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Dordogne – Aurecco, des chiffres jusqu’au patrimoine

Nicolas Thibaud dirige le cabinet d’expertise-comptable Aurecco, présent à Périgueux et Bergerac. Il développe une activité de gestion de patrimoine, des audits et conseils qui vont au-delà des chiffres.

Nicolas Thibaud directeur du cabinet Aurecco

Nicolas Thibaud directeur du cabinet Aurecco © Loïc Mazalrey

En quittant KPMG à Bordeaux, alors qu’il était fraîchement diplômé, Nicolas Thibaud a d’abord créé un cabinet à Montpon-Ménestérol en 2003 avant de s’associer avec une consœur installée à Périgueux en 2004. Ainsi naît Aurecco. Il reprend un portefeuille à Bergerac en 2008 et travaille avec ces trois sites jusqu’en 2015, époque de départ à la retraite de son associée : il prend alors le site de Périgueux à 100 % et laisse celui de Montpon à son ex-épouse.

Aujourd’hui, il pilote une équipe de sept professionnels, plus un à deux stagiaires, répartie avec une activité équivalente sur les deux villes. Une salariée bergeracoise, qui termine son cursus d’expertise-comptable, pourrait s’investir dans un projet de croissance externe, selon les opportunités : reprise de cabinet ou création d’un bureau, dans un périmètre situé entre Marmande et Libourne. Le recrutement reste un souci constant dans ce secteur d’activité comme dans d’autres, « plus compliqué il y a encore quatre ans que maintenant », pondère celui qui reçoit de nouveau de belles candidatures, parfois locales.

OPTION GESTION DE PATRIMOINE

La particularité du cabinet de Périgueux, c’est la montée en puissance de dossiers parisiens. Le fruit d’une démarche volontariste autant que d’un concours de circonstances. « En 2010, j’ai voulu élargir mon champ de compétences et je suis parti me former pendant un an à l’université de Clermont-Ferrand tout en poursuivant mon activité. J’ai passé un diplôme de troisième cycle en gestion de patrimoine. » Sur son socle de chiffres, il assimile beaucoup de droit civil : organisation de la famille et droit successoral, mais aussi tout l’aspect financier pour les mécanismes de placement et de gestion de biens, contrats d’assurance vie, tontine, achat immobilier en démembrement, en nue-propriété, etc. « Ce que j’ai appris me sert aussi dans mon métier d’expert- comptable. Cela permet au dirigeant d’organiser sa relation juridique avec son entreprise, de savoir ce qu’elle va devenir s’il lui arrive quelque chose, comment il pourra la vendre ou la transmettre. Pour ceux qui dégagent une excellente trésorerie, il s’agit de placer ce qui reste souvent sur le compte courant. »

COMPLÉMENT GAGNANT

À l’occasion de sa formation, Nicolas Thibaud a rencontré des intervenants dans cette spécialité et a sympathisé avec l’un d’eux, basé à Paris. Pas d’interaction professionnelle pendant quatre ans, jusqu’à ce que ce dernier lui confie ses dossiers d’expertise-comptable et oriente vers Périgueux des clients en gestion de patrimoine, jusqu’à une vingtaine aujourd’hui.

Le recrutement reste un souci constant dans l’expertise-comptable, « plus compliqué il y a 4 ans que maintenant »

Pourquoi, alors qu’il était diplômé d’expertise-comptable et commissaire aux comptes, Nicolas Thibaud a-t-il éprouvé le besoin de s’ouvrir à ce nouvel horizon ? « Dans ma formation initiale, les aspects patrimoniaux n’étaient pas traités. En 2010, ce n’était pas forcément une suite logique, ça le devient pour beaucoup de confrères. Car cela permet de réfléchir avec nos clients : il y a toujours eu des liens entre patrimoine personnel et entreprise, mais le surcroît de travail sur l’activité professionnelle empêche de pousser jusqu’à la sphère privée. Or, un dirigeant évolue dans un environnement bien plus vaste, avec des interactions entre ses affaires et le reste. » Cela ouvre des possibilités pour l’activité d’expert- comptable, surtout pour une structure indépendante face à des cabinets plus structurés qui ont le temps de proposer et développer une offre. « Cela m’a permis de me démarquer, de personnaliser une prestation de proximité et à distance. Nous avons ainsi pu nous affirmer dans un contexte où les possibilités d’expression et de visibilité étaient encore très contraintes pour notre ordre. »

SORTIR DU CADRE

Il capitalise sur sa relation directe et de confiance avec ses clients là où des cabinets plus importants s’adjoignent cette spécialité en recrutant un personnel déjà formé. Nicolas Thibaud sort pourtant du cadre de sa clientèle habituelle pour s’ouvrir à d’autres profils et intégrer les particuliers, qui n’ont pas forcément le réflexe de s’adresser à cette corporation pour cela, mais sont orientés par un notaire, par exemple.

« Le développement de cette activité repose concrètement sur un audit de situation, une modélisation de possibilités. Cela peut conduire à une réorganisation et une structuration du patrimoine, en lien avec des avocats ou notaires pour réfléchir aux régimes matrimoniaux, à la création de société pour transmettre et éviter des indivisions. Il peut aussi s’agir de gestion immédiate selon la fiscalité, en travaillant sur l’origine des revenus ou des solutions de défiscalisation dans un cadre légal. »

SPÉCIALITÉ ET LARGE PANEL DE COMPÉTENCES

Si le rôle d’un expert-comptable n’est pas forcément repéré dans ce secteur où se côtoient de nombreux partenaires, il y a toute sa place, en proximité. « Mes contacts sont des indépendants qui travaillent avec diverses sources de proposition, c’est vrai pour les placements comme pour les solutions de défiscalisation. Une fois le diagnostic posé, on recherche les meilleurs outils, sans limite. » Sans enfermer le client dans un seul organisme, bancaire ou autre.

Les opérations immobilières peuvent se dérouler par- tout y compris localement : l’intérêt de bien connaître le terrain permet d’éviter certains investissements désastreux comme on a pu en voir sur des ensembles bâtis aux abords de Périgueux et Bergerac.

Le dirigeant d’Aurecco passe de plus en plus de temps sur ce qui était d’abord une activité pour se démarquer et lui permet désormais d’être plus performant dans le conseil, avec une approche globale et une diversification de sa clientèle, par exemple des résidents étrangers pour lesquels il va au-delà de démarches déclaratives. Ce volume d’activités représente autour de 7 % du chiffre d’affaires pour l’instant, « de la marge nette car je suis seul à travailler dessus sans besoin de moyens supplémentaires » ; c’est surtout un élément de conquête de nouveaux clients. Et Nicolas Thibaud pourrait, à terme, se concentrer sur cette spécialité patrimoniale.