Couverture du journal du 20/04/2024 Le nouveau magazine

La Rhune : nouvelle voie ferrée

La voie ferrée du petit train de la Rhune a été entièrement remplacée cette année. En 2024, cette attraction touristique majeure du Pays basque fêtera son centenaire avec l’objectif de mieux gérer son affluence, conséquence de son succès.

Train de la Rhune

© Train de la Rhune

Il aura fallu neuf mois, de septembre 2022 à mai 2023, pour remplacer les 4,2 km de voie ferrée du petit train de la Rhune. D’un budget de 26,6 millions d’euros financé à 80 % par le Conseil départemental des Pyrénées-Atlantiques, les travaux ont consisté à remplacer l’intégralité de la voie : rails, traverses, crémaillère, aiguillages et ballast. « C’est un chantier assez exceptionnel car c’est un chantier de montagne auquel on accède par la voie », précise Arnaud Libilbehety, directeur général de l’Etablissement public des stations d’altitude (EPSA) exploitant le petit train de la Rhune et les stations de ski de Gourette et La Pierre Saint-Martin.

35 MINUTES D’ASCENSION

Entamée le 1er juin avec deux mois de retard en raison des travaux, la saison 2023 s’est clôturée le 5 novembre dernier. Environ 250 000 promeneurs ont emprunté le petit de la Rhune cette saison contre 300 000 lors d’une saison pleine. Du col de Saint-Ignace à 169 mètres d’altitude, dans la commune de Sare, jusqu’au sommet du massif de la Rhune surplombant le Pays basque à 905 mètres d’altitude, la montée en petit train s’effectue en 35 minutes. La balade est paisible, on y croise des pottoks, ces fameux petits chevaux basques, mais aussi des manechs, les brebis à tête rousse ou noire également typiques du Pays basque, ainsi que des vautours planant dans le ciel. Depuis le sommet de la Rhune, dernière crête des Pyrénées avant le littoral atlantique, le panorama à 360° est époustouflant.

TOURISME SÉCULAIRE

En juillet et en août, quinze départs sont programmés tous les jours contre onze en basse saison. Le tarif est de 22 euros pour un adulte et 15 pour un enfant. Une fois au sommet, on dispose d’une heure et vingt minutes pour se restaurer dans l’un des trois restaurants (appelés Venta en Espagne) commercialisant aussi des souvenirs. Depuis que l’impératrice Eugénie en entreprit l’ascension avec une partie de sa cour en 1859, l’excursion sur la Rhune est devenue une incontournable attraction touristique. En 1908 est née l’idée de construire un chemin de fer dont les travaux commencèrent en 1912 mais la première guerre mondiale retarda le chantier et le petit train de la Rhune fut finalement inauguré en 1924.

TRAIN À CRÉMAILLÈRE

L’originalité de cet ouvrage est d’être un train à crémaillère. Deux roues dentées propulsées par un moteur électrique s’encastrent dans un rail central. Elles assurent au petit train de la Rhune une vitesse maximale de 9 km/h et lui fournissent la puissance nécessaire pour gravir le massif de la Rhune dont la déclivité la plus importante sur la voie ferrée se situe entre 22 et 25 %. Le petit train de la Rhune est l’un des quatre derniers trains à crémaillère encore en service en France. Les rames comportent une motrice et deux voitures voyageurs. Située à l’arrière, la motrice pousse les wagons en montée et les retient en descente.

Train de la Rhune

© Train de la Rhune

PATRIMOINE INDUSTRIEL

Si depuis 1924, le même matériel est utilisé, il est régulièrement entretenu, restauré ou reproduit à l’identique pour certaines pièces. Construites par les établissements Soulé de Bagnères-de-Bigorre, les voitures en bois utilisent du châtaigner de l’Ariège pour les lambris, du sapin des Pyrénées sur le toit, du pin des Landes sur le plancher et un bois exotique, l’Iroko, pour la plateforme. « Le train de la Rhune est aussi un patrimoine industriel », assure Arnaud Libilbehety. Employant une soixantaine de personnes dont une vingtaine de permanents, le petit train de la Rhune génère jusqu’à 6 millions d’euros de recettes.

GESTION DE L’AFFLUENCE

En 2024, pour le centenaire du petit train de la Rhune, des évènements spécifiques seront organisés. En plus des 300 000 passagers du petit train, la Rhune accueille 600 000 visiteurs selon Arnaud Libilbehety. Préserver ce massif protégé est indispensable et une réflexion est engagée par les collectivités territoriales administrant le site afin de mieux gérer l’affluence des automobiles au départ du petit train. L’idée est de proposer une location de vélos à assistance électrique pour rejoindre le col de Saint-Ignace, départ du train de la Rhune, depuis Saint-Jean-de-Luz via la piste cyclable actuellement aménagée. Une réflexion est également engagée pour mieux desservir la gare du petit train par des transports en commun.