Couverture du journal du 02/01/2025 Le nouveau magazine

Vins de Bergerac : une année arrosée

L’entreprise girondine Vitivista, présente en Dordogne depuis un an, a dressé un bilan de l’année écoulée, et du futur millésime 2024.

Bergerac

© Loïc Mazalrey - La Vie Économique

En un an, Vitivista, spécialiste du conseil et de la fourniture de solutions, a accompagné une trentaine de vignerons sur le Bergeracois. Son objectif : continuer de s’implanter sur de nouveaux vignobles et pourquoi pas ouvrir un dépôt de proximité en Périgord. Quant au cru 2024, il a évidemment été fortement marqué par la météo. Après une année 2023, « atypique », comme nous l’avait rapporté Laurent Colombier l’an passé, 2024 s’inscrit dans « un contexte délicat », annonce le responsable commercial de la Dordogne.

Hausse de 54 % des précipitations

L’année a été marquée par une hausse de 54 % des précipitations enregistrées par la station météo de Creysse entre octobre 2023 et fin septembre 2024, par rapport à la moyenne historique. Deux épisodes de grêle ont aussi frappé le Bergeracois, le 1er avril et le 5 mai. Ce dernier, d’une grande violence a engendré des pertes de récolte de 100 % sur certaines parcelles. Cette pluie a marqué l’année, allant jusqu’à provoquer des asphyxies racinaires, en raison des sols gorgés d’eau. Les précipitations, couplées à la chaleur, ont aussi favorisé la pousse de l’herbe sous les rangs, ce qui a pu ralentir la croissance de la vigne.

Côté maladies, le mildiou est évidemment encore très présent, entre chaleur et humidité. Les premières taches ont été « précoces » dès le 23 avril. Le black-rot, autre champignon, est aussi arrivé très tôt, avec « un risque fort et constant » cette année, contrairement à l’oïdium qui a été « assez discret ». Laurent Colombier a également alerté sur les vers de grappe Eudémis, qui ne sont « plus anecdotiques » avec des « signalements sur des secteurs habituellement peu sensibles ».

Les blancs secs s’orientent vers « un grand millésime, avec une aromatique très expressive, beaucoup de fraîcheur

Un millésime précoce

Le millésime 2024 a été « précoce », selon Laurent Colombier. Ainsi, le débourrement – le réveil végétatif de la vigne – a été très en avance : fin mars. En cause ? L’absence de froid cet hiver. « Il n’y a eu que deux jours avec des températures négatives sur le Bergeracois. » Ainsi, le débourrement est arrivé dix jours plus tôt qu’en 2023, année qui avait elle-même deux semaines d’avance par rapport aux années historiques.

Ce développement de végétation très rapide a été stoppé net à partir de la mi-avril avec un ralentissement. Ensuite, les premières fleurs sont arrivées début juin, « dans la norme » et la véraison – moment où les baies prennent leur couleur – a même été très lente, et s’est achevée tardivement, fin août.

Bergerac

Laurent Colombier, responsable commercial Dordogne de Vitivista © D. R.

Des rendements « historiquement bas »

Les rendements de cette année ont été très « hétérogènes » mais « historiquement bas ». En cause notamment les coulures importantes sur ce millésime 2024. Entre les températures et les pluies, les rameaux ont mobilisé le sucre au détriment des grappes : ce sont les coulures. Elles correspondent à des pertes, parfois importantes, du nombre de baies sur la grappe.

À l’issue des vendanges, il ressort que « les vins rosés ont un bon potentiel qualitatif ». Les blancs secs quant à eux s’orientent vers « un grand millésime, avec une aromatique très expressive, beaucoup de fraîcheur ». Mais certaines parcelles avaient « peu de jus », comme le sauvignon blanc, souligne Laurent Colombier. Sur les rouges, la tendance est « hétérogène » avec des vendanges « accélérées par les conditions météorologiques pluvieuses » et ils se caractérisent pas des notes plus fruitées et fraîches, « ce qui est intéressant vis-à-vis de la demande du consommateur ». Les liquoreux, enfin, obtiennent des maturités « hétérogènes avec des degrés potentiels plus faibles que les précédents millésimes ».