Dans un contexte national d’instabilité et des résultats touristiques en demi-teinte cet été (secteur qui pèse 30 % du PIB local), ce club des Ambassadeurs porteurs d’image des entreprises locales s’attache à valoriser celles qui se distinguent sur des créneaux d’excellence et à présenter les investisseurs qui choisissent le département. Ces acteurs « qui se bougent pour le Périgord », un « NFP façon Nouveau front périgourdin », sourit Christophe Fauvel, insistent pour montrer la diversité locale et les possibilités d’installation réussies. L’agence de développement, présidée par Laurent Deverlanges (Caviar de Neuvic), œuvre pour promouvoir le Périgord hors de ses bases — force exogène qui invitera une fois de plus les Parisiens à « Oser le Périgord », les 9 et 10 octobre, à la Maison de Nouvelle-Aquitaine — ; et les Périgourdins de Paris, association que préside Jean-Luc Soulé depuis 2015, revient fidèlement sur ses terres pour remettre les prix annuels de La Truffe (l’appel à candidatures est déjà ouvert pour l’an prochain). Ensemble, ils se mobilisent pour l’attractivité du Périgord.
Reconnaissances à l’international
Cette préoccupation se lit parfaitement dans le choix du jury, piloté par Marie-Claude Arbaudie, pour cette édition, alliance de savoir-faire patrimoniaux et de technologies innovantes. Le prix spécial du 20e anniversaire revient à Prat Dumas, la plus ancienne unité française encore en activité, à l’œuvre depuis 1309 dans la vallée de la Couze, qui a compté jusqu’à 13 moulins à papier. Entreprise du patrimoine vivant depuis 2005, année de sa reprise par la famille Faura alors qu’elle risquait disparaître, cette fabrique est plus connue à l’international qu’en Dordogne : l’unique producteur français de papiers filtre industriels et de laboratoire (chimie, pharmacie avec Pierre Fabre, cosmétique avec L’Oréal, parfumeries à Grasse) réalise la moitié de son activité à l’export (25 % en Europe et 25 % dans le reste du monde). « Les machines prototypes créées par mon père nous ont permis d’ouvrir des marchés et d’être compétitifs », explique Ramon Faura, qui enregistre une diversité de commandes et de clients, les plus importants ne dépassant jamais 10 % du chiffre d’affaires. La mesure de la liberté. Ce chiffre annuel s’élève à 1,4 million d’euros, réalisé avec neuf salariés. « On avance doucement mais sûrement, on ne cherche pas trop à grandir. »
Un lien se crée entre les deux lauréats car c’est l’autre dirigeant récompensé, Alain Dalis, qui a conçu le trophée de ce 20e anniversaire de La Truffe remis à la papeterie. Le concepteur montignacois, passé par les Beaux-Arts, a créé un atelier en 1994, puis la société Arc&Os spécialisée dans les fac-similés : Chauvet, Cosquer, Kapova et bientôt Rouffignac, autant de grottes répliquées par ce passionné d’histoire. Il reçoit un prix de 3 000 euros pour l’aider à financer du matériel 3D pour ses maquettes.
« Nous favorisons l’initiative plutôt que le succès »
Des investisseurs de tous horizons
Devant une assemblée de décideurs, élus et dirigeants, les organisateurs ont aussi mis en avant des investisseurs attachés au territoire au point d’y avoir transféré ou créé leur activité : Emmanuel Delvaux avec JM mon terroir, Benoît de la Rocque avec Récup’Palettes, réparation et vente de palettes d’occasion déplacée d’Angoulême à Vergt, 7 salariés pour 900 000 euros de chiffre d’affaires en cours de reprise par son associé ; Anthony Martinaud avec la pisciculture Fon Pepy reprise l’an passé à Saint-Jean-de-Côle ; Brice Olivry avec la reprise de CNI Nettoyage (35 emplois) à Bergerac.
Dans toutes les régions du Périgord et dans des secteurs économiques très variés, pour des transmissions ou des créations, ils ont été accueillis et accompagnés par les structures locales. « Nous favorisons l’initiative plutôt que le succès, résume Laurent Deverlanges. Dès lors que nous avons un contact, et il n’y a pas de petit contact, notre équipe assure les mises en relation. » 60 entreprises nouvelles se sont ainsi installées en 2023, pour 250 emplois. Et Initiative Périgord assure pour sa part des financements essentiels, avec des prêts gracieux jusqu’à 50 000 euros accordés à des créateurs et repreneurs, et pour le développement d’entreprises existantes (400 prêts concernant 850 emplois, soit 5 millions d’euros mobilisés pour 30 millions de la part des banques). La pérennité est de 96 % au bout de trois ans.