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Coopérative d’activité et d’emploi : Kanopé va plus loin

La coopérative d’activité et de l’emploi séduit de plus en plus d’entrepreneurs qui choisissent le collectif pour se lancer. Dans les Hautes-Pyrénées, elle innove avec des partenariats inédits.

© D. R.

Au sommet des arbres, la canopée n’est jamais immobile et dans les Hautes-Pyrénées comme dans le Gers, Kanopé ne l’est pas plus. Depuis 24 ans, la coopérative d’activités et d’emploi offre la possibilité de ne pas choisir entre l’entrepreneuriat et le salariat ou plutôt d’en bénéficier de tous les avantages. Sur ce territoire composé des deux départements, ce sont aujourd’hui 125 salariés entrepreneurs qui ont choisi la sécurité d’un CESA et la liberté d’être indépendants. Depuis sa création, 5 000 personnes ont été accompagnées, autant dire que cette structure pionnière est incontournable pour les porteurs de projets. S’ils sont de plus en plus nombreux à se tourner vers ce système, celui-ci souffre parfois d’un manque de notoriété, malgré la législation apportée en 2014 par la loi Hamon.

Entrepreneur-salarié, un statut complet

Les avantages de la CAE sont pourtant nombreux, en offrant un cadre juridique et administratif qui permet de créer son activité, elle induit un CDI et une protection sociale, un service de gestion mutualisée mais aussi une couverture professionnelle et un accompagnement renforcé pour développer ses compétences. Un cadre à ne pas confondre avec celui des pépinières d’entreprises, comme le souligne Matthieu Chapuis, codirecteur général de Kanopé : « L’objectif d’une pépinière est la création d’une entreprise, le nôtre c’est de la créer et de rester dans la coopérative pour en être un associé ». Sécurisé et sécurisant, ce cadre est en effet le seul à offrir les mêmes droits aux indépendants que ceux des salariés.

Certains entrepreneurs-salariés sont là depuis 18 ans

De nouveaux profils

Une définition de l’entrepreneuriat collectif qui séduit de plus en plus d’Occitans et où une nouvelle population qui a fait son apparition depuis la crise sanitaire : « Le profil des gens qui nous rejoignent a changé, beaucoup viennent du milieu de la santé, du soin et du social. On a des infirmières, des aides-soignantes, quelques médecins, des éducateurs, on sent que pour ces secteurs d’activité le Covid n’a pas eu de bons effets ». Véritable reflet du monde du travail salarial, Kanopé en est souvent la suite et nombreux sont les nouveaux venus à avoir traversé un burn-out, à chercher du sens à leur emploi ou vouloir se reconvertir de façon sereine. Certains sont là depuis 18 ans, d’autres démarrent à peine et sur les branches de Kanopé poussent de nombreuses professions : des formateurs grâce à la certification Qualiopi, des coiffeurs, des psychologues, des artisans d’art, des traiteurs, des professeurs de yoga, des graphistes, des webmasters…

Un partenariat pour la garde d’enfants à domicile

Dans les Hautes-Pyrénées, Kanopé va un peu plus loin et s’est associée l’an dernier au GIP Politique de la Ville pour un projet innovant qui concerne les quartiers prioritaires de Tarbes : « Après une étude de la situation, il est ressorti qu’un des principaux freins à l’emploi était la garde des enfants », explique Matthieu Chapuis. Un constat qui allait de pair avec les difficultés des étudiants du même secteur pour trouver un « petit boulot ». Les données s’emboîtaient parfaitement et après l’obtention de subventions, Le GIP et Kanopé ont mis en place un partenariat afin que ces jeunes puissent assurer des gardes d’enfants à domicile pour les familles concernées : « Ce sont les subventions qui prennent en charge les salaires mais la CAE qui les verse. Nous allons plus loin puisque pour professionnaliser ces jeunes, nous leur assurons une formation où ils acquièrent quelques bases ».

Kanopé permet d’atteindre la cime de l’indépendance tout en assurant un matelas de sécurité en cas de tempête

Un espace test agricole inédit

Si Kanopé à vu le jour à Auch avant de s’étendre à Tarbes en 2014, il faut avouer que l’antenne du 65 est particulièrement active comme le démontre le tout nouveau projet qui occupe tous les esprits. Cette année, c’est avec la CAE Ferm’en Coop que l’innovation se prépare grâce à un partenariat rapproché qui réjouit le codirecteur : « L’idée, c’est d’avoir un espace test agricole mais pas que, ça peut également reconstituer des filières, permettre à des personnes qui sont aujourd’hui affiliées chez nous à la caisse primaire d’assurance maladie de basculer à la MSA. Les premières personnes seront accueillies en 2024 ». Un enrichissement avec les métiers agricoles qui comprend ceux liés à la transformation et ouvre déjà de belles perspectives. Avec un chiffre d’affaires de 2,6 millions d’euros, Kanopé participe pleinement au dynamisme économique du territoire, permet d’atteindre la cime de l’indépendance tout en assurant un matelas de sécurité en cas de tempête : que demander de plus.