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Béarn – L’aéronautique voit vert

Présente en force au Salon du Bourget, la Région Nouvelle-Aquitaine a clairement affiché son ambition de devenir leader de l’aviation décarbonée, profitant notamment de cet événement pour officialiser la future implantation d’une usine de biokérosène à Lacq, en Béarn

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© E. L-T

En matière de transition écologique, l’aéronautique aussi a son mot à dire. La nécessité de parvenir à une aviation plus verte était, en effet, l’un des enjeux prioritaires soulevés par les acteurs de la filière, lors du 54ème salon international de l’aéronautique et de l’espace qui avait lieu au Bourget du 19 au 25 juin. Sur ce terrain-ci, la Région Nouvelle Aquitaine se targue d’être à la pointe et même exemplaire selon son président Alain Rousset, présent lors de l’événement. Déjà engagée pour la recherche et l’innovation, avec 190 M€ alloués depuis 2019 aux entreprises du territoire (lire encadré), la troisième région aéronautique et spatiale de France affiche désormais avec conviction sa « participation au ciel de demain ».

Accélérer la décarbonation

Pour Alain Rousset, il est ainsi devenu indispensable « d’accélérer » la décarbonation du transport aérien. Un sujet sur lequel la Nouvelle-Aquitaine est d’ores et déjà « pionnière » selon Bruno Darboux, président du pôle de compétitivité Aerospace Valley, qui cite plusieurs leviers pour y parvenir, à savoir le renouvellement des avions pour une réduction de leur consommation, l’optimisation des opérations aériennes et également la mise au point d’une nouvelle génération de moteurs à hydrogène. Par ailleurs, la Région s’investit aussi dans le développement d’une filière de production de biocarburant pour l’aviation : une position aux avant-postes qui n’a visiblement pas échappé aux porteurs du projet BioTjet. L’implantation de cette usine de biokérosène, qui sera construite à Lacq moyennant un investisse- ment de 1 milliard d’euros, vient en effet confirmer le positionnement de la collectivité. Un projet d’envergure pour l’ensemble du territoire, présenté officiellement ce mercredi 21 juin sur le tarmac parisien.

La technologie BioTfuel

« L’usine BioTjet sera installée sur les 45 hectares du site industriel anciennement occupé par Yara France. Elle produira 75 000 tonnes de bio et électro-kérosène à compter de l’année 2028 », précise Pascal Pénicaud, président de l’entreprise Elyse Energy aux manettes de ce projet. Pour parvenir à la hauteur de ses ambitions, cette PME spécialisée dans la production de carburants durables capitalise sur la technologie française BioTfuel, développée par Bionext. Ce procédé permet d’obtenir du carburant grâce à la conversion de biomasse, en l’occurrence des résidus agricoles et forestiers, combinée à l’injection d’hydrogène. À terme, « l’usine permettra d’atteindre 20 % des objectifs nationaux en termes d’utilisation d’e-biokéroséne dans le secteur de l’aviation » et « d’éviter de produire 320 000 tonnes de CO2 par an ».

Pascal Pénicaud, président d’Elyse Energy, Bruno Darboux, président d’Aerospace Valley, et Alain Rousset, président de la Région Nouvelle-Aquitaine. © E. L-T

Créer une filière de ressources

En attendant, deux éléments primordiaux sont encore à finaliser ou définir, à commencer par le financement de la construction de l’usine : « nous avons jusqu’en 2025 pour trouver ce milliard d’euros », tient à rassurer Pascal Pénicaud. Si la SAS BioTjet, composée de cinq actionnaires à savoir Elyse Energy, Avril, Axens, Bionext et IFP Investissements, bénéficie déjà du soutien de la Région et de l’Ademe, « le secteur financier et les banques » restent encore à mobiliser. Le second challenge de ce projet, et pas des moindres, tient davantage à la construction d’une filière de ressources alors que l’usine aura un besoin de 300 000 tonnes de matières organiques par an. Des discussions sont d’ores et déjà en cours avec les acteurs du territoire pour parvenir à un approvisionnement suffisamment conséquent pour répondre à ce cahier des charges.

Un territoire fertile

Le chemin jusqu’à la mise en route de cette usine innovante annonce manifestement certains défis à relever. Malgré tout, en accueillant BioTjet, la Nouvelle- Aquitaine rallonge la liste, déjà fournie, des acteurs de la filière aéronautique et spatiale sur son territoire. En témoignent notamment les 65 entreprises et structures néo-aquitaines présentes au Bourget, soutenues financièrement par la Région pour cette opération. Alain Rousset s’est par ailleurs fait l’écho des innovations accompagnées par la collectivité, créatrice d’éco- systèmes à l’image de Way4Space, centre d’inspiration et d’innovations spatiales ou bien encore d’Aerospace Valley, premier pôle de compétitivité européen de la filière aérospatiale. Entre autres. Plus que jamais, la Nouvelle-Aquitaine assoit sa position comme chef de file de l’aéronautique de demain, qui sera non seule- ment davantage vertueuse mais également toujours plus ambitieuse.

La Région engagée auprès de la filière

Si la confirmation de l’implantation de l’usine BioTjet était l’événement de cette journée du 21 juin pour les acteurs de la Région Nouvelle-Aquitaine, le Bourget était également l’occasion de faire un focus sur le plan Maryse Bastié. Sur la période 2019-2021, ce dernier a représenté une aide de 105 M€ autour de projets structurants dans le secteur aérospatial, renforcée par les aides de l’État dans le cadre de la crise sanitaire jusqu’à atteindre les 190 M€. Le nouveau plan 2023-2028 consolide les ambitions précédentes mais s’attache également à de nouvelles priorités : un accompagnement adapté des entreprises de la filière, une offre de moyens pour le développement de compétences et de solution pour l’aviation de demain et enfin un soutien pour attirer et former les nouveaux talents.