Couverture du journal du 20/04/2024 Le nouveau magazine

Brasserie Aussau, le Béarn en bouteilles

Béarn - La bière English IPA, de la brasserie paloise Aussau, vient d’être médaillée d’or au Concours Général Agricole de Paris. Une reconnaissance certaine pour la jeune entreprise, après seulement un an de brassage.

Florian Abadie, fondateur de la brasserie Aussau. © Cyril Garrabos

Florian Abadie, fondateur de la brasserie Aussau. © Cyril Garrabos

Son nom, comme son logo, ne trompe personne : la brasserie Aussau (Ossau, en occitan) porte le Béarn en étendard. Son fondateur, Florian Abadie, évoque « un ADN », qui coule dans ses veines comme dans ses bières. Peut-être est-ce là l’ingrédient secret de cette jeune brasserie, qui en tout juste un an a réussi le pari de se faire connaître non seulement chez elle, en Béarn donc, mais également sur l’ensemble du territoire français jusqu’à conquérir Paris et son Concours Général Agricole. L’English IPA, avec son « nez très fruité » et sa « belle amertume » selon le jury, est la seule bière médaillée d’or des Pyrénées-Atlantiques, des Landes et des Hautes-Pyrénées. Une distinction qui conforte l’équipe de la brasserie Aussau sur la qualité de sa production, par ailleurs uniquement en bio, mais également sur la suite à donner à cette aventure née il y a seulement un an à Pau.

3000 hectolitres en 2023

« L’année dernière, nous avons brassé 2 000 hectolitres. Cette année, nous en brasserons 3 000 », révèle Florian Abadie, qui annonce d’emblée la couleur. Si ce jeune trentenaire voit grand, il n’en a pas moins les pieds sur terre, au plus près d’un marché et d’un réseau dont il connaît tous les rouages. En 2017, alors qu’il est commercial chez Osmin depuis une dizaine d’années, il fonde le groupement de brasseurs Brasseurs Unis avec Lionel Osmin et Damien Sartori, qui importe et distri- bue des bières artisanales sur le marché français. Mais Florian Abadie songe de plus en plus à produire ses propres bières : « J’avais des idées de recettes, mais les brasseurs ne suivaient pas », se souvient-il.

Un sens commercial aiguisé

Accompagné par les banques, sa société investit pour créer sa propre brasserie et développer « des bières qui plaisent avant tout aux consommateurs ». Parce que ce chef d’entreprise connaît aussi ses clients : « les Français aiment le malt, le côté sucré, le côté rondouillard dans la bière, qu’elle ait de la matière. C’est ce qu’on retrouve dans notre gamme traditionnelle ». Des bières qui plaisent, mais également d’autres plus pointues destinées davantage aux palais avertis, des prix raisonnables, un design et un marketing travaillés, un positionnement assumé et un sens commercial aiguisé : la brasserie Aussau n’a rien laissé au hasard et sa croissance le prouve. L’entreprise affichait l’an dernier un chiffre d’affaires de 1 million d’euros.

© Cyril Garrabos

Une nouvelle activité fût

« Dans le monde de la bière, c’est en effet une belle progression, sachant que l’on vend nos bouteilles 1,50 euro et que l’on travaille très peu la grande distribution, excepté en local », reconnaît Florian Abadie, qui précise : « Aujourd’hui, nous travaillons avec 1 000 cavistes dont de grosses chaînes, à savoir Comptoir des Vignes, Intercaves et Nicolas ». Les 20 références de la brasserie Aussau sont ainsi distribuées sur toute la France, mais pour autant, Florian Abadie reste attaché à un objectif premier : s’imposer encore davantage ici, en Béarn. « Si tu es Béarnais, tu bois béarnais », sourit-il. Pour se donner les moyens de cette ambition, le chef d’entreprise vient tout juste de lancer l’activité fût inox destinée au CHR, aux associations et comités de fêtes, conscient d’être aux manettes de la seule brasserie locale à avoir « la capacité d’aller chercher des affaires avec du volume en fût ». Sur les 3 000 hectolitres qui seront pro- duits cette années, 1 000 le seront ainsi en fûts.

Des prix accessibles

La brasserie Aussau, qui compte aujourd’hui 7 salariés, grandit à vue d’œil malgré une conjoncture complexe. Mais ni la hausse du prix du verre ni l’augmentation du coût de l’énergie n’auront de retentissement sur le prix des bouteilles de la brasserie Aussau, selon le souhait de son dirigeant : « Nous avons choisi de miser sur le volume, ce qui nécessite des investissements coûteux. Mais si je fais deux fois plus de volume, l’impact de l’amortissement est moindre ». Et la répercussion sur le produit fini également. Un risque pris mais assumé par Florian Abadie, confiant : « Le consommateur paie nos bières moins de 3 euros et je ne veux pas passer au-dessus. J’ai envie qu’elles restent accessibles ». Le jeune homme sait définitivement parler à ses clients. Il leur réserve d’ailleurs une nouvelle bière, en prévision de la Coupe du monde de rugby : la Tricolore, déjà embouteillée, sera distribuée dans quelques jours.