Couverture du journal du 07/05/2024 Le nouveau magazine

Vallade sur les chapeaux de roue

La famille d'autocaristes périgourdins est repartie de l’avant après le chaos de la pandémie qui avait fortement ralenti son activité pendant deux ans.

Vallade

© Loïc Mazalrey

Elle a renoncé à fêter son quarantième anniversaire en 2021 en raison de pandémie de Covid-19 mais entend bien se rattraper avec le quarante- cinquième en 2026. Oubliée ou presque la mauvaise passe traversée par l’entreprise pendant la crise sanitaire : la PME des cars Vallade, basée à Saint-Crépin-de-Richement, près de Brantôme, est repartie de l’avant, malgré un contexte géopolitique instable. « L’activité est bien repartie depuis octobre 2022. Certes, les gens réservent de plus en plus à la dernière minute, mais ils réservent », se réjouit Ingrid Vallade, à la tête de l’entreprise créée en 1981 par ses grands-parents, Alice et Bernard Vallade.

DANS L’ALBUM FAMILIAL

Des débuts de la saga Vallade, la jeune directrice connaît tout ou presque. Sa grand-mère, puis son père Thierry et son oncle Frédéric, tous les salariés des cars Vallade, ont souvent feuilleté avec elle le grand album familial truffé de photos de bus vintage et de souvenirs venus d’ailleurs.

« Depuis la création, notre mission est de proposer un voyage où les gens n’ont qu’une chose à faire : profiter de tout ce qui s’offre à eux, sans se préoccuper de rien d’autre. »

« Depuis 1981, date à laquelle mes grands-parents se sont lancés dans le transport collectif puis touristique, notre philosophie n’a jamais varié », reprend Ingrid Vallade.

« Depuis la création, notre mission est de proposer un voyage où les gens n’ont qu’une chose à faire : profiter de tout ce qui s’offre à eux, sans se préoccuper de rien d’autre. » Plus qu’un slogan, un engagement. Voyager avec Vallade, c’était la promesse d’un voyage plus ou moins lointain garanti sans mauvaises surprises. Détail qui n’en était pas un, le premier autocar des Vallade, acheté d’occasion au début des années 80, était équipé de sanitaires. Un luxe pour l’époque, bientôt plébiscité par les Périgourdins. « La présence de toilettes à bord avait le mérite de rassurer les clients », souligne la petite-fille des époux Vallade. « Il n’y avait plus personne pour se laisser décourager par un trajet de plusieurs centaines de kilomètres. »

À LA DÉCOUVERTE DE LA FRANCE ÉTERNELLE ET DE SES JOYAUX

À l’époque, la mode n’est pas encore aux voyages trop lointains. Les retraités de la génération Mitterrand veulent découvrir la France éternelle et ses joyaux, d’Étretat à Menton en passant par les Champs-Élysées de Paris et les volcans d’Auvergne. « Les gens partaient deux, trois jours, voire une semaine », raconte Ingrid Vallade. « Ils montaient dans le car à Brantôme et se laissaient porter jusqu’à leur retour en toute confiance. » Au volant, Alice et Bernard Vallade se chargeaient de garder le cap. Quand l’un partait, l’autre restait au bureau pour faire tourner la boutique, devenue entre- temps une agence de voyages, et vice-versa. « Chez nous, tout le monde sait tout faire », poursuit la dirigeante. Dernier maillon de la chaîne, Ingrid Vallade est la première à donner l’exemple. Touche-à-tout, elle supervise aussi bien le choix des voyages qu’elle prend le volant des cars grand tourisme pour emmener ses clients à l’autre bout du monde. « Il peut arriver que je donne un coup de main à l’équipe des chauffeurs scolaires ou des cars de substitution mis en place par la SNCF en cas de grève du personnel », indique la responsable de l’entreprise, qui a trouvé là un moyen « de ne jamais s’ennuyer ».

LES PROMESSES DU SUD

Bientôt, le catalogue de l’autocariste s’étoffe avec de nouvelles destinations qui fleurent bon la douceur du Sud. L’Espagne, le désert marocain ou plus près de nous, la Corse, agissent comme des aimants auprès de la clientèle périgourdine. « Il y a eu de plus en plus de demandes pour les grands voyages à l’étranger », se souvient à son tour Alice, la cofondatrice des cars Vallade dont elle reste, encore aujourd’hui, l’un des piliers tout en étant en âge de prétendre à la retraite.

« Les clients nous réclament de plus en plus des circuits en train dans des espaces préservés du tourisme de masse en Suisse et en Italie. »

À chaque décennie, ses envies d’ailleurs. Si les destinations ensoleillées restent très prisées des Périgourdins, elles sont aujourd’hui concurrencées par des adresses plus confidentielles, promesses d’expériences respectueuses de leur environnement. « Les clients nous réclament de plus en plus des circuits en train, comme celui qui les emmène dans des espaces préservés du tourisme de masse en Suisse et en Italie », note Ingrid Vallade, qui s’efforce de coller aux nouvelles tendances dans un monde plus que jamais mouvant.

Ingrid et Alice Vallade © Loïc Mazalrey

« On a retiré la Russie de notre catalogue depuis que le pays a déclaré la guerre en Ukraine. C’était un voyage magnifique, qui marchait extrêmement bien auprès de la clientèle. Du jour au lendemain, il a fallu s’adapter », indique la directrice des cars Vallade.

Pourquoi s’arrêterait-elle ? À 70 ans passés, elle a la chance de travailler en famille. Ses deux fils, Frédéric et Thierry, ont intégré successivement l’entreprise, faisant la fierté de leurs parents. Même si chez les Vallade, « tout le monde sait tout faire », l’un s’occupe plus de l’atelier et l’autre de la gestion des plannings et des ressources humaines.

Dernier maillon d’une chaîne qu’Alice Vallade espère la plus longue possible, Ingrid, la petite-fille, incarne déjà la relève. Touche-à-tout, elle partage avec sa grand-mère le privilège de choisir les destinations qui figureront sur la prochaine brochure de la maison Vallade. Qu’importent les intempéries du moment, le roman familial n’est pas près de se refermer.