Couverture du journal du 20/04/2024 Le nouveau magazine

Béarn – La French Tech s’affirme

Créer du lien entre grands groupes et start-ups, fédérer les adhérents, faire rayonner l’innovation… Et obtenir le renouvellement du label : la feuille de route de la French Tech Pau Béarn, exposée par son nouveau président Vincent Escudé, rythmera deux ans de mandat qui s’annoncent intensifs.

Vincent Escudé, cofondateur et CEO de Prof en Poche, président de la French Tech Pau Béarn

Vincent Escudé, cofondateur et CEO de Prof en Poche, président de la French Tech Pau Béarn © Cyril Garrabos

La Vie Économique : Quelle est votre propre définition de la French Tech ?

Vincent Escudé : « La French Tech est pensée pour mettre en avant l’innovation territoriale. Quand on parle d’innovation, et c’est là où il faut bien faire la distinction, on ne parle pas forcément d’innovations de ruptures ou technologiques. Certes, ce sont par définition des innovations, mais on peut innover de plein de façons différentes par la façon dont on va obtenir une croissance en « scale », pour reprendre un terme typiquement start-up. Si je scale-up dans l’automation, dans la prise de rendez-vous, dans la vente, dans la gestion des plannings, dans les process, etc…, c’est de l’innovation. La French Tech n’est pas là pour juger l’innovation mais au contraire pour la faire rayonner en dehors du territoire : nous ne sommes pas un accompagnateur, mais un pourvoyeur d’opportunités. »

Nous ne sommes pas un accompagnateur, mais un pourvoyeur d’opportunités

LVE : La French Tech Pau Béarn (FTPB) veut ainsi être un facilitateur pour les start-ups ?

V.E. : « Permettre à une start-up béarnaise d’intégrer une délégation régionale et de découvrir les grands moments et les grands salons de l’innovation, c’est lui mettre le pied à l’étrier pour entrer dans un écosystème a minima régional, mais également national et international. De la même façon, nous devons travailler davantage au niveau départemental et là, l’entente French Tech Pau Béarn et French Tech Pays Basque a du sens : il y a tout intérêt à ce que nous avancions ensemble et intelligemment, mais aussi à parler d’une seule voix au niveau national. »

French Tech Béarn

© Cyril Garrabos

LVE : La FTPB vit sa troisième année d’existence. Est-elle toujours en phase de démarrage ?

V.E. : « En 2019 et 2020, David Castéra, de la start-up TANu, et Thomas Othax, de Packitoo, étaient co-présidents. Puis Mehdi Jabrane, de Mapotempo, a pris la suite, avant mon élection il y a quelques mois. Nous avons mis du temps à structurer l’ensemble de la French Tech mais aujourd’hui, nous avons dépassé la barre des 100 adhérents, ce qui était l’objectif de Mehdi. Le mien aujourd’hui est, comme je le disais, de faire rayonner l’écosystème mais aussi de créer du lien entre les différents acteurs du territoire, à savoir les institutionnels, les grands groupes et les start-ups. »

LVE : En quoi se rapprocher des grandes entreprises locales est à ce point primordial ?

V.E. : « Nous nous devons de connecter l’offre et la demande entre des grands groupes qui ont des besoins d’innovation et d’agilité, et des start-ups qui ont besoin d’une carte de visite, de réaliser du chiffre, de tester leur produit et de répondre à un besoin. Cette mise en relation est aussi bénéfique pour le grand groupe, qui découvre de nouveaux outils, de nouveaux process (à l’image de Capgemini qui est très réceptif à notre éco-système), que pour la start-up pour qui travailler avec une agglo de Pau, un Euralis, un Total ou un Téréga, est évidemment intéressant et valorisant. »

French Tech Béarn

© Cyril Garrabos

LVE : Quel est le profil des start-ups adhérentes à la FTPB ?

V.E. : « C’est assez varié, mais il est évident malgré tout que nous sommes dans un bassin de géosciences avec Total et Téréga, ce qui est assez différenciant par rapport à d’autres territoires où l’on trouvera plutôt des entreprises spécialisées dans l’agritech, la foodtech, la hightech etc… Sur notre territoire, nous avons ce temps d’avance sur les géosciences et surtout un terrain d’expérimentation ultra favorable. »

Les investissements continuent dans la tech française : nous comptons aujourd’hui 26 licornes en France !

LVE : Le label French Techest attribué pour trois ans. Vous allez devoir aller chercher la re-labellisation…

V.E. : « C’est en effet le principal sujet de ce mandat. Pour y parvenir, nous avons constitué un board de qualité avec des entrepreneurs géniaux qui vont faire vivre cet écosystème, notamment à travers des rencontres. Des matinales destinées à l’écosystème, d’abord, construites autour de workshop, autrement dit des formations de très courtes durées mais à haute valeur ajoutée sur des thématiques bien précises. Des afterworks, ensuite, qui sont plus détentes et ouverts à tous, pour discuter et réseauter, et qui sont souvent l’opportunité de présenter des nouveaux adhérents ou de mettre en relation des grands groupes et des start-ups. Et enfin, des déjeuners, uniquement ouverts aux membres et aux partenaires. »

LVE : Le gouvernement a déclaré vouloir être attentif aux éventuelles difficultés de financement des pépites technologiques françaises. Qu’en pensez-vous ?

V.E. : « Il est vrai que la conjoncture laisse penser que les fonds d’investissement miseront moins sur les entreprises innovantes, parce que le risque doit être plus maîtrisé qu’il y a quelques années. Pourtant, les investissements continuent dans la tech française : nous comptons d’ailleurs aujourd’hui 26 licornes en France ! Certes, il faut anticiper les problèmes de trésorerie. Mais si c’est bien travaillé, sécurisé, et bien pensé, nous avons les moyens de pallier cette conjoncture. C’est également l’un de nos défis : faire croître les entreprises et amener les investisseurs à investir dans les entreprises du territoire. »

UN TERRITOIRE FAVORABLE POUR LES START-UPS

Vincent Escudé, cofondateur et CEO de Prof en Poche, président de la French Tech Pau Béarn

Vincent Escudé, cofondateur et CEO de Prof en Poche, président de la French Tech Pau Béarn © Cyril Garrabos

La French Tech Pau Béarn est logiquement installée au sein d’Hélioparc, à Pau. La technopole, connue pour favoriser le développement de jeunes start-ups innovantes au sein de son incubateur et de sa pépinière technologique, est en effet à l’origine de la création de la French Tech Pau Béarn en 2019, aux côtés de la CCI Pau Béarn et de l’agglomération de Pau. Vincent Escudé apprécie la pérennité de ce soutien, au sein d’un territoire où le dynamisme économique repose notamment sur un tissu de start-ups et de PME innovantes particulièrement dense dans plusieurs secteurs d’activités (géosciences, environnement, numérique, IA, science de la donnée, énergie…).  Quant aux grands groupes tels que Total, Safran, Euralis ou encore Téréga, ils portent et structurent le bassin d’emplois et se positionnent comme locomotives de cette vitalité.