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Les mutations de l’irrigation

Éric Frétillère, président d’Irrigants de France, a fait un point récent sur les enjeux du maintien et de la préservation d’une irrigation durable.

Éric Frétillère, président d'Irrigants de France IRRIGATION

Éric Frétillère, président d'Irrigants de France © D.R.

Sur son exploitation de Saint-Rémy-sur-Lidoire, lui-même a recours à deux réserves d’eau pour travailler les 160 hectares, dont 100 en maïs grain. L’organisation qu’il préside représente 75 000 producteurs concernés par cette question devenue cruciale dans un contexte climatique et environnemental tendu : le sujet du partage et du stockage de l’eau, de l’accès à cette ressource et de son usage, suscite au mieux le débat, au pire de violents conflits comme à Sainte-Soline ce printemps.

Orientant les regards sur « la réalité de l’irrigation sur nos territoires », Éric Frétillère souligne l’importance de conserver une souveraineté et une sécurité alimentaire, de pérenniser les petites et moyennes exploitations par l’accès à l’eau. Cet accès « est déjà indispensable par endroit, et le sera davantage demain pour continuer à produire ».

COHÉRENCE DES POLITIQUES PUBLIQUES ET GESTION LOCALE

Son association pointe trois priorités. Tout d’abord, « si l’eau potable doit rester la priorité, nous appelons à faire de l’agriculture le deuxième usage prioritaire de la ressource tel que fixé par la directive cadre sur l’eau », avec la création d’un secrétariat général de l’eau pour une gouvernance des projets de territoire à une échelle locale.

Le stockage est l’une des solutions mobilisables à l’échelle locale

Le président périgourdin d’Irrigants de France, qui est aussi vice-président d’Irrigants d’Europe, prône un accès à la ressource et au développement du stockage : « sans eau d’irrigation, il n’y aura plus d’alimentation demain », avec l’impact qu’on imagine sur l’ensemble de l’activité agroalimentaire.

Il ajoute que « le stockage est l’une des solutions mobilisables à l’échelle locale », avec des projets ouverts aux attentes sociétales, « nourrir la population, préserver le milieu, maintenir la biodiversité et produire de l’énergie décarbonée ».

MISER SUR L’INNOVATION

Enfin, il appelle à investir dans l’innovation : « en 20 ans, la France a réalisé 30 % de gain d’efficience en irrigation grâce à l’évolution des pratiques, des matériels et des connaissances ». Il invite à poursuivre sur la voie de la recherche variétale et génétique des plantes (nouvelles techniques d’édition génomique, etc.), l’accès à des matériels innovants (outils d’aide à la décision, stations météo), démultiplication des données et précision des pratiques d’irrigation par la data et le numérique.

Pour Éric Frétillère, c’est la combinaison des projets de stockage, de réutilisation des eaux usées traitées, d’amélioration des pratiques, d’investissement dans la recherche et de développement d’innovations qui permettra de relever le défi pour l’autonomie alimentaire.

REPRÉSENTATION

Irrigants de France représente les 75 000 agriculteurs irrigants du pays, toutes filières confondues. L’organisation a pour mission principale « de valoriser et défendre l’irrigation auprès des décisionnaires nationaux et européens, d’informer les irrigants de l’actualité et des évolutions réglementaires et législatives et de promouvoir la réalité de l’irrigation française auprès de l’ensemble des parties prenantes ».