Couverture du journal du 01/05/2025 Le nouveau magazine

Les DRH à bout de nerfs

ENTREPRISES – Alors que la pandémie de Covid a remis en lumière et accentué la dégradation de la santé mentale, notamment chez les jeunes, le Premier ministre, Michel Barnier, s’est emparé de la question dans son discours de politique générale : la santé mentale sera la prochaine grande cause nationale en 2025. À l’occasion de la journée mondiale dédiée au sujet, le 10 octobre, l’ANDRH a organisé un webinaire sur la santé mentale des professionnels RH, mettant en avant les signes avant-coureurs du burn-out et les clés pour s’en sortir.

DRH

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« Je me suis purement et simplement laissé écraser par mon travail qui était à la fois passionnant, lourd en volume et un peu oppressant. » Alors qu’il travaillait en tant que DRH dans une organisation « avec de beaux défis et de beaux enjeux », Emmanuel Gobin a fait un burn-out : « Je me suis retrouvé par terre dans mon bureau sans connaissance », soit plusieurs dizaines de minutes qu’il a « complètement oubliées. C’est une notion importante du traumatisme que l’on peut vivre, à un moment le cerveau se déconnecte », raconte-t-il. Lydia Martin, docteur en psychologie et psychologue du travail, explique que pendant un burn-out, « la tête n’est plus là, c’est le corps qui va décider ».

Hyperactivité psychique

La phase de « burning », qui précède un burn-out se caractérise par « une hyperactivité psychique » et par un « déni de soi » pendant lequel la personne « n’écoute pas ce corps » et se crée des arguments pour « essayer d’externaliser la situation, pour la légitimer, pour se justifier », explique Emmanuel Gobin. Il illustre son propos en utilisant le générique du film Mission impossible : « Dans le burn-out, à un moment donné, il y a une mèche qui s’allume. On ne sait pas encore jusqu’où ça va brûler, ça va prendre du temps ». De Mission impossible, l’ancien DRH est passé à « Charlie Chaplin des temps modernes ». Un Charlie Chaplin « tellement soucieux de la qualité des engrenages qu’il les nettoie avec un chiffon. À un moment donné, il est emmené par un rouage ». Pourtant, le DRH avait eu des signes avant-coureurs qu’il n’a pas écoutés, comme la disparition de son sommeil. « Ce n’est matériellement plus possible de dormir au sens physique du terme, puisque plus on a de dossiers, plus il faut rajouter une petite heure supplémentaire chaque jour p…