évaluer un contrat

Preuve de sa pertinence, le projet Lawxer a été retenu par l’incubateur du Barreau de Paris (hébergé à la Maison des Avocats de Paris) qui sélectionne deux à quatre startups par promotion. Depuis début janvier, et pour trois mois, l’application Lawxer bénéficie de cet écosystème d’innovation juridique et judiciaire réservé aux jeunes sociétés de la « Legaltech » détenues à minima à 51 % par un avocat. Prévue pour fonctionner en mode SaaS (Software as a Service), cette application analysera les contrats, identifiera les risques, pointera les clauses à améliorer et proposera des suggestions d’évolutions. Lawxer fournira même un « Juriscore » à l’exemple de la célèbre application Yuka qui évalue la qualité d’un produit alimentaire via un scan de son étiquette.

L’intelligence artificielle au service des avocats

Dans son discours d’investiture du 11 décembre 2023, Pierre Hoffman, bâtonnier du Barreau de Paris pour la mandature 2024-2025, avait évoqué l’intelligence artificielle comme un outil « porteur d’une révolution dans notre profession, supprimant des pans entiers d’activités grâce auxquels nous vivons mais assurant aussi la création de nouveaux métiers. » Avec sa technologie basée sur l’intelligence artificielle, Lawxer répond parfaitement aux évolutions des professions juridiques.

La start-up est hébergée pour trois mois à la Maison des Avocats de Paris et bénéficie d’un écosystème réservé aux jeunes sociétés de la « Legaltech »

Une aide à la décision

Lawxer se présente comme une solution technique d’aide à la décision pour les avocats et juristes d’entreprise.  « C’est un projet qui part du constat de l’inflation législative et réglementaire avec de nombreux référentiels qui ne facilitent pas l’accès au droit », affirme François Gorriez. L’inflation législative est toujours plus importante année après année et le droit des contrats n’échappe pas à ce phénomène. L’inflation législative était justement l’un des sujets principaux de la « Grande Rentrée des Avocats – le rendez-vous de tous les avocats de France » organisée le 28 septembre à Paris par le Conseil national des barreaux.

Six mois de tests

En proposant d’analyser un volume de pages illimitées d’un contrat, d’en confronter chaque clause à son référentiel, d’identifier les non-conformités, en présentant un modèle adapté pour faire évoluer la clause, l’application peut faire gagner du temps à un avocat et lui faire remonter des informations difficilement perceptibles. Dans les six prochains mois les tests avec les avocats et directions juridiques seront approfondis. La solution sera ensuite commercialisée via un achat de crédits d’analyse en fonction du nombre de pages à analyser. Afin d’assurer une croissance rapide, l’entreprise entrera probablement dans une phase de levée de fonds durant l’année 2024.

Expert des NTIC et de la cybersécurité

Avocat spécialisé dans le droit des nouvelles technologies, François Gorriez a également travaillé au sein de la direction juridique de l’entreprise de services numériques Inetum en l’accompagnant dans son développement sur la zone Europe Afrique Moyen-Orient et en menant des projets liés à la transformation digitale. François Gorriez a ensuite occupé les fonctions de responsable juridique chez Tehtris, éditeur français de solutions de cybersécurité, afin de participer à la structuration juridique de la sosciété jusqu’à sa levée de fonds en série B. Auteur du livre « Le droit de la Cybersécurité », récompensé par le Prix Cybersécurité du Forum international de la cybersécurité en 2021, il intervient régulièrement lors de conférences et de formations sur des sujets liées à l’innovation, l’intelligence artificielle, l’éthique des affaires, la cybersécurité.