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BioTanah, l’innovation par la combustion

Sept entreprises des Pyrénées-Atlantiques, innovantes dans le secteur agricole, étaient invitées au Salon de l’agriculture de Paris dans le cadre d'un partenariat entre le Département et les French Tech Pays basque et Pau-Béarn. L’occasion pour BioTanah, discrète jusqu’ici, de faire connaître ses agrocombustibles solides.

biotanah ; franck miraux

Franck Miraux, directeur général de BioTanah. © Eustelle Loustalet-Turon

Il n’y avait certainement pas de meilleur moment pour BioTanah que le Salon Inter- national de l’Agriculture pour dévoiler ses agrocombustibles solides, conçus à partir de spathes de maïs et de paille de riz. Initié en 2018 par Franck Miraux, directeur général, rejoint depuis par Matthieu Caille, directeur des opérations, ce projet est actuellement peaufiné par une équipe de 15 personnes hébergée à Hélio- parc. Arrivé à maturité, il était temps de le dévoiler, avec succès à en croire les nombreux rendez-vous notés dans l’agenda de Franck Miraux durant l’événement parisien. Et pour cause, en valorisant les résidus lignocellulosiques pas ou peu utilisés, la société paloise réduit l’empreinte carbone et propose une alternative compétitive à la filière bois-énergie, cochant ainsi de nombreuses cases répondant aux enjeux actuels.

Le marché français et indonésien

Cette innovation a germé dans l’esprit de Franck Miraux alors qu’il travaillait dans le développe- ment durable. « Je suis parti d’un constat simple : aujourd’hui, beaucoup de biomasses sur la planète ne sont pas valorisées. On estime à 4 milliards de tonnes le nombre de résidus non exploités qui généreraient des effets de serre. C’est une aberration. » Après un gros travail de R&D, couplé à de solides compétences en chimie végétale, l’équipe de BioTanah a mis au point « Green Coal Fuel » (GCF), ses deux gammes d’agrocombustibles, mais également ses propres machines conçues pour leur fabrication.

Commercialisée d’ici la fin de l’année, localement d’abord, GCF spathe de maïs est destinée au marché français pour fournir du chaud durable aux EHPAD, collèges, bureaux, collectivités…, avec une capacité de production de 1 000 tonnes par an. Quant à la marque GCF paille de riz, elle sera distribuée aux industries du marché indonésien, en substitution au charbon et à raison de 4 000 tonnes par an.

Un prix fixe sur 5 ans

Son produit désormais au point, Franck Miraux est engagé dans une démarche de prospection. Mais déjà le directeur général de BioTanah a su convaincre, notamment avec un autre argument solide qui vient s’ajouter à celui, primordial, d’un impact neutre sur la biodiversité. « Notre agrocombustible a le pouvoir calorifique d’un pellet de bois au prix d’une palette de bois », précise-t-il. « Nous allons par ailleurs fixer un prix stable sur 5 à 10 ans grâce à un approvisionne- ment sécurisé, ce que la filière bois aujourd’hui ne peut assurer. Et si nous sommes capables de le faire, c’est parce qu’il s’agit d’un projet de territoire, en circuit court. » BioTanah ne pouvait en l’occurrence espérer meilleur terreau que les Pyrénées-Atlantiques pour s’implanter et revaloriser les spathes de maïs, ainsi que le souligne Franck Miraux : « Le Béarn, pour nous, c’est l’Eldorado ! ».

Tant et si bien que la jeune entreprise inaugurera en avril son centre BioSfer, au sein d’Hélioparc, où se côtoieront une plateforme R&D et industrialisation procédé biocombustible, une plate- forme formation et environnement et une plateforme biocombustible et chaud durable. Le directeur de BioTanah voit plus loin, avouant souhaiter trouver « une dynamique national » à son projet qui sera « unique en France ».

7 entreprises mises en lumière au Salon

La présence de start-ups locales sur le stand du Département durant le Salon de l’Agriculture était une première. Vincent Escudé, le président de la French Tech Pau Béarn avait par ailleurs fait le déplacement. Étaient invitées :

– Bithur (Bardos) spécialisée dans la revalorisation en farine, matières premières cosmétiques ou fabrication papier.

– Mondin (Bidart) produit et commercialise une matière innovante à partir du marc de raisin et de biopolymères afin de proposer une alternative au cuir.

– La Consigne Verte (Bidart) est la première solution développée par Tribioval. Il s’agit d’un bac de collecte intelligent de biodéchets.

– BioTanah (Pau). En valorisant les résidus agricoles et lignocellulosiques, cette entreprise met en place des filières biocombustibles solides (et biochar) durables, compétitives et équitables.

– E-Taranis (Saint-Jean-de-Luz) a développé une éolienne à voile à installer sur le toit, directement raccordée au réseau.

– La société M2i (Lacq) dispose d’une expertise dans la synthèse de bibliothèques de molécules originales

– Alpha Chitin (Lacq) a pour ambition de produire des chitosans utilisés dans des applications médicales, pharmaceutiques, cosmétiques, environnementales mais aussi agroalimentaires et agricoles.