Sur le papier, le rêve et l’entreprise semblent inconciliables. Comment faire rentrer nos rêves, par nature très personnels, dans le domaine professionnel ? Cette question, Rana Badarani tente d’y répondre depuis plus de dix ans maintenant. Cette Franco-Libanaise est arrivée en France en 2001, sans parler un mot de français. « J’ai pris des cours pendant 18 mois et j’ai dû renoncer à mon rêve qui était de travailler dans la publicité. » Mais pas pour longtemps.
De la publicité à l’entrepreneuriat
À 26 ans, avec deux enfants, elle décide de reprendre ses études à l’European Communication School (ECS) de Toulouse. La jeune femme décroche un stage de six mois dans une agence à la fin de ses études. « J’ai pu enfin réaliser ce rêve de travailler dans la publicité. J’étais en contact avec les créatifs, les clients. J’étais responsabilisée. » Mais plutôt que de continuer dans cette voie, Rana Badarani va bifurquer. « J’avais réalisé mon rêve. La sensation était fantastique. Alors j’ai voulu la faire sentir aux autres. Mon objectif désormais, c’était ça : réaliser les rêves des gens. »
Cadeaux personnalisés
Elle lance en 2013 sa société « Com un Rêve » et ambitionne de faire rentrer le rêve en entreprise. « L’idée, c’est de personnaliser les cadeaux qu’offre l’entreprise lors de bonus annuels ou lors d’événements comme un départ à la retraite. » Terminée la carte-cadeau dans un magasin quelconque, Rana veut frapper juste. Elle réalise l’un de ses premiers contrats avec l’hôtel Radisson Blu de Toulouse. « Chaque année, le meilleur salarié est récompensé par un séjour dans un hôtel du groupe. Ils ont voulu changer et réaliser le rêve du vainqueur. » De quoi motiver les troupes ! « En entreprise, on pense trop souvent qu’il faut laisser ses rêves à la porte. Je crois au contraire que les entreprises ont tout intérêt à sensibiliser les salariés à leurs rêves pour les conserver et révéler leurs talents. »
« Les entreprises ont intérêt à sensibiliser les salariés à leur rêve »
Le pouvoir des rêves
Après quelques années, l’initiative de Rana Badarani commence à faire parler d’elle. « J’ai été invitée pour parler devant des dirigeants d’entreprises du monde entier. Mais je ne savais pas trop quoi leur dire. » Plutôt que de faire sa publicité, la jeune femme innove. « Je voulais qu’ils portent le message du pouvoir du rêve dans leur pays. » Après avoir fait entrer le rêve en entreprise, elle s’attelle à un défi plus grand encore : sensibiliser chaque personne à son rêve. « Alors j’ai pensé à créer une journée internationale des rêves. »
Mais elle n’est pas seule sur le créneau. L’initiative du « World Dream Day » existe en fait depuis 2012. Cette Journée a été créée par Ozioma Egwuonwu, conférencière, éducatrice et leader d’opinion de renommée internationale. Rana contacte Ozioma en 2020. L’année suivante, Rana Badarani décide d’organiser la première Journée mondiale du rêve (World Dream Day) en France. Chaque année, des parrains prestigieux s’associent à l’initiative : Philippe Croizon en 2021, Alain Bernard en 2022, Virginie Delalande l’an passé et, cette année, l’ astronaute et ancien Chef du Centre Européen des Astronautes (EAC), Michel Tognini.
L’ONU en ligne de mire
Chaque année, le rêve grignote de plus en plus de place dans la société. « On célèbre le Moi(s) du rêve à Paris, il y a de nombreuses écoles et maisons de retraite qui organisent des journées du rêve », liste Rana Badarani qui multiplie les contacts et prises de parole pour démocratiser cette journée et lui donner un caractère universel. « Mon objectif est de faire reconnaître cette journée par l’ONU ! » Un rêve fou qui connaît plusieurs obstacles. Administratifs notamment. « Il faut rentrer en contact avec le ministère des Affaires étrangères, le seul habilité à parler avec l’ONU. » La dirigeante « dream planner » compte sur l’entregent de Michel Tognini pour faire passer le message prochainement.
« Je veux faire reconnaître la Journée mondiale du rêve à l’ONU »
La jeunesse à l’honneur
Il y a quelques jours, une partie de l’équipe de la Journée mondiale du rêve en France s’est retrouvée à Toulouse pour un enregistrement dans les locaux de la production TaisToiDonc. L’édition 2024 compte se focaliser sur la jeunesse. « Il ne faut pas attendre d’être adulte et regretter ensuite de ne pas avoir suivi ses rêves. » Plus de 2 000 jeunes de 18 à 20 ans vont se réunir à Colomiers pour parler de leurs rêves. « On fera remonter tout ça au ministère de l’Éducation », annonce Rana Badarani. De quoi seront faits les rêves de la jeunesse ? « Je l’ignore ! », sourit-elle. « Ce que je sais, c’est qu’il faut réaliser ses rêves pour les faire grandir, en avoir d’autres encore plus grands, plus beaux. Le rêve, ça permet d’avancer, de garder espoir, de se motiver et de surmonter les difficultés ! »