Couverture du journal du 17/09/2024 Le nouveau magazine

Thales Alenia Space : 40 ans la tête dans les étoiles

Le fabricant de satellites Thales Alenis Space a célébré les 40 ans de son site toulousain mi-septembre. L’occasion de revenir sur sa réussite industrielle, présenter ses dernières innovations technologiques et inaugurer un incubateur de start-up, le Space Business Catalyst.

thales, alenia, space, satellite, incubateur

L'incubateur de start-up Space Business Catalyst © Thales Alenia Space – Bproduction

L’aventure commence presque par un terrain vague. « C’est la mairie qui a acheté le domaine de Candie en 1976 pour permettre l’implantation d’entreprises » rappelle le maire de Toulouse Jean-Luc Moudenc. À l’époque, les hectares de terres agricoles s’étendent à perte de vue. Au loin, le château Candie construit à la fin du XIIe siècle règne sur les lieux. Rien ne laissait présager l’installation du fleuron français et mondial de l’ingénierie satellite.

Une véritable coopération européenne

C’est pourtant ici que Thomson-CSF choisit de s’installer en 1983 – notamment en raison de la proximité avec le CNES. Puis en 1998, l’entreprise devient Alcatel Space. Enfin, la fusion avec Alenia Spazio donnera Thales Alenia Space (TAS) en 2005. Le mastodonte est donc aujourd’hui aux deux tiers français (67% détenus par Thales) et à un tiers italien (33% détenus par Leonardo). Une véritable coopération européenne. Mais TAS n’en oublie pas moins ses racines puisque l’entreprise a signé une convention de mécénat avec la mairie pour le domaine de Candie. Un don d’un montant de 10 000€ : « Nous honorons non seulement notre héritage, mais aussi l’avenir que nous bâtissons avec nos partenaires locaux » se félicite Denis Allard, le directeur du site toulousain.

Thales, alenia, space, satellite, moudenc, toulouse, candie

Au centre Jean-Luc Moudenc, le maire de Toulouse et Hervé Derrey, directeur général adjoint Espace de TAS © Maxime Fayolle

Puces électroniques fabriqués à Toulouse

L’avenir passe avant tout par une autonomie de production sur certains composants. Sur ce point, le site toulousain se distingue depuis un an par un partenariat avec la société Synergie CAD (basée dans les Alpes Maritimes). « Nous fabriquons des puces électroniques complexes clé en main », précise Philippe Laban, son directeur. Alors que la pénurie de semi-conducteurs a paralysé les chaînes européennes pendant plusieurs mois, cette unité de production française est une bouffée d’air pour Thales Alenia Space.

Nous allons fabriquer 100 000 puces électroniques par an à Toulouse

Toutefois, pas de quoi concurrencer la production asiatique en quantité. L’objectif est de produire 100 000 pièces par an et les usages seront multiples. « On a des clients dans l’automobile, le médical, la téléphonie, l’intelligence artificielle … » liste Philippe Bondeau, le directeur industriel électronique de TAS. Le spatial est évidemment concerné puisque 500 puces fabriquées à Toulouse vont intégrer les satellites Space Inspire de Thales Alenia Space. Celui-ci a la particularité d’être reconfigurable en orbite, ce qui fait que les opérateurs télécoms du monde entier se sont rués sur les commandes l’an passé.

De l’ISS à Mars, en passant par la Lune

Thales Alenia Space développe des satellites aux usages multiples. Ils vont de la communication à la navigation comme Galileo, en passant par l’observation de la Terre avec le programme Copernicus ou encore par le développement d’applications militaires comme le programme français Syracuse. L’exploration spatiale est aussi un aspect phare pour TAS. L’entreprise collabore avec la Station Spatiale Internationale (ISS) en fournissant plusieurs modules. Elle développe également le vaisseau cargo Cygnus pour ravitailler l’ISS en vivres, eau et pièces de rechange. L’exploration pousse toujours plus loin puisque Thales Alenia Space fait partie du programme Artemis de la NASA pour retourner sur la Lune. Une première pierre pour préparer des missions futures vers Mars.

Un incubateur de start-up intégré

Ces ambitions toujours plus grandes poussent TAS à s’entourer des meilleurs. « En 2014, SpaceX nous a fait prendre conscience qu’on pouvait plus innover doucement » explique Vincent Clot, le directeur innovation ouverte et partenariats stratégiques de TAS.

SpaceX nous a fait prendre conscience qu’on ne peut plus innover doucement

L’entreprise s’appuie en premier lieu sur ses forces internes avec le Cluster Innovation et le Fablab qui permettent à chacun des 2 800 salariés du site toulousain de mettre en œuvre son projet innovant. Ces derniers mois, TAS est allé plus loin avec la création du Space Business Catalyst. « On recrute des start-ups prometteuses pour travailler dans nos locaux » détaille Vincent Clot. « On les accompagne pendant 6 mois. On fournit l’accès à nos experts techniques, à notre réseau commercial et institutionnel et à des investisseurs pour accélérer les projets. »

Jusqu’à présent, une dizaine de jeunes pousses sont accueillies entre Toulouse et Turin. « Les candidatures affluent depuis quelques mois » souffle Vincent Clot. Parmi les projets incubés, on note celui de la start-up slovaque IPK qui veut garantir la traçabilité numérique des images satellites mais aussi celui des français de Space Locker qui prônent le satellite partagé, c’est-à-dire coupler les usages au sein d’un seul et même satellite et ce afin d’éviter la multiplication d’objets volants au-dessus de nos têtes.