Couverture du journal du 07/05/2024 Le nouveau magazine

Cité de l’Espace : Objectif Lune

Alors que la mission américaine Artemis va ramener des humains sur la Lune en 2025, la Cité de l’Espace inaugure à Toulouse le LuneXplorer, une expérience multisensorielle unique au monde qui vous fera vivre le décollage et l’alunissage dans la peau d’un astronaute.

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L'activité ouvrira ses portes au public le 14 novembre © Maxime Fayolle

« La question qu’on me pose le plus c’est : ‘qu’est-ce que ça fait d’aller dans l’espace ?’ Ce n’est pas facile de répondre alors là, vous allez enfin comprendre ! » Jean-François Clervoy affiche un petit sourire aux lèvres. Dans l’assistance, il est le seul à connaître la sensation de s’envoyer en l’air, au sens propre. Ce Toulousain d’adoption a passé 28 jours 3 heures et 4 minutes en orbite lors de trois vols en navette spatiale entre 1994 et 1999. Pourtant, il piaffe d’impatience à l’idée de tester le tout nouveau LuneXplorer, de la Cité de l’Espace, qui ouvre au public le 14 novembre.

Jusqu’à 2 fois le poids du corps

C’est parti pour 40 minutes d’aventure découpées en 4 parties. On commence par la préparation qui retrace l’historique des missions Apollo puis direction le briefing enregistré par trois astronautes de l’Agence Spatiale Européenne (ESA). Thomas Pesquet, Matthias Maurer et Samantha Cristoforetti expliquent l’objet de la mission face à nous : assurer le décollage de la capsule en atteignant la vitesse de 5 000 km/h pour se propulser à 70 km d’altitude. « Ce sont les conditions d’un vol spatial dans les conditions optimales » rapporte Jean-Claude Dardelet, le président de la Cité de l’Espace.

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Les astronautes de la mission Apollo 11 au milieu d’astronautes de l’ESA © Maxime Fayolle

Vous vivez les conditions d’un vol spatial dans les conditions optimales

C’est l’heure de rentrer dans notre capsule. On prend place sur le siège ergonomique face à l’écran de contrôle. On attache sa ceinture, le compteur s’affiche à l’écran … 5, 4, 3, 2, 1 … décollage. Le corps a l’impression de légèrement basculer vers l’arrière, les vibrations s’intensifient et la pression du décollage commence à se faire plus forte. Sur l’écran, le compteur des « g » s’affole. L’unité qui mesure l’accélération de la pesanteur atteint 2 en fin de poussée. Concrètement, notre corps pèse alors 2 fois son poids. C’est à cet instant que l’écran de contrôle nous demande de pianoter sur des boutons du tableau de bord. C’est aussi à ce moment qu’on se rend compte qu’on ne peut plus bouger son bras. « Imaginez que les astronautes professionnels peuvent supporter 4 g ou plus », souffle Jean-Claude Dardelet.

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L’intérieur de la capsule de LuneXplorer © Maxime Fayolle

C’est un investissement de 16 millions d’euros, comme on en fait tous les 15 ou 20 ans

L’expérience se termine par l’alunissage. « On a zappé les 4 jours de voyage vers la Lune, ça faisait un peu long sinon », ironise le président de la Cité. Dans l’espace, la capsule effectue un demi-tour et remet les gaz pour toucher le sol lunaire le plus doucement possible. On aperçoit par le hublot la « magnifique désolation » – pour reprendre les mots de Buzz Aldrin en 1969 – puis la ceinture se débloque et c’est l’heure du brutal retour sur Terre.

Le LuneXplorer pourra accueillir jusqu’à 2 500 personnes par jour

Objectif 500 000 visiteurs

Le LuneXplorer s’apparente au nouveau phare de la Cité de l’Espace. L’expérience lunaire pourra accueillir jusqu’à 2 500 personnes par jour. Une aubaine pour la Cité qui vise la barre des 500 000 visiteurs annuel (423 000 en 2022), elle qui vient de franchir les 8 millions de curieux depuis sa création en 1997. Pour atteindre cet objectif, Toulouse Métropole a financé 55% du projet LuneXplorer qui a coûté 16 millions d’euros HT. « C’est un investissement important, comme on fait tous les 15 ou 20 ans » détaille Jean-Claude Dardelet, aussi vice-président de Toulouse Métropole en charge de l’attractivité et du tourisme.

Artemis en vue

Si la Cité de l’Espace a passé 2 ans à construire cette attraction unique au monde, c’est avant tout car la Lune va redevenir un sujet d’actualité dans les prochains mois. « Les Américains déploient le programme Artemis, qui est la sœur d’Appolon dans la mythologie. C’est un clin d’œil aux missions précédentes. Une première fusée vers la Lune a été lancée en novembre 2022 », rappelle Jean-François Clervoy. « La prochaine étape, c’est le retour de l’homme et aussi le premier pas de la femme sur la Lune ». Ce sera l’objectif d’Artemis III qui devrait être lancée en 2025.

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Le costume des astronautes d’Apollo 11 avec en fond celui des futurs astronautes d’Artemis © Maxime Fayolle

Le programme américain implique néanmoins des équipes européennes dans l’aventure lunaire. « Le CNES va jouer un enjeu majeur », détaille Sébastien Barde, sous-directeur exploration et vols habités de l’Agence spatiale française. « On va sur la Lune pour y rester et préparer ensuite les futures missions vers Mars. Le CNES travaille à des applications qui seront utiles sur la Lune mais qui doivent aussi avoir un intérêt sur Terre. » Concrètement, l’habitat lunaire, la façon de se nourrir, de soigner les astronautes via la télémédecine … Tout autant de questions complexes qui vont se poser et dont les réponses pourront aussi apporter un progrès sur Terre. Pour travailler à ces problématiques, Toulouse prépare l’accueil du Spaceship, un tiers-lieu qui regroupera toutes les compétences et les technologies nécessaires.