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Périgord numérique : l’attractivité par le très haut débit.

La Dordogne est l’un des trois plus vastes départements de métropole sur lequel se tisse un réseau fibré que le Conseil départemental a voulu 100 % public. Les représentants de Périgord Numérique ont fait un point sur ce chantier indispensable aux entreprises et aux particuliers à l’heure du télétravail.

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En dehors de l’agglomération de Périgueux (et les 12 communes de sa configuration initiale) et de Bergerac, qui ont contractualisé avec Orange, le reste du territoire dépend de Périgord Numérique pour le déploiement de la fibre (489 communes). Objectif : achever les travaux fin 2024 pour que tous les Périgourdins qui le souhaitent bénéficient du « Fiber to the home » fin 2025.

DÉSENCLAVEMENT NUMÉRIQUE

La volonté de désenclaver le département par les télécommunications avait commencé par une montée en débit sur le cuivre au niveau des nœuds de raccordement téléphonique, ce qui donnait déjà un ADSL efficace. Puis le Conseil départemental n’a pas voulu rater le virage de la fibre, avec le souci de le contrôler : « Passé l’effort initial, Périgord Numérique aura un retour sur investissement puisqu’il est propriétaire de ce réseau et encaissera la redevance des opérateurs », souligne Germinal Peiro, président du syndicat mixte. « Le choix du 100 % public est plus rentable à terme. Et surtout, il garantit une égalité de traitement sur l’ensemble du territoire. » Périgord Numérique réunit des comités de pilotage pour le suivi et surveille les attributions de lots. « Des entreprises locales de BTP ont ainsi pu travailler et se maintenir grâce à ces chantiers, leur savoir-faire sera utile pour l’entretien dont nous aurons la charge. » Au niveau de l’emploi local, des formations aux métiers de la fibre ont été organisées avec l’Afpa.

« La télémédecine a aussi besoin de la fibre pour se développer en zone rurale »

RETOUR SUR INVESTISSEMENT

L’assemblée départementale avait voté à l’unanimité l’option publique. Thierry Boidé, vice-président du syndicat mixte et conseiller départemental d’opposition, insiste sur la configuration géographique de la Dordogne, qui induit un important coût à la prise. « Notre réussite passera par le taux de raccordement et chaque maire doit s’investir pour inciter ses administrés à s’abonner. » Il cite l’installation d’un professionnel de l’architecture dans les bois de sa commune du Montponnais : grâce à la présence de la fibre, il y travaille en complément de déplacements vers Bordeaux. La montée en puissance du télétravail depuis la crise Covid devrait multiplier ce type d’organisation, au bénéfice de la campagne périgourdine.

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La French Tech Périgord Valley réunit toujours plus de start-ups, la télémédecine en zone rurale a aussi besoin de la fibre pour se développer, et elle devient un critère de choix pour les locations touristiques.

LA FIBRE EN CHIFFRES (au 31 décembre 2022) :

20 643 km d’infrastructures à terme

Première phase : 76 501 prises optiques dans 175 communes (114 totalement réalisées, 61 partiellement).

Seconde phase : 153 592 prises dans 391 communes. 235 957 prises optiques prévues (88 028 construites)

500 millions d’euros de travaux (dont 22 % financés par l’État) 54 269 foyers éligibles

12 350 abonnés ont déjà souscrit

QUALITÉ DE TRAVAUX

Le Département investit 5 millions d’euros par an pendant quatre ans, la Région de même et 220 mil- lions d’euros ont été empruntés auprès de banques confiantes dans ce modèle économique de réseau public loué aux opérateurs : 1,1 M€ de recettes sur la première année, 4,4 M€ la suivante… Et plus il y aura d’abonnés, plus les paiements de location arriveront à Périgord Numérique. Voilà pour cette option de financement public, au-delà de réduire et maîtriser la durée des chantiers.

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Le choix du 100 % public est plus rentable à terme. Et surtout, il garantit une égalité de traitement sur l’ensemble du territoire.

Tous les Périgourdins auront la possibilité de se brancher sur la fibre bien avant l’échéance de la fin du cuivre, annoncée pour 2030. Pour ce qui est de comparer l’avancée en Dordogne avec la situation de départements voisins, Jean-Philippe Sautonie, directeur de Périgord Numérique, s’appuie sur les chiffres : 230 000 prises en Dordogne avec un habitat très dispersé pour 40 000 en Lot-et-Garonne et 110 000 en Corrèze, avec certains réseaux en aérien. L’infrastructure périgourdine est faite pour durer, avec une rigueur sur la qualité des travaux et un réseau vérifié (5 % d’échec ici pour 30 % en moyenne en France), même s’il faudra veiller à sécuriser les installations, certaines étant malmenées par les intervenants eux-mêmes. ■

 

ESSENDIÉRAS, DOMAINE CONNECTÉ

Parmi les entreprises déjà connectées au très haut débit, on compte Repetto (Saint-Médard-d’Excideuil), la FEDD (Sainte-Alvère), Guyenne Papier (Nanthiat), le groupe Bernier à Saint-Jory-Lasbloux ou encore Delmon Group à Terrasson. Près d’Excideuil, le domaine d’Essendiéras s’étire sur 360 hectares, organisé autour d’un golf, de gîtes, d’un camping et d’un château. Floris Bakker, jeune PDG de ce fleuron touristique, reçoit une clientèle internationale. Jusqu’à 400 personnes se côtoient sur le site et l’ADSL n’avait plus la capacité de satisfaire les résidents. Avec la fibre, même si tous se connectent en même temps, le site est à un tiers de sa capacité d’utilisation (débit de 100 mégabits par seconde, excellente connexion wifi).

Ce grand saut numérique est un argument au même titre que la qualité d’accueil et la beauté des paysages pour ce domaine familial du Périgord vert.