Couverture du journal du 20/04/2024 Le nouveau magazine

CAF France change de braquet

Anxo Rodriguez a pris les rênes du site de Bagnères-de-Bigorre de CAF France. L’usine du constructeur ferroviaire espagnol se modernise et s’oriente vers les tramways et petits trains régionaux. Rencontre.

© Lilian Cazabet - La Vie Economique

La Vie Économique : Vous venez de prendre la tête du site CAF France de Bagnères-de-Bigorre. Sur quoi travaillez-vous en ce moment ?

Anxo Rodriguez : « Dans les contrats en cours, nous avons 12 locotracteurs bimodes pour la RATP, 60 rames de tramway pour Montpellier et 15 rames pour Marseille. Nous en avons terminé avec la ligne de montage du RER A, ils sont actuellement à l’essai à Paris, dès qu’ils auront été acceptés, nous pourrons livrer ceux qui nous restent. Nous basculons la ligne de production vers les tramways pour l’assemblage des rames de Montpellier. Nous allons travailler les prototypes de tramways avant une fabrication en série au premier trimestre 2025. L’objectif sera qu’il sorte une rame toutes les trois semaines. Nous nous préparons aussi à répondre à de nouveaux appels d’offres en 2024 sur les tramways de Lyon et Grenoble. Aujourd’hui, la plus grande partie du chiffre d’affaires de CAF France vient de l’Hexagone mais nous sommes ouverts à travailler sur des projets européens et internationaux. »

LVE : Vous pilotez aussi la transformation du site, en quoi cela consiste ?

A. R. : « Nous y créons une nouvelle ligne de production de tramway et réhabilitons une ancienne zone de l’usine. Il faut pallier la contrainte du changement de sens pour les rames dans le bâtiment principal où nous avons des voies dans deux sens. Nous allons donc ajouter une voie courbée et ouvrir un ancien bâtiment pour que les rames passent à l’intérieur et ainsi les tourner. Des anciens bâtiments feront place à une zone de stockage, l’atelier électrique a été rénové, des toits ont été changés et désamiantés. Nous avions prévu d’investir 10 millions d’euros entre 2020 et 2025 pour rénover le site de Bagnères-de-Bigorre. Ces travaux ont débuté en 2023 et se finiront en 2025. »

LVE : Pourquoi Bagnères-de-Bigorre s’oriente vers les tramways et trains régionaux ?

A. R. : « Le site de Bagnères-de-Bigorre fait 42 000 m² dont 23 500 m² de bâti, il est dédié aux trains courts, dont la longueur est inférieure à 50 mètres comme les tramways parce que les installations sont mieux adaptées à ces rames. Le site de Reichshoffen dans le Bas-Rhin, racheté par CAF en 2021, est plus grand et s’occupe donc des trains plus longs. L’absence de ligne de train entre Tarbes et Bagnères-de-Bigorre était pénalisante dans le passé, mais aujourd’hui, cela n’a pas d’impact sur notre stratégie. Nous avons regardé les outils de nos sites industriels et fait en fonction. »

LVE : Quels sont vos challenges pour 2024 ? Pourquoi le recrutement pose un problème ?

A. R. : « Nous comptons aujourd’hui 150 internes et 50 externes. Nous avons annoncé 80 recrutements entre 2023 et 2025 et nous allons encore embaucher une soixantaine de personnes d’ici 2025. C’est un de nos gros challenges de 2024. À Bagnères-de-Bigorre la mobilité et l’immobilier posent problème, d’autant que les compétences industrielles sont très recherchées sur un territoire où il y a Airbus, Safran, ou encore, Daher. Nous avons signé un partenariat avec le lycée Victor Duruy de Bagnères-de-Bigorre et avec 11 autres entreprises. Il n’y a pas d’études spécialisées dans le ferroviaire, les apprentissages doivent être ensuite adaptés à notre industrie. Nous voulons donc voir comment se passent les formations pour que nous travaillions tous dans le même sens. Nous recrutons des monteurs principalement, mais aussi, des postes en logistique. Nous sommes partenaires avec Adecco et France Travail pour mettre en place des plans de formations.

Le futur tramway de la ville de Montpellier en cours de fabrication dans les usines CAF de Bagnres-de-Bigorre.

© Lilian Cazabet – La Vie Economique

Le parcours d’Anxo Rodriguez

Diplômé de l’Université Alfonso X et de l’EAE Business School de Madrid, Anxo Rodriguez a démarré sa carrière dans le groupe Alstom en tant qu’ingénieur et a occupé des postes en Algérie, en Colombie, en Espagne et au Panama. En 2019, il rejoint le groupe CAF en tant que chef de projet pour le tramway de Liège. Devenu ensuite chef de projet pour la rénovation des rames MI2N de la RATP, Anxo Rodriguez a pris la direction du bureau d’études dédié à l’activité rénovation fin 2022. Après deux mois de passation avec Aïtor Arza, qui assurait l’intérim en tant que directeur du site de Bagnères-de-Bigorre depuis mars dernier, Anxo Rodriguez en a pris la tête en janvier.

CAF : un groupe international

Le groupe CAF a réalisé 3 milliards d’euros de chiffre d’affaires en 2022. « C’est une année de consolidation en 2024 et notre objectif sur le long terme et d’arriver à 4,8 milliards d’euros de chiffre d’affaires en 2026 », nous a indiqué Anxo Rodriguez. Le groupe espagnol possède 4 usines en Espagne, une usine à Newport au Royaume-Uni, des sites aux États-Unis et au Mexique. Sa filiale polonaise Solaris, rachetée en 2010 et qui construit des bus électriques, contribue à hauteur de 22 % au chiffre d’affaires du groupe.