C’est sur le site de la centrale photovoltaïque d’Oursbelille que Jean Chanéac, le directeur de la société d’économie mixte locale (SEML) Ha Py Énergies, nous accueille. 9 000 panneaux solaires ont été installés en rangs s’étendant sur plusieurs dizaines de mètres dans un champ captant de la commune sur lequel il est interdit de creuser. Cet important projet de la SEML a été mis en service en décembre dernier après 8 à 9 mois de travaux. La centrale enregistre en puissance maximale 5 mégawatts-crête, soit l’équivalent de 1 330 foyers et 2 700 personnes. Sous ces panneaux solaires, un onduleur convertit le courant continu en courant alternatif. Avant d’aller sur le réseau général, l’électricité passe par un transformateur où sa tension augmente de 1 000 volts à 20 000 volts.
Contrôle à distance
Dans la centrale photovoltaïque d’Oursbelille, tout est contrôlé à distance, seule une visite semestrielle est effectuée pour vérifier la performance électrique, tester les câbles et l’intensité de la tension. « Au quotidien, nous vérifions si quelque chose n’est pas normal grâce à nos capteurs présents sur le terrain. Nous corrélons l’ensoleillement et la température à la production électrique pour vérifier que tout fonctionne au mieux », explique dans le détail Jean Chanéac. Le directeur de la SEML a été mis à disposition par le Syndicat Départemental des Énergies (SDE) des Hautes-Pyrénées. Au total, deux personnes travaillent à temps plein pour la SEML.
Une SEM créée en 2020
La SEML Ha Py Énergies a été créée par délibération du conseil syndical du SDE des Hautes-Pyrénées le 7 février 2020. « Les élus ont décidé au niveau départemental avec le SDE de créer cette SEML pour avoir un outil d’investissement local car sinon ces projets sont portés par des entreprises privées quand la SEM œuvre, elle, pour le bien public », souligne Jean Chanéac. Cette société de droit privé a pour actionnaire principal le SDE 65.
Trois autres projets sont en travaux, mais nous devrions en faire plus
Son capital social de 2 millions d’euros a été apporté à 60 % par le SDE 65, à 25 % par le Département et à 15 % par le Crédit Agricole et la Caisse des dépôts et consignations. L’objectif derrière est d’investir dans des projets divers de production d’énergies renouvelables. Si, pour l’instant, la SEM n’a réalisé que des projets de photovoltaïque, elle étudie d’autres sources d’énergie comme la méthanisation ou la chaleur.
Nous sommes un outil d’investissement local
Une économie à trouver
La SEML Ha Py Énergies a plusieurs projets solaires déjà en place, avec trois grosses centrales au sol, deux ombrières sur des parkings, quatre toitures équipées de panneaux solaires et une petite centrale photovoltaïque au sol. « Trois autres projets sont en travaux, avec une autre grosse centrale au sol et deux petites, mais nous devrions en faire plus à l’avenir », vient compléter Jean Chanéac. Les projets sont menés sur des terrains inutilisables, comme d’anciennes décharges ou des gravières, et sur des terrains déjà urbanisés comme les parkings sur lesquels sont installées des ombrières. « Il faut d’abord identifier le terrain et, ensuite, viennent les démarches administratives. La centrale d’Oursbelille a mis 10 ans à sortir. En général, nous mettons plutôt 4 ans », remarque Jean Chanéac. Sur les plus grosses centrales photovoltaïques au sol comme celle d’Oursbelille, l’électricité produite est revendue sur le marché à un prix garanti par l’État pendant 20 ans : « Nous vendons l’énergie produite 0,7 centime le kilowatt, mais, nous n’avons pas la maîtrise de ce que devient notre électricité, c’est un marché spéculatif ». Ce type de projet peut bénéficier d’un complément de rémunération en répondant à un appel d’offres de l’État.
D’autres voies
Pour les projets de moindre envergure, la SEML a cherché un autre modèle économique. « Les projets plus petits ne répondent pas à cet appel d’offres. Pour ces derniers, nous sommes partenaires avec Enercoop qui nous rachète l’électricité à un tarif plus élevé et la revend à ses clients à son vrai prix. C’est de l’énergie militante », témoigne le directeur de la SEML Ha Py Énergies. Trois projets menés en partenariat avec Enercoop sont déjà finis ou en travaux, à Rabastens-de-Bigorre, à Bordères et à Agos-Vidalos. Sur trois autres projets, les demandes d’autorisations sont en cours. Pour certains projets, comme la centrale d’Oroix et celle de Bours, la société a aussi fait appel à du financement citoyen.