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De l’eau chaude issue d’énergies renouvelables

Imaginé depuis 10 ans, le projet de création d’un réseau de chaleur urbain sur l’Agglomération d’Agen est désormais acté avec la signature d’un contrat entre la collectivité locale et le groupe français Idex, spécialiste des infrastructures énergétiques bas carbone. Il alimentera en eau chaude 53 bâtiments du territoire.

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C’est dans une ambiance digne d’un mariage qu’Idex et l’Agglomération d’Agen ont paraphé un contrat de délégation de service public qui unira les deux parties pour une durée de 24 ans ! Faisant référence à cette idée de mariage sur du long terme, le président de l’Agglomération d’Agen, Jean Dionis du Séjour, a rappelé que ce projet de près de 24 millions d’euros était l’un des plus importants du territoire de ces dernières années. Pensé depuis dix ans, il prévoit la mise en service, au 1er octobre 2025, d’un réseau de 15,8 km de long capable de livrer 41 GWh de chaleur par an issus d’un mix énergétique à 84 % d’origine renouvelable et locale (valorisation de la chaleur fatale issue de l’incinération des 25 000 tonnes de déchets non valorisés de l’Agglomération d’Agen couplé à une récupération de chaleur auprès d’industriels agenais et d’une chaufferie de secours biogaz). « Le premier objectif est écologique et nous permettra d’éviter l’émission de 7 400 tonnes de CO2 par an ! Ce futur réseau enregistrera une empreinte exceptionnellement basse de 48 gCO2/kWh, contre une moyenne nationale réseaux de 116 gCO2/kWh. Le deuxième objectif est économique avec une offre énergétique moins chère (le prix est estimé à 80 € HT/MWh) et plus stable », a expliqué Jean Dionis du Séjour.

L’enjeu de la décarbonation

Vainqueur de l’appel d’offres face à deux autres candidats, le groupe Idex sera en charge de la construction puis de l’exploitation du réseau. Fondé en France en 1963, le groupe compte plus de 6 100 collaborateurs et affiche un chiffre d’affaires de 2,3 milliards d’euros en 2023 ! Seul opérateur du marché verticalement intégré sur l’ensemble de la chaîne de valeur des énergies locales, Idex intervient de la production d’énergie thermique ou électrique à partir de ressources énergétiques locales et bas carbone (déchets, biomasse, géothermie, solaire), en passant par la distribution de cette énergie à travers les réseaux de chaleur et de froid jusqu’à l’optimisation de son usage final au sein des bâtiments industriels, résidentiels et tertiaires. « Nous avons une enveloppe de 1,7 milliard d’euros en 2023 pour renforcer notre présence sur les territoires et les aider à tenir leurs engagements de décarbonation. Le projet agenais, avec son objectif de réduction de 75 % de ses émissions de gaz à effet de serre d’ici à 2050, est l’un des plus importants de notre groupe. Il fait appel à toutes nos compétences », a souligné Benjamin Frémeaux, PDG d’Idex.

« Cette offre énergétique est moins chère et plus stable »

Côté technique

Techniquement, le réseau agenais sera équipé de deux tubes fonctionnant en aller-retour. Le premier (en aller) permettra le départ d’une eau chaude à 100 °C pour chauffer les bâtiments raccordés via des sous-stations qui viendront remplacer les chaudières à énergies fossiles existantes. Le second (en retour), permettra d’assurer la boucle en repartant vers l’échangeur pour se réchauffer et repartir dans le réseau primaire à nouveau. L’ensemble approvisionnera à terme 53 bâtiments (institutions, résidences, établissements scolaires) depuis les sites de production jusqu’aux communes d’Agen, du Passage et de Boé, soit l’équivalent de 4 000 logements qui seront raccordés.

© Agglomération Agen

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Chaleur produite par l’incinération des déchets

La chaleur sera produite par l’incinération des déchets ménagers depuis l’UVE (unité de valorisation énergétique SOGAD), via un échangeur puis un système de régulation. Elle proviendra aussi de l’usine Atemax (entreprise d’équarrissage située au Passage d’Agen, rive gauche de la Garonne) avec la récupération des buées dégagées (la chaleur fatale) lors du processus d’équarrissage. À ces deux sources de production de chaleur, le contrat prévoit une chaufferie de secours dans le secteur du stade Armandie alimentée au biogaz fourni depuis la centrale de méthanisation d’Astaffort, qui assurera la continuité du service pendant les périodes d’arrêt technique de l’incinérateur ou pendant les périodes de forts appels de puissance.

« 53 bâtiments seront approvisionnés, soit l’équivalent de 4 000 logements »

Vers un développement rive gauche

« On construit quelque chose de vivant qui pourra donc évoluer selon les besoins du territoire » ajoute Benjamin Frémeaux. Le projet prévoit ainsi une éventuelle extension du réseau de chaleur, principalement sur la rive gauche, avec le raccordement de la centrale énergétique du groupe Gozoki (agroalimentaire) installé à l’Agropole. Cette unité de production d’énergie à partir de déchets permettrait ainsi de raccorder 35 bâtiments avec 11 GWh d’énergie supplémentaire, tout en conservant un prix identique. Les travaux vont démarrer en avril 2024 et s’étendre sur 18 mois pour une mise en service programmée au 30 novembre 2025.