Couverture du journal du 06/04/2024 Le nouveau magazine

MILC Industry, la mobilité légère à pas de géant

Forte d’un bureau d’études performant et d’ateliers de prototypages, MILC Industry, basée à Labarthe-de-Neste, est devenue une référence dans l’univers du vélo et de la mobilité douce. L’entreprise prévoit un plan de développement de 4 millions d’euros qui comprend 27 créations d’emplois.

MILC Industry

Thomas Lecompte, un des associés fondateurs de MILC Industry. ©D.R

Bien avant de franchir l’entrée de MILC Industry, le spectacle est déjà sur le parking. Dans une bonne humeur communicative, passager et conducteur testent un engin à deux roues, assis dos à dos au ras du sol, ils accélèrent et enchainent les virages imaginaires… Ayant toute sa place dans une scène de Mad Max, le véhicule futuriste ne ressemble à rien de connu : s’il n’est pas conçu par MILC Industry, il résume parfaitement la philosophie de cette entreprise unique en son genre. En ce vendredi après-midi, alors qu’ils sont en repos, quelques salariés en profitent pour apposer leur savoir-faire aux projets les plus fous de créateurs inspirés qui viennent les solliciter.

UN BUREAU D’ETUDES ET DES ATELIERS

Le vélo est le cœur de MILC Industry mais son battement n’est pas linéaire, il s’emballe aussi bien pour les cycles classiques que les vélos cargos, les véhicules intermédiaires à 2, 3 ou 4 roues comme les poussettes ou les déambulateurs, les mobylettes électriques… Un univers dédié à la mobilité de demain que Thomas Lecompte, un des associés fondateurs avec Frédéric Bernard et Alexandre Guiral, résume en riant : « N’importe quel petit véhicule qui a un cadre et un châssis est de notre ressort ! ». Les ateliers de fabrication créés en 2013 en sont la face la plus visible mais ils n’existeraient pas sans Antidote Solutions, le bureau d’études dédié à la mobilité légère. Les deux entités de l’entreprise s’articulent et se complètent, comme l’explique le dirigeant : « Au bureau d’études, on traduit les idées des clients pour les rendre réalisables. On sort des véhicules prêts à être industrialisés, avec toute l’ingénierie, les stratégies marques et produits mais aussi tout ce qui est de l’ordre du développement des solutions techniques, des châssis, des véhicules électriques ou des motorisations ». Autant d’innovations qui prennent vie dans les ateliers de la micro usine MILC où ils sont prototypés en vue d’une commercialisation future.

MILC INDUSTRY

© D. R.

UNE REFERENCE DANS LE MILIEU

Un combo gagnant qui emploie désormais 23 personnes à Labarthe-de-Neste et travaille aussi bien pour les « petites » marques du vélo que des géants comme Décathlon ou des assembleurs cycles de renom français, suisses ou italiens. Tous sollicitent Antidotes Solutions sur des domaines d’expertise très précis : «On ne travaille qu’en B2B, on est co-traitants de toutes les marques de vélo ou de solutions de mobilité légère qui ont envie de vendre leurs produits ». Fabrication de châssis grâce aux compétences en chaudronnerie, machines d’assemblage de roues et unités de production d’assemblage de véhicules dopées par toute la logistique associée, MILC Industry a réussi à devenir une référence dans ce milieu de niche des nouveaux produits qui concurrencent l’auto et a atteint le million d’euros de chiffre d’affaires pour le dernier exercice.

Projet d’envergure

Une belle réussite qui fait office de première étape et c’est un véritable tournant qu’entreprend MILC Industry avec le plan de développement V-MOCC qui s’élève à 4 millions d’euros dont 1 million en levée de fonds. Un investissement qui va permettre de booster « un outil industriel de fabrication de cadres et châssis spécifiques pour l’industrie du vélo et de la mobilité ». Aujourd’hui, 500 cadres sont fabriqués, le but est d’en produire 25 000 : « On veut intégrer sous le même toit des process de soudure, collage, pour qu’on puisse entrer dans l’industrialisation, on n’a pas vocation à devenir une usine d’assemblage ». Un projet d’envergure qui comprend une forte création d’embauche avec 50 employés visés en 2028.

Sur les 2,6 millions de vélos vendus dans l’hexagone, seuls 10 000 cadres sont fabriqués en France

RELOCALISER LE MARCHÉ

Le marché s’inscrit dans un contexte mondial dont les chiffres sont sans équivoque : sur les 2,6 millions de vélos vendus dans l’Hexagone en 2022, seuls 10 000 cadres ont été fabriqués en France… dont 500 par Milc Industry : « Il y a une vraie marge de manœuvre et une dépendance à l’Asie qui est gigantesque, l’enjeu est de prendre une petite part de marché en proposant à des acteurs industriels des solutions de relocalisation ». Pour les gros volumes, le Portugal ou la Bulgarie en avancent quelques-unes mais en France, les alternatives pour les volumes intermédiaires sont rares. Et l’entreprise des Hautes-Pyrénées compte bien peser dans cette tranche.

UNE LEVEE DE FONDS D’1 M€

La levée de fonds d’un million s’appuie sur cette relocalisation de savoir-faire et d’emploi local, à ce jour la moitié a déjà été perçue : « Le vélo a été identifié comme un investissement stratégique sur les années qui arrivent, nous ça fait dix ans qu’on est là et on justifie encore mieux notre place par rapport à d’autres qui surfent sur la vague et s’empressent de créer des choses ». Sur les 4 millions d’euros, 3 concernent l’achats de machines, notamment des robots collaboratifs et pas seulement programmables pour que l’expertise reste dans la main de l’homme, et 1 renforcera les équipes. Jusqu’en 2025 MILC Industry va rester dans les locaux de Labarthe-de-Neste et devrait ensuite s’installer à Lannemezan, sur la friche industrielle du CM 10.