Couverture du journal du 20/04/2024 Le nouveau magazine

Waïloa, marque éthique et artisanale

La Tarbaise Léa Moreira a d’abord présenté Waïloa lors de son mémoire de fin d’étude. La marque vestimentaire fictive est depuis devenue bien réelle et prône une consommation du vêtement plus écoresponsable.

Léa Moreira, créatrice de Waïloa © tdlphotographie

Léa Moreira, créatrice de Waïloa © tdlphotographie

À seulement 26 ans, Léa Moreira déborde d’idées et de projets. La jeune femme, originaire de Tarbes, a créé sa marque de vêtements éthiques et écoresponsables en 2019 à la sortie d’un master en Management et marketing de la mode réalisé à Toulouse. « Pour mon mémoire de fin d’étude, j’ai créé la marque fictive Waïloa du concept au business plan jusqu’au plan de collection. Le jour de la présentation, une personne du jury qui était directrice de collection pour Zara Espagne, m’a prise à part. Elle m’a conseillé de me lancer dans les deux ans car, selon elle, le projet tenait la route », se remémore Léa Moreira. D’abord hésitante, Léa en parle avec sa famille et ses amis. « Ma grand-mère faisait de la couture et cela m’a toujours intéressée. Mais, au moment du baccalauréat, mes professeurs m’ont déconseillé d’aller vers ces métiers, surtout ici où il n’y a pas grand-chose, à part dans la vente », explique-t-elle.

Des chouchous et des bandeaux

Ayant acquis des notions de couture pendant son master, Léa Moreira se lance petit à petit. Elle crée des chouchous et des bandeaux pour sa famille, ses amis, avec des tissus chinés dans l’armoire de sa grand-mère. Le bouche-à-oreille fonctionne vite et la jeune femme ne tarde pas à vendre ses produits sous la bannière Waïloa dont elle tient déjà le concept. « Waïloa est une marque de mode différente, qui apporte quelque chose à ma génération, la génération Y qui peut être très contradictoire. Nous aimons le luxe, le voyage mais nous souhaitons être écoresponsables. Je veux proposer des produits qui ressemblent à ce qu’ils recherchent mais avec ce côté éthique », souligne Léa Moreira.

Chouchou Waïloa © killianhbt

© killianhbt

Crowdfunding et bhv marais

En plus d’un e-shop qu’elle a elle-même créé et qu’elle gère, Léa Moreira se sert des réseaux sociaux pour faire évoluer Waïloa. Elle amorce rapidement son développement via Tiktok où elle enregistre 36 000 abonnés. Grâce à la plateforme, elle élargit sa base clients, âgés de 18 à 40 ans, ils viennent de partout en France, mais aussi, de Belgique et du Canada. En parallèle, pour financer une collection capsule, en 2022, elle lance une campagne de financement participatif sur Ulule où elle dépasse largement son objectif initial de 45 commandes. La même année ses pièces sont exposées au BHV Marais à Paris dans l’espace créateurs. « C’était assez fou au bout d’un an d’être au BHV Marais. Cela m’a permis de collecter des contacts, de parler de ma campagne », témoigne-t-elle.

C’était assez fou au bout d’un an d’être au BHV Marais. Cela m’a permis de collecter des contacts, de parler de ma campagne

Des labels responsables

Dans l’industrie ultrapolluante de la mode, Waïloa essaye de se positionner différemment en développant des produits réalisés à partir de cotons biologiques, de matières recyclées, ne contenant pas de substances nocives, portant les labels Oeko-tex, Gots, Fair Wear et Vegan. « Je dessine les produits, choisis les matières, leur grammage. Ce n’est pas encore Made In France mais c’est un des objectifs à terme. J’aimerais avoir chaque année un nouveau produit 100 % français », précise Léa Moreira. Pour garder un côté artisanal dans sa production, la créatrice coud elle-même les étiquettes sur ses vêtements. Elle ne veut pas générer de surstock et commande donc en petites quantités. Pour certaines tailles, la production se fait même à la demande. Léa Moreira utilise depuis peu des étiquettes ensemencées avec des graines de marguerite pour ne pas générer de déchets.

L’aventure continue

Jusqu’à juillet dernier, Léa Moreira cumulait encore son activité Waïloa avec un emploi salarié. « Mais, j’étais au bord du burn-out, je disais non à beaucoup de projets et de propositions. » La jeune femme a finalement pris la décision de se consacrer à 100 % à Waïloa pour ne pas avoir de regrets. « Depuis, beaucoup de choses se débloquent, j’ai le temps d’analyser ce qu’il se passe », juge-t-elle. Pour faire connaître sa marque, Léa expose et vend devant des Biocoop, à la foire de Pau, au festival Montagne Magique au Val Eveillé près d’Arudy (64). Plus récemment sur l’International Freeride Film Festival à Cauterets (65) pour lequel elle a aussi habillé les organisateurs de ses créations. Le 17 octobre dernier, lors des Break-Out Company Business Awards, qui se tenaient à Tarbes, elle a reçu le prix Good RSE. Pour 2024, Léa Moreira ne compte pas s’arrêter en si bon chemin : « Nous allons relancer une campagne de crowdfunding sur Ulule pour développer des produits avec des matières upcyclées. Nous voulons trouver des revendeurs avec des concept store et des petits magasins, mettre en place des partenariats avec des sportifs », énumère-t-elle.

Boutique éphémère

Alors qu’une nouvelle collection sort cet automne, cette fois-ci tournée vers les Pyrénées, Waïloa s’est dotée d’une stagiaire pour accompagner son développement. Cette dernière gère la partie Tiktok, la newsletter et les articles de blog. Waïloa va aussi ouvrir une boutique éphémère en novembre dans la zone 411 de l’Arsenal à Tarbes accompagnée de Cyril Renou, qui propose des créations métalliques et de l’illustrateur Benmaj.