Emmanuel Guillout le reconnaît, sans s’en excuser pour autant : ouvrir les portes de Corint Sud aux journalistes n’est pas vraiment dans ses habitudes. L’entreprise orthézienne, qu’il a créée en 1996, cultive la discrétion, préférant ne pas faire étalage de son expertise de niche peaufinée depuis près de 30 ans : la production de carton nid d’abeille (ou carton alvéolaire). « C’est une matière première que nous fournissons à nos clients pour différentes applications, dont la plus développée est la fabrication de portes. On la retrouve également dans les cloisons de plâtre, mais également depuis plus récemment dans les meubles », resitue Emmanuel Guillout, qui cite le géant suédois parmi ses clients, par ailleurs de plus en plus en nombreux. Une hausse suffisamment significative pour que Corint Sud, qui affiche 7 millions d’euros de chiffre d’affaires et emploie 19 personnes, investisse 3 millions d’euros dans une nouvelle unité de production.
Une alternative aux cales en polystyrène
Avec ce nouvel outil situé à deux kilomètres du siège, actuellement en phase de démarrage, Emmanuel Guillout espère prendre une longueur d’avance sur la concurrence. Le dirigeant vise une augmentation de la production de 30 % assumée par cinq salariés supplémentaires, afin de répondre à la demande notamment en ce qui concerne les cales d’emballage en nid d’abeille. La fabrication d’emballages industriels à partir de plaques alvéolaires transformées et découpées selon les besoins, l’autre activité de Corint Sud, y a en effet pris une place davantage importante ces quatre dernières années jusqu’à représenter un tiers du volume produit par l’entreprise. « Ce qui nous porte depuis la crise sanitaire est la conscience accrue de certaines entreprises, mais aussi des autorités, de la nécessité de sortir du plastique et du polystyrène », remarque-t-il, regrettant malgré tout « que cela ne bouge que maintenant » alors qu’il défend le carton comme alternative depuis ses débuts dans le domaine, en 1989.
Corint Sud, qui affiche 7 millions d’euros de chiffre d’affaires, investit 3 millions d’euros dans sa nouvelle unité de production
Dans le giron de Bulteau
Le chef d’entreprise aura ainsi attendu la fin de sa carrière pour se savoir entendu : d’ici la fin de l’année, à 65 ans, il fera valoir ses droits à la retraite. Dès lors, il observera à distance la progression de Corint Sud, entré dans le giron du groupe Bulteau, un distributeur et producteur de packaging industriel basé à Lille, il y a trois ans. Un développement qui, bien qu’il ne soit bientôt plus du ressort d’Emmanuel Guillout, s’annonce sous des auspices favorables selon ce dernier. « L’étape d’après serait d’aller ouvrir un autre établissement, au moins à 700 kilomètres d’Orthez », confie-t-il ainsi, arguant le coût du transport et son impact environnemental comme raison principale à une implantation bien au-delà des frontières béarnaises. Sans, pour autant, délaisser la maison mère qui à ce jour exporte 40 % de sa production, principalement en Espagne et au Portugal.
L’entreprise orthézienne exporte 40 % de sa production, principalement en Espagne et au Portugal.
Une aventure commencée à deux
En 1992, Emmanuel Guillout et son associé hollandais Waldo Schelhaas fondent Corint France. Leur première usine de fabrication de carton nid d’abeille voit le jour dans l’Yonne, à Saint-Julien-du-Sault. En 1996, les deux hommes implantent un second site à Orthez, en Béarn, pour sa proximité avec le bassin de Lacq en pleine revitalisation et, de fait, « la facilité d’y monter des financements ». L’objectif est alors de développer la production déjà effective de cartons alvéolaires mais également de lancer la fabrication d’emballages industriels à partir de cette matière première. Corint s’installe alors dans une partie des locaux des tissages Moutet, où elle se trouve toujours actuellement. En 2019, Emmanuel Guillout et Waldo Schelhaas ont cessé leur collaboration : le premier a conservé la manufacture d’Orthez, le second celle de l’Yonne (par ailleurs toujours nommée Corint France).
